fiction : portrait de Marilyn Manson au Hellfest !
25 juin 2015 par vincent
HELLFEST
L’Antéchrist revient des enfers avec un nouvel album aux sonorités blues et reversant, c’est à l’occasion de son passage au Hellfest durant son the hell not Hallelujah tour que j’ai pu rencontrer le Révérend Gothique. Artiste délicat et bienveillant malgré les fastes vestimentaires qui choque les âmes conformistes, il s’est confié en toute décontraction alors que nous avons visités les entrailles de ce Hellfest où l’excès côtoie la communion.
Manson me serre la main, celle-ci arbore des bagues chromées singulières « avez-vous songé à prévoir une assurance vie, une Bible et un chapelet ? Assister à nos messes Faith métal où je dois prêcher la version condensée et enflammée des cantiques où l’Archange Saint Michel décrasse les enfoirés des Sept Pêchers évangéliques à coup de glaive javellisé, ça secoue les limites linéaires des festivaliers. En tant que entertainer Gothique je dois incendier l’assistance désabusée par mes psaumes Faith métal surtout le Hellfest, quitte à ce que les policiers antiémeutes évacuent le festival avec le miracle de la multiplication des grenades lacrymogènes. C’est une sacrée purification Tibétaine dans la vallée de la mort à l’Arma-goddamn-motherfucking-geddon. CNN et Fox News vont se gaver de coke et diverse drogues suite à un taux explosif d’audimat, l’Amérique Républicaine conformiste va ressusciter Charlton Heston rebâtira le temple marketing des fanatiques avec des bons de réductions familiales pour un fusil acheté, une mitraillette offerte pour descendre tes voisins comme ça le marché économique des armes se relève de ses cendres et j’aurai chanté mon disque Holy Wood pour rien. Chuck Norris va pouvoir nous abrutir avec les louanges de sa country médiévale au cœur de son église de pèquenots Texans avant d’organiser une battue de damnés, ils stigmatisent médiatiquement des jeunes Gothique pour les culpabiliser et ils se vautrent dans leurs kermesse carnavalesque en brûlant mes disques comme un fantasme d’inquisition à Salem. Affronter un remake de la tragédie de Columbine me serait un cataclysme, j’ai pas spécialement le désir que l’Archange Saint Michel me botte le cul à coup de Psaumes cloutés, j’y ai déjà eu droit dans mes tournées sulfureuse de 1997 » plaisante t il.
Manson et moi-même flânons au sein du festival Les festivaliers sont déchaînés « J’ai toujours essayé de travailler en dehors des règles établies et j’ai toujours essayé de dire et de faire ce qui me semblait bon. Mais j’ai pratiqué de façon différente cette fois-ci. Au lieu de me battre contre la politique et la religion existante, j’ai créé, dans mon art, une politique et une religion. Tout ce que j’ai réalisé jusqu’à présent peut être considéré comme une bataille pour conquérir et surmonter divers éléments de mon passé ou du monde actuel. Je n’essaie en aucun cas d’être un héros américain ou Bruce Springsteen : je n’écris ni les louanges de l’Amérique ni de chansons protestataires. Je dis simplement que les concepts et la politique de votre guerre ne m’intéressent pas. Sur tous mes disques, et en particulier Antéchrist Superstar qui m’a fait connaître au grand public, vivre comme si demain n’existait pas peut générer les meilleurs résultats. Il ne s’agit pas d’être irresponsable, mais simplement de ne pas avoir peur de s’impliquer dans des choses dont on ne maîtrise pas les conséquences. Et, à moins de l’être soi-même, ce n’est ni malveillant ni nocif. Certains considèrent que je constitue un danger ou une menace à l’éducation de leurs enfants ou à leur morale religieuse » m’explique-t-il.
Nous observons le ballet déchaîné des festivaliers entre eux et face à la scène, Manson sourit et les signes avec ses mains baguées « je crois que les exorcistes vont rappliquer en masse, que d’évangélisations à coup de réformes Bibliques strictes les ont démangés à la messe du dimanche. Leurs rosaires est plein de désirs purgatoires, les exorcistes n’ont de repos que lorsqu’ils éjaculent en rythme cadencé face aux mécréants boutonneux (quelques jeunes déjà ivres traverse devant Manson qui esquisse un sourire) Alléluia motherfuckers, le Baptiste a réglé sa fréquence radio sur le Hellfest, les Rachetés vont swinguer aux cadence Faith métal et les Cieux vont communier à nos évangiles sulfureux. Le Banquet de Cana va flinguer les motherfucking dîners mondains Politiques, buvez l’eau Sainte du Baptiste qui va flanquer le karcher hydraulique du Jourdain sur vos tronches alcooliques. Ghetto Dracula motherfuckers » sourit il.
