Rencontre de Printemps avec un écrivain…
14 août 2018 par vincent
Interview avec l’écrivain Vincent Blénet, alias « l’Archimandrite Ténébreux », entre deux écritures de son prochain livre « Cieux FM »…
Dieu, la religion, le bien et le mal :
L’Esprit n’est pas dans la contrainte du temps. Lorsque tu prie tu récites à voix haute mais personne ne t’entend. Qu’est-ce qui comptes le plus : faire le bien ou appliquer les règles? La religion est là pour aider l’homme et non le contraire. Un moment de Foi est un moment de joie, de partage… Jésus le dit lui-même : la Loi de Dieu est vivante, elle ne doit pas rester « pierre-morte ». Les hommes ont idéalisés la pierre en tant que pierre car Dieu l’avait frôlée. Or ce qui compte, c’est le réceptacle de la Loi. C’est la même chose avec les stars. Julia Roberts, Georges Clooney, avant d’être des « stars », ils étaient des embryons de merdes comme nous tous… C’est le diable, le « Sheitan » qui dort dans notre ‘Moi’ intérieur, qui dans notre société nous fait croire qu’ils sont puissants… mais c’est du vent. Si la tentation se présentait à nous avec un masque de laideur, nous resterions sur nos gardes. Si la tentation se présente à nous innocemment nous pouvons tomber dans de nombreux pièges et le regretter amèrement. Le cinéma est le culte de l’apparence. La mode est le culte de maîtriser l’apparence. D’un certain côté, les responsables religieux qui définissent le bien et le mal pour les foules ont un orgueil et une vanité indiscutable. Qui sont-ils pour juger de ce qui est bon ou mal. Ils semblent ignorer que parfois même le mal peut faite du bien. Par exemple, le fait de mettre Jésus à mort, à permis à celui-ci de ressusciter et de manifester ainsi la puissance de son Père. Pendant la Révolution Française, les pauvres ont obtenus des droits, bien que ce ne ce soit pas fait sans violence. Une parole peut blesser quelqu’un qui nous en voudra. Mais cette parole peut l’empêcher de faire du mal. En mourant, ma grand-mère m’a permis de devenir plus autonome, plus adulte alors que la perdre a été très douloureux pour moi. En résumé, à vouloir trop bien faire, on finit par mal faire les choses. A l’inverse, vouloir aider peut aussi nous conduire à commettre indirectement le mal. Si on se met à aider dans un bar ou un restaurant sans être salarié, la loi peut se retourner contre le patron. Quelqu’un qui serait anti-dogme pourra être sauvé d’une secte dans laquelle il aurait pu tomber s’il était friand de dogmes. Cela n’enlève pas que parfois il y a un bien qu’on aurait du faire et qu’on ne fait pas. Cela peut faire souffrir. Dans mon cas, cela m’a fait souffrir dans le champ de l’amitié.
Amour, sentiments et sexualité :
La fidélité pour moi est un concept abstrait. Pour moi la fidélité revient un peu à posséder la personne. Si une fille était ma partenaire, je ne lui en voudrais pas d’aller à droite à gauche du moment que l’on continue à se voir. Le dogme de la fidélité se rattache à un culte de l’appartenance. J’oublie la romance car cela m’a bousillé. Baiser pour me vider, je l’ai déjà fait avec des prostituées. On doit faire les choses et partir, cela ne correspond pas à ce que je cherche. Moi, j’ai besoin de tendresse, prendre la fille dans les bras, lui caresser le visage, sentir son visage. Sentir sa peau, son corps sous la paume de mes mains. Je n’ai jamais fait l’amour de manière normale. Je n’ai pas « découvert » ma partenaire. Je ne suis pas vierge physiquement mais je suis « vierge sentimentalement ». J’aimerais sentir que je suis en elle, que « tout est relié ». J’aimerais sentir que l’on est conjugué. Je touche ses formes, je sens ses formes. Elle est assez en confiance pour me révéler son intimité, pour s’offrir à moi physiquement et intellectuellement. Les formes et les cheveux, je crois que c’est ce qui me touche le plus. Les mecs qui sont dans le vulgaire veulent presser le corps d’une femme. Moi je voudrais faire les choses avec tendresse. Par rapport à ce que je vois dans les films pornographiques -dans lesquels les hommes giflent souvent le corps des femmes- moi je veux au contraire mettre de la tendresse et de la poésie. Embrasser sa joue, goûter ses lèvres. Si elle était en soutif je voudrais effleurer son corps. La sexualité impose que l’on prenne son temps. Elle n’est pas faite que pour procréer. C’est la découverte du corps. On découvre