BAL MASQUÉ DES PASSIONS
27 mai 2021 par vincent
Braver la fougue des contestations, défiances engagées devant l’émergence de nouvelles générations. Faire de la révolution une affirmation sur un million de divers fronts. Pas nécessairement pour entonner nos revendications personnelles, mais dans l’objectif de prouver que nous existons, là ici-bas.
J’ai essayé de nager vers la surface, je voulais respirer le même air qu’elles.
Exister c’est payer, payer chaque émotion facturée, l’offre et la demande en seront assurées. Exaspéré et tourmenté par ces amours tarifés, j’aimerais m’en évader, m’en extirper et savourer l’extase d’une galipette, sensuelle amourette non tarifée.
Supplices millésimés d’amères larmes, figé par elle, je ne léchais encore que de sombres flammes. Tourments satinés de jolies femmes, je ne caresse qu’une esquisse de drames. Automédication par de l’émotionnelle scarification, c’est comme si mes sentiments parcouraient un millier de champs minés, où mon cœur s’est fait mutiler inlassablement. Le glas résonne dans mon âme à travers les charmes, inatteignables, de cette jeune et jolie dame, poison vénal, poison fatal, la lame à double tranchant de cette jeune femme en est la triste trame.
Envie de mourir, envie de toiser ces furieux verbes de la violence et des excès. Jouissance à travers ma souffrance, unique vestige palpable des émotions qui me sont accessibles. M’immoler dans ce brasier avec résilience, d’une nonchalance limite déstabilisante aux yeux des vivants. Le vent lacère mes globes oculaires, mon saignement lacrymal devient une profonde éjaculation.
Envie de brûler, envie d’embrasser l’abîme, provocateur dans cette douce démence lorsque je caresse ce glacial néant, purgatoire frigorifique des sentiments déchus. Sans la présence étincelante de la somptueuse déesse, ma belle promesse de l’excellence, elle a la jouvence de toutes les intrigantes. Elle a la beauté fraîche légère et parfumée, elle symbole d’innocence, sensuelle indolence. Tous mes sentiments s’égarent dans un labyrinthe de contredanses, tous, tous azimuts, perdus au bal des contre-sens. Baiser de l’insolence, brasier de l’intolérance.
Plaisirs de sa chair, fraîche et parfumée d’innocence. Plaisirs de sa chair, ivresses et confusions, perfusion dans tous mes sens. Plaisirs de sa chair, immolé par ma faiblesse. Plaisirs de sa chair, troublé par la tendresse et l’insolence de sa beauté foudroyante. Plaisirs de sa chair, mon Dieu, plaisirs de sa couche charnelle si sensuelle. Plaisirs de sa chair, je me résous à incliner mes prières, à endeuiller mes pensées et faire taire mes belles promesses. Plaisirs de sa chair, au plaisir de lui déplaire, elle qui est quintessence alors que je ne reste que poussière d’espérances.
Au cœur de mon âme, il y a cette petite lueur, celle en péril sur un fil qui se fane.
Prisonnier de ‘la’ distance entre cette délicieuse princesse et mon apparente déchéance. Elle ne me verra autrement que vision d’apocalypse. Mon cœur lui confesse, en courbant l’échine telle une éclipse, mélancolie et résilience. Alors qu’elle incarne l’église de mes solstices, alors qu’elle est la sulfureuse prêtresse de mes désirs, qu’elle embrasse et qu’elle embrase mes prières de l’érotisme, prières à leurs paroxysmes. Je me laisse, je m’oublie et je me meurs dans cette danse des offenses.
Mon être vacille face à la magnificence de cette fille, je contemple sentimentalement la finesse de ses mains d’argile, ses petites mains de fée, des mimines de pianiste. Pourtant j’ai conscience que cette jolie fée sera l’emblème d’une orgie festive où les péchés ne sont qu’un savoureux dessert. Ma jolie pianiste va orchestrer les requêtes les plus désolantes, les plus navrantes et déshumanisantes. Volonté des rustres friqués pour qui elles ne seront que des jouets momentanés. Ma belle fée toute immaculée de splendeur et de beauté, par ces messieurs qui facturent et qui ont organisé les buffets, ma jolie princesse va y être détériorée. Dégueulassée par ces apollons parce qu’ils payent, parce qu’ils existent et que je n’existe pas. Ils la souilleront sans état d’âme, pendant que mes larmes asphyxieront ma flamme.
Pour elle rien n’est différent, elle ne connait que la vie de consommatrice, habituée à jouer la transaction des achats compulsifs.
Plaisirs de sa chair, sa robe laisse transpirer son décolleté. Elle dévoile indirectement dans une démarche d’intrigante sulfureuse, pour ces messieurs, la légèreté de ses seins. Subjugué par sa fraîcheur, doux plaisirs de sa chair, douloureuse résiliation frustrative. Je dévore du regard et dans mes rêves cette intimité dénudée, exposée à un large public, cette parcelle de grâce féminine à la sensuelle fraîcheur exquise.
Oh mon Dieu, j’aimerais m’extirper furtivement de l’existence pour aller me jeter dans les abysses du Styx un fragment de temps. M’engouffrer dans des flammes dominatrices et punir mon être et mes désirs. Je ne suis pas de votre monde, je suis une abstraction de blasphème, une hérésie suffocatrice. Je dois éviter encore et encore l’invitation de la folie, cette chute vertigineuse dans les méandres neurasthéniques du lapin blanc. Ne pas encore et encore perdre ma raison, comme à chaque déconfinement de siècle, avec elle mais sans elle.
Au cœur de mon âme, il y a cette petite lueur, celle en péril sur un fil qui se fane.
L’enfer reste et demeure, encore et encore, ce fade mais machiavélique monastère. Je maudis de toutes mes entrailles ce diabolique rosaire. De toutes mes tripes je gerbe sur ces sataniques codes sociétaires, ceux-là mêmes qui me jugent d’être ce gueux pamphlétaire au lieu d’être un cœur en mesure de lui plaire, à elle, ma chère ma tendre jouvencelle, ma jolie promesse de l’excellence. Elle n’est qu’à deux centimètres de mes ailes, et pourtant il y a un millier d’océans et d’univers qui me séparent d’elle, ma chère et tendre désirée déesse.
Bien que ce désert ne soit qu’un charmant chaos commercialisé, cette foire n’est qu’un violent brasier où la déchéance a posé son langoureux baiser. Carnaval désabusé, bal masqué d’un monde aux passions désenchantées.
J’ai essayé de nager vers la surface, je voulais respirer le même air qu’elles. Brûlé par leur soleil, j’ai tutoyé les dagues et les bassesses de leur surface. Sans elles je m’y suis cramé les ailes. Avec ailes et sans elles, ici-bas, tout se passe et s’y trépasse.
Plaisirs de sa chair, plaisir solitaire. Plaisirs de sa chair, vision éphémère. L’instant de grâce devient moments de schlass. Je retourne à traquer ces maux-dits ‘amours’ tarifés.
Au cœur de ma triste âme, il y a cette légère lueur, celle qui en péril sur un fil s’éteint et s’y fane.