Explications…
3 juin 2007 écrit par vincent
LE FROID DE LA LAME
Il est deux heures cinq du matin, Vendredi soir. Je rentre de mon périple nocturne et beaucoup de réflexions m’assaillent, comme si de l’acide sulfurique à puissance dix faisait le grand huit dans mon âme.
Il y a une heure à peine avant de rentrer chez moi, j’ai attendu le tramway en compagnie d’un groupe de jeunes qui s’amusaient avec le distributeur de tickets. Parmi eux se trouvait une jeune fille (probablement de mon âge) au look sombre, comme le personnage d’Abby dans la série « N.C.I.S. » mais en encore plus jolie, avec une peau si claire et douce, des yeux captivants… et l’envie en moi de l’aborder, sympathiser, pour au final, un jour la prendre dans mes bras, me tourmente. Cela me ronge à l’intérieur de ne pas être à la hauteur, mais d’être aussi suffisamment cool pour qu’elle daigne m’adresser la parole. Il y a sûrement pire, elle n’est peut-être pas seule dans son quotidien, ou bien que ma vue l’exècre qu’il puisse être imaginable de m’avoir pour compagnie… Mais c’est ainsi, elle a poursuivi sa route et moi la mienne – d’ailleurs quand on est montés ensemble dans le tram, elle est vite allée s’éloigner de ma présence dégoûtante – c’est douloureux et fataliste.
Ainsi ce résume ma destinée : être une ombre sur cette planète… Un fantôme qui erre seul dans les rues de la ville et croise des visages en dix minutes chronos, qui disparaissent de mon chemin mais restent gravés dans mon esprit. Ces visages instantanés deviennent à leurs tours des fantômes hantant mon passé. Ainsi l’existence a une définition : lacérations destructrices.
Surtout que je viens à l’instant de perdre une « conquête » insoumise et défectueuse. Cette autre fille m’a froidement snobé et jeté comme un banal bombardement Américain nocturne pendant la guerre du Golfe : Dégâts considérables. Ces visages que je croise dans mes errances sont un des facteurs déclencheur à vouloir impressionner par l’écriture, et mon univers fabriqué maison, ces filles magnifiques aperçues en dix minutes.
Le premier facteur enclenche le second, comme un transfert, celui d’impressionner les stars Hollywoodiennes. Cela a toujours été un objectif essentiel. Bien sur quelques actrices attirent mon attention, par exemple, Lisa Kudrow, Thora Birch ou encore Scarlett Johanson (sans l’excès de maquillage « blush » pour les publicités l’Oréal). En France aussi il y a Ludivine Sagnier, Juliette Binoche et la transition entre les deux pays est symbolisée par Kristtin Scott Thomas.
Mais c’est plutôt l’attention des acteurs et réalisateurs masculins que je cherche à attirer vers moi. Par approbation patriarcale sans doute, mais aussi par estime de leurs travaux qui ont perfectionné le mien…Probablement, à vrai dire je n’en sais rien, je ne saurais l’expliquer… C’est ainsi point. Cela m’empêche de songer au suicide, qui me hante depuis ma plus tendre enfance, bafouée avec les gosses, les gens, les professionnels des médias et du sérail du cinéma, qui pour le premier te trucident parce que tu ne corresponds pas au moule, le second t’enferment en te détruisant le cerveau et conditionnent ce que tu dois faire de ta vie. Sans compter qu’ils te jettent et te refusent ailleurs car tu ne resteras à jamais que le « sale schizo ». Certains commentaires de voisinage m’affirment que moi (et tous les anciens internés) sont sous surveillance. Cela expliquerait pourquoi je dois justifier ma liberté tous les trois ans alors que les banlieusards foutent le feu à des bagnoles et glandent toute la journée.
Ils se lamentent sur leur sort mais observez les HLM près de chez moi : à toutes les fenêtres il y a une parabole pour recevoir la télé câblée.