L’écho des guitares résonne jusqu’aux horizons de Clisson « Dans un sens, la façon dont la musique peut-être tournée en mode et traitée par les médias, MTV et les maisons de disques. Comme ce que le punk-rock est devenu aujourd’hui avec Sum 41 ou Avril Lavigne – contre lesquels je n’ai aucune animosité particulière. L’industrie du disque prend toutes ces choses et essaie de créer un mouvement autour, en prétendant que c’est underground ou en demandant l’aide de réalisateurs très chers qui font croire que les clips sont fait à peu de frais. Cette chanson est un commentaire sur cet état de fait et une façon de rire de ce ridicule. Mais, avant tout, c’est un morceau qui s’inspire de la réaction de beaucoup de gens envers ceux qui ont un niveau de notoriété établi et qui leur demandent souvent : «Mais contre quoi êtes-vous encore en colère ? Vous avez de l’argent, une maison et la belle vie !» C’est le fait de reprocher à un artiste de faire carrière sur son agressivité, ce dans quoi je ne me reconnais pas forcément. La colère n’est pas exactement au centre de mon travail mais j’admets que ce que je fais ou dis fera toujours partie intégrante de ma personnalité, quoi qu’il advienne. Ça me plaît autant que ça me déplaît, mais j’ai appris à faire avec et ce n’est pas un défaut. Je peux faire une chute et la transformer en quelque chose que d’autres apprécient. Ce n’est pas de la violence gratuite. C’est ne pas se soucier de qui écoute ta musique : simplement savoir que si tu l’aimes, c’est qu’elle est de qualité. Et savoir que je n’ai pas plus besoin de pourvoir aux goûts de mes fans que de censurer ce que les gens rejettent. Tant que je fournis aux gens ce qu’ils attendent de Marilyn Manson, ils me soutiennent. Je suis donc moi-même obligatoirement un fan de mon travail. Et si je réalise quelque chose qui me plaît, je sais que ça rendra mes fans heureux parce que j’ai l’impression de faire partie d’eux et parce que rien ne serait possible sans leur aval. Je veux qu’ils fassent partie du mouvement autant que moi et je veux qu’ils aient le même plaisir à écouter ce disque que celui que j’ai eu à le faire. Plus que jamais pour cet album. Beaucoup de personnes perçoivent aujourd’hui ma personnalité comme étant positive ou plus joyeuse qu’auparavant. J’imagine que c’est en partie vrai mais ça ne veut pas dire que j’ai changé d’opinions pour autant. Ça signifie que je suis satisfait » souffle t il.
Nous sommes au stand librairie. Manson lit quelques quatrièmes de couvertures par ci et là. Concernant son nouvel opus, il me confesse les raisons et les influences de ce disque et même sa Résurrection Artistique « Oui, c’est une renaissance en quelque sorte. J’ai l’impression d’être revenu en arrière avec des sonorités musicales différentes que je n’avais jamais chantées auparavant. C’est probablement dû à l’influence de Tyler Bates qui compose beaucoup pour le cinéma. Sa musique se mêle au dialogue. Nous étions comme deux serpents enlacés, lui travaillant autour de ma voix. On s’est tout de suite bien entendu. On n’a pas eu besoin de parler de l’orientation du disque, c’est venu naturellement. Le premier jour il a branché sa guitare et moi mon micro et on a démarré avec un rythme simple, c’est comme ça que tout a commencé. Bien sûr, par la suite on a arrangé les morceaux. Mais la plupart ont été réalisés en une prise. Quand le résultat ne nous plaisait pas, ou qu’un de nous faisait une erreur on recommençait tout depuis le début. La guitare et la voix ont été enregistrées en même temps pour chaque chanson. Je me suis inspiré d’Antonin Artaud, l’un des écrivains les plus sérieux. Sa biographie du jeune empereur romain Héliogabale, le premier à avoir nié l’existence du Christ, m’a beaucoup influencé. Il n’a cessé de remettre en cause les dogmes, faisant couler beaucoup de sang lorsqu’il était au pouvoir. Il cherchait le chaos et le désordre. C’est en retombant sur le livre Héliogabale ou l’anarchiste couronné,?offert par mon meilleur ami Johnny Depp en 2000, que le titre de l’album m’est venu. Le jour où j’ai enregistré Méphistophélès of Los Angeles j’ai su qu’Héliogabale allait devenir le héros de mon nouveau disque. D’un côté, il y a effectivement le fait de prendre la couronne. D’un autre côté, son teint pâle, et son nom, me collent bien à la peau. Moi, j’ai vendu mon âme au diable pour devenir une rock star et cet album est une manière de payer ma dette envers lui » avoue t il.
Nous voyons quelques ouvrages sur les origines culturelles du mouvement métal « chanter mes évangiles de Faith métal n’est pas que pour des adolescents boutonneux blancs lorsque j’ai relaté le mot racisme. Mais j’ai apprécié ce moment où l’espace d’un instant, j’ai eu l’impression d’être un professeur d’étymologie. Ce que j’en pense, c’est qu’aujourd’hui, en tant que personne blanche, il n’y a aucun mot qui est offensants. Et si l’on utilise parfois des mots à caractère raciste, ce n’est pas forcément avec le sens qu’on veut leur donner. Si tu ne le dis pas avec méchanceté, ça devient raciste que lorsqu’on donne du pouvoir au mot. Si tu secoues le sac de lettres du Scrabble et que ça forme un mot ambigu, est-ce que ça fait de toi un raciste ? Non. C’est ce que je pensais quand j’ai dit que le racisme était en fait « un mot fabriqué ». Maintenant, les personnes victimes de racisme, un racisme créé par la télé dans le but de la controverse, ne sont pas celles qu’on croit. Ce sont souvent les chaînes de télé blanches qui s’offusquent de telles choses. C’est tellement stupide de tout généraliser. On peut dire de moi que je suis misogyne, c’est peut-être vrai, parfois, mais quand tu rencontres des gens dans la rue, que tu ne fais que les saluer, qu’est ce que tu en sais ? C’est la différence entre moi sur scène et moi en dehors. En dehors, je ne parle qu’à des gens que je connais. Sur scène, je n’ai pas encore rencontré ces gens. Et je chante pour ces gens que je ne connais pas encore. Je ne comprends pas comment on peut juger ou être jugé par quelqu’un qu’on ne connaît pas. Je n’ai pas peur d’être jugé Si c’est le cas, je prendrai le marteau de la justice pour frapper à son tour celui qui m’a jugé. Tout simplement » dit-il.
Durant notre balade, en sortant du stand, nous croisons quelques fanatiques catholiques qui protestent la Bible en main « ghetto Dracula représente mes frères, que serait l’attrait aguicheur du Hellfest sans contestataires religieux pour nous exorciser en plein cantiques Faith métal. Toutes ces campagnes publicitaires effrayantes des fameux wall of death ne sont que pénibles souvenirs à présent ! Un exorcisme et ça repart de plus belle, cependant je confesse qu’il vous faut des recharges Energizers afin de tout sanctifier, ce festival est réputé dans le monde et il y a pas mal d’excités qui vont confondre le vin Rédempteur avec leurs alcools démesurés et si tous sont torchés avec le sang du Christ, ça pose un problème de taille pour baptiser chaque infidèles. Certes vous avez déjà du en baver avec les petits jeunes tous alcoolos, il est d’une clarté qu’il me sera difficile d’identifier celui qui va me sniper avec une bouteille de bière en plein visage. Néanmoins auriez vous une édition actuelle des Rosaires exorcistes parce que j’ai une messe pour ce soir et je dois purifier tous les désaxés en transes (les intégristes se signent avec effroi avant de scander des prières en latin) ah c’est génial ceux-ci, pouvez vous articuler s’il vous plait car il faut que je note les détails et que j’adopte l’attitude de approprié car tout se joue dans l’intonation, si elle est convaincante c’est crédible. Le Révérend Gothique du ghetto Dracula va étendre ses ailes pour l’Arma-goddamn-motherfucking-geddon collectif, je n’aurais qu’à faire un doigt au pasteur le dimanche à l’église pour redémarrer ma carrière, controverse garantie » lance Manson.
Un prêtre Dominicain – Frère Régis – rejoint Manson en back stage, ensembles ils relisent les nouveaux lyrics de l’Artiste afin de les rendre plus ésotériques. Manson se confit « J’ai pris conscience que beaucoup de gens que je rencontre aime bien ma personnalité mais pas le type de musique que je fais, ou, à l’inverse, aime bien la musique mais pas le message, ou l’esthétique ou n’apprécie tout simplement pas être fan de qui que ce soit. Il y a toujours quelque chose qui m’empêche d’atteindre autant de gens que je le souhaiterais. Ce qui ne veut pas dire pour autant que j’aimerais faire quelque chose que tout le monde apprécie, ça ne servirait à rien puisque dès que tout le monde aime quelque chose, on peut être sûr que c’est de mauvais goût, ou feint, ou que ce n’est pas apprécié pour les bonnes raisons. Les choses exceptionnelles se mesurent toujours par le degré d’amour et de haine qu’elles déclenchent. Tout le monde a une forme de timidité et je ne suis pas complètement immunisé. Je crois que ça a un peu changé depuis un an en travaillant avec de nouvelles têtes, en m’attaquant à de nouveaux défis. J’ai inversé mon rythme de vie, avant même de devoir le faire pour Sons of Anarchy. Mes amis m’ont dit : “Comment ça se fait que tu sois réveillé à midi ?” Il fallait un changement pour ne pas être pris au piège dans des habitudes. Un peu comme Faust, j’ai fait un pacte avec moi-même quand j’ai débuté et il était temps de m’en acquitter avec cet album. Je voulais faire une œuvre intrigante, qui donne envie d’en savoir plus. Quand l’album a été fini, mon père a fait le trajet en voiture de l’Ohio à la Californie pour disperser les cendres de ma mère sur la Route 66, sans savoir que c’était un lieu emblématique du blues. Là, j’ai compris que tout ceci avait un sens. Une sorte d’instinct primitif. Mon père ne m’a rien appris d’autre que d’être un sniper dès l’âge de 7 ans et de me faire craindre par tous ceux qui travaillaient pour ou avec moi. Voilà mon éducation de base. Ensuite, j’ai surtout été élevé par ma mère. Je me souviens d’un jour où elle a pointé son arme sur des gamins de 12 ans qui me pourchassaient après l’école. C’est peut-être l’un de mes meilleurs souvenirs d’elle… Elle est décédée au printemps dernier, le jour de la fête des mères. Je n’ai jamais supporté qu’on fasse du mal à une femme. Ça me rend un peu macho. Les seules fois où je me suis battu, c’était pour protéger une fille. J’ai renoué avec Billy Corgan récemment. On s’était brouillés depuis des années à cause de son opinion sur une fille avec qui j’étais. Il m’avait écrit une lettre à la main pour me dire que c’était une mauvaise idée. C’était génial de retrouver cet ami, de prendre conscience qu’il avait juste essayé de me protéger. J’ai un genre de code moral, que certains peuvent trouver amoral, selon lequel il faut toujours accepter qui tu es et, si quiconque veut t’en empêcher ou faire du mal à tes proches, tu dois les défendre. Mais pas de façon idiote, comme j’ai pu le faire par le passé » me dit il.
J’accompagne le Révérend et un de ses amis – Touch – dans la pizzeria officielle du Hellfest, je peut y lire la pizza Manson au menu « ne soyons pas cannibales, je vais me commander la pizza d’un Artiste plus soft car il ne me faut pas de maux d’estomacs face au public sinon ça la fout mal ! Mais bon graphiquement je suis réglé » plaisante t il en me montrant ses tatouages ténébreux « ça serait un putain de gâchis chô, toutes les heures de stylismes sur ton bras chô » ajoute Touch. Il ajoute « J’étais sans doute arrivé à un carrefour de mon existence, beaucoup de choses ont changé pour moi la semaine où j’ai commencé l’enregistrement de l’album. J’ai emménagé dans une nouvelle maison, ça ne m’était pas arrivé depuis des années. Avant ma vie tenait dans une valise. J’ai aussi commencé à enregistrer en journée. Généralement, il était inimaginable pour moi d’aller en studio avant 2 heures du matin, je pensais que je travaillais mieux la nuit. J’étais convaincu que la musique de cirque qui résonnait dans ma tête à ce moment était le moteur de ma créativité et que c’était là que j’arrivais le mieux à matérialiser mes idées. Pour cet album, j’étais en pleine possession de mes moyens, j’ai remplacé l’absinthe par le cannabis et la vodka. L’absinthe est une bonne source d’inspiration, mais il m’était plus difficile de faire ressortir mes idées comme je voulais. Ces changements ont sûrement contribué à l’atmosphère du disque mais je ne peux pas l’attribuer exclusivement à cela. Les derniers événements que j’ai connus dans ma vie doivent aussi être pour quelque chose dans ce nouveau style. J’ai appris une chose à propos du blues, c’est que tu ne peux pas vraiment l’expliquer, c’est assez obscur et flou, ce n’est pas que le côté fanfaron des Doors ou des Rolling Stones. Le blues est également une façon de raconter une histoire. La chanson du musicien devient aussi celle de l’auditeur qui se l’approprie en même temps. Tous deux ont leur interprétation et chacun va entendre sa propre histoire. Une même chanson peut parler de mon père, d’une fille, ou même de quelque chose qui n’a rien à voir avec moi, ce n’est ça qui fait le blues. Je suis à la fois le serpent… et le charmeur de serpent » dit-il.