Le troisième te crucifie d’avance et te censure car tu fais tâche dans le paysage. Cela ne les empêche pas de me copier froidement et je ne peux rien dire car leurs avocats sont des pitbulls enragés, et je ne peux donner le change. Quant au sérail du cinéma, ils se sont moqués de moi et m’ont fusillés pour l’exemple car un minable de ma ridicule stature ne peut fréquenter les plus grands, comme je ne suis rien et que je n’ai pas d’argent à leur donner, je ne suis pas fréquentable.
Ce qui m’amène à songer à la mort, le suicide me hante de façon récurrente. L’écriture est, quand à elle, salvatrice. En ce qui me concerne en tous cas ! J’ai commencé par une petite histoire, début Janvier 98, sur une tueuse à gages amourachée d’un voisin paumé, triste et solitaire. Je l’écrivais à des heures tardives en écoutant en boucle des chansons de « Daft Punk ». Ensuite est apparu « Pita King », première grande histoire dont l’écriture a duré 4 ans. Elle est fictive mais basée sur un décor réel qui a été depuis rasé. J’y ai travaillé deux étés consécutifs, c’est pour cela que je suis précis dans les passages où les personnages sont en plein feu sur les horaires de pointe. Ce scénar a traversé l’HP et les blocages géographiques, en passant par les amitiés perdues d’Aurélien, et l’amour destructeur que j’éprouve encore pour Audrey.
Puis rupture, trop de souffrances personnelles… Jusqu’à l’écriture de « Section 19 ». J’écrivais les scènes en étant persuadé que je ne pourrais pas terminer cette histoire seul. Mais voilà, 5 ans plus tard je l’ai construite tout seul et elle est sur ce site. Cette histoire m’a replongé dans l’univers glauque de la psychiatrie et m’a donné goût à la violence avec l’émeute ou les manifs.
Après j’ai écrit des critiques de films, le questionnaire pour Dicaprio et la série descriptive de photos imaginaires, baptisée « Repent Day ». Tout cela en m’imprégnant d’une idéologie méthodique et de la présentation, car, lorsque j’écris un texte ou un scénar, je deviens ce que j’écris. C’est sans doute pour cela qu’il me tient à cœur de les mener à bien. J’utilise la technique de Daniel Day Lewis inconsciemment. C’est très destructeur mais j’ai la sensation que le travail est le plus complet possible.
Entre temps, j’ai rédigé une histoire sur le Christ et une autre sur des SDF, cette dernière, ainsi que « Pita King » je les ai sauvées de l’oubli pour ce site.
Puis ensuite j’ai enchaîné sur l’écriture de mes textes. Sorte de journal intime sur une année où j’ai fait un premier bilan de ces 25 ans passés sur terre. Il s’agit aussi de confessions détaillées pour immortaliser mes blessures dissimulées mais toujours vivaces. Ces textes sont très variés dans la forme narrative : soit les reportages au cœur de systèmes généralement méconnus de la plupart des gens, soit l’autobiographie, une lettre ouverte, des portraits, ou bien encore une existence rêvée, inventée dans les moindres détails. Ce texte est si cher à mon cœur que j’ai écrit une adaptation scénaristique de ce rêve que, naturellement, j’aspire à vivre. Il est comme un making of, un DVD bonus vu de l’intérieur, sur la réalisation de ma « Section 19 » avec Brad Pitt et Dicaprio en têtes d’affiches. Pour ce nouveau scénario, j’ai anticipé tout le déroulement évolutif d’un film Hollywoodien, sans jamais l’avoir vécu de près, en passant par la direction d’acteurs, les interviews etc…
Ce scénario, et le texte qui l’a inspiré, sont les produits de bonus dans les DVD, ainsi que les interviews, conférences de presse et passages télés. Sans oublier les instants de complicité de ceux que j’observais, pour des promos de leurs films respectifs, depuis longtemps sans pouvoir bouger un cil car je ne suis rien pour Brad Pitt et Dicaprio. Ce scénar s’appelle « Salvation ». Je l’ai fait en plus d’une semaine, intensément. Il est avant tout un cri d’affection véritable poussé à son paroxysme. Si il pouvait tomber dans les mains de Brad Pitt et Dicaprio et qu’ils le lisent, qu’ils puissent être touchés par moi, eux qui ont été les plus présents dans ma vie tourmentée. Notamment quand j’étais enfermé chez moi et que j’étais une loque qui ne songeait qu’au suicide. Eux m’évadaient de cette torture qu’est ma vie et souvent ils m’ont indirectement tenus à bout de bras, ils m’ont maintenus en vie, ils m’ont apporté du souffle dans mes poumons.
Aujourd’hui, j’ai regardé un reportage sur Brad Pitt et Dicaprio. Les rapaces de journalistes étalaient les disputes de couple entre Brad et Angelina Jolie, et ils ébruitaient avec un mégaphone un soi-disant mariage à trois avec le frère de Jolie…Quel ramassis de conneries bordel, et après, on me dit que je suis pas qualifié pour être ami avec lui. Et avoir voulu travailler avec lui, quel crime infâme pour cette foutue société de merde !… Crucifixion.
Ensuite on nous montre Dicaprio qui milite à travers le monde pour l’écologie, ce que je trouve noble, mais il est débordé entre les tournages, l’activisme, ses tournées promos. Comment pourrait-il avoir du temps à passer en ma compagnie ? Ben oui, qu’ai-je de spécial au fond pour qu’il puisse accepter l’idée d’une amitié entre lui et moi ? Qu’ai-je de spécial ? Je suis fauché, ne m’appelle pas Spielberg ou Scorsese… Crucifixion.
J’ai peur qu’ils me jettent par désintérêt ou mépris comme l’ont fait les Tom Cruise, Kevin Spacey et Marilyn Manson. Ça, c’est le comble de mon nihilisme dévastateur, j’ai effrayé le mec qui fait peur à toute la planète. Ces trois derniers je les aient perdus, soit. Mais putain de bordel, pas Brad Pitt et Dicaprio, merde ! J’ai peur qu’ils partagent les mêmes sentiments… Crucifixion.
Malheureusement pour moi, ils ont leur staff ultras sécurisé. Une sorte d’armée des ombres prête à me tuer froidement et sans pitié car je ne représente rien en termes de bénéfices, de stock-options démentielles. Ils sont autour d’eux et surveillent que les intrus de mon espèce ne perturbent pas l’image publique de leurs clients, sans qui ils ne sont rien à vrai dire….
Alors qu’en fait, il faut savoir ce que pensent Brad Pitt et Dicaprio eux-mêmes. Seront-ils différents des précédents et surtout changeront-ils le rythme si fataliste et habituel de la machine marketing Hollywoodienne. Seront-ils ouverts d’esprit face à moi qui leur hurle si fort mon admiration et mon affection… L’entendront-ils et surtout l’écouteront-ils ?
Même en étant nihiliste j’ai hurlé à travers mon écriture. Quand j’écris je suis seul face à ma feuille blanche, avec la radio pour compagnie. Je m’adresse à mes oreilles Hollywoodiennes rêvées, au système social dans sa globalité, à l’état également. C’est comme si pour les deux derniers je répondais à leurs attaques avec le fusil Kalachnikov qu’est mon stylo – j’écris toujours avec un stylo avant de rédiger sur l’ordinateur – et pour Brad Pitt et Dicaprio, c’est comme si je leur envoyais un e-mail.
Vous qui êtes chez vous en train de surfer sur le net et qui me lisez, parlez en autour de vous pour qu’un jour peut-être je puisse exister, que l’on sache les douleurs de mon parcours. Je voudrais que cela reste dans les mémoires, même lorsque je ne serai plus de ce monde. Peut-être que vos bouches à oreilles atteindront Brad Pitt et Dicaprio, ainsi que cette fille du tramway. Puissiez vous être tous touchés par ce « nihiliste » et changer ainsi le cours des choses….
Vincent Blénet