Quelques instants avant sa performance, A propos des cicatrices du Rock’n Roll « C’est tout un procédé. Je détestais le rock’n’roll quand j’ai commencé. C’était la période de transition entre le grunge et un cortège de groupes que j’avais rebaptisé rock ordinariste, car tout le monde voulait ressembler au même mec en chemise en flanelle, à Pearl Jam qui luttait contre Ticket master et à toute cette merde. Nirvana étaient différents. C’est l’un des groupes que j’ai couvert en premier quand j’étais journaliste. J’avais même crée le mot « grunge » dans un article de Bleach. Ne me remerciez pas, c’était cadeau. J’ai toujours été fan de The Doors et si tu t’attardes un peu sur l’histoire du rock’n’roll —d’Elvis à Jim Morrison— tu t’aperçois que rien n’a changé, c’est toujours la même chose. Je suis fier d’être né en 1969 car c’est la première année où un disque a été accusé de violence, le White Album des Beatles. Charles Manson était en première page du magazine LIFE. Altamont concluait tragiquement le Summer Of Love à cause des Hell’s Angels. On était vraiment à un tournant de l’histoire. Voilà mon background et je n’ai pas l’impression que grand chose ait évolué depuis. Tu peux changer de look autant de fois que tu veux, ça ne fera rien bouger, je déteste les gens qui prétendent être ce qu’ils ne sont pas. Venant de moi, ça peut paraître abusé, avec ma licorne et mon rouge à lèvre, d’ailleurs si tu veux me mettre un pain, vas-y. Ce ne sera pas la première fois que ça m’arrive, je suis un mec à l’ancienne, je ne suis pas un cyber-warrior. Et si tu veux en terminer avec les haters d’internet ? Eteins simplement ton ordi » lance Manson.
Concernant la tuerie du lycée de Littleton, il reste marqué mais va de l’avant « Colombine a été une sale époque en effet, ma carrière a été brisée pour quelque chose que je n’ai pas fait. Les gens ont si peur de ce que ma musique peut provoquer. Pourtant, je ne ferais jamais une chose pareille. Ils ne font pas la différence entre la part artistique et ma façon de penser. Les actes guidés par la bêtise ou l’ignorance n’ont pas de crédit à mes yeux. À la limite, les psychopathes me questionnent parce qu’ils sont emportés par une passion. Je me suis pris des coups à l’école mais j’ai survécu. Je n’avais pas assez confiance en moi, j’ai changé depuis. Mozart s’était déjà heurté à la religion, il avait fait polémique en créant le triton. À l’époque, l’Église catholique avait essayé de supprimer cet intervalle de tons considérant que ces sonorités avaient quelque chose de diabolique. Il faut prendre du recul. Si ces problèmes sont apparus si tôt, ça ne peut pas simplement être dû qu’au XXe siècle, à l’Amérique, aux politiques. Les Chrétiens essayent de trouver un bouc émissaire. Ils cherchent un coupable dans la musique, simplement parce qu’elle éloigne leurs fidèles. Il y a quelque chose dans la musique qui brise les barrières de la religion, la musique te fait penser différemment. Les Chrétiens ont raison de dire que c’est la musique du diable, ça l’est pour eux. Certaines musiques détournent les gens de la religion. J’ai découvert en analysant ma voix que j’avais une tessiture de 5 octaves alors que la tessiture moyenne est de 2. C’est déjà très rare de pouvoir couvrir 3 octaves. Lorsqu’on m’a présenté mes fréquences vocales sous forme d’un diagramme en croix, mes résultats formaient une sorte d’étoile. Une tessiture normale reste généralement concentrée au milieu du diagramme. Je n’y croyais pas, je pensais qu’on se moquait de moi. Je ne sais pas à quoi c’est dû. Mais mon but en tant qu’artiste, c’est de leur mettre des idées dans la tête, pas de les écouter. Il y a toujours des choses qui m’énervent. J’ai grandi en voulant devenir une rock star, j’ai choisi d’être le meilleur, je ne veux pas me contenter d’être bon. On peut toujours s’améliorer, je ne suis jamais satisfait de mon travail » explique Manson avant de trinquer avec ses amis.
Puis je m’aperçois que bien d’encre a couler pour atténuer le travail Artistique de toute une existence. Avec ce Hellfest, Manson est relevé de ses cendres, son écriture en est renforcé et son charisme n’a nulle égal, il atteint perdure la Foi bien après sa reprise de Pesonnal Jesus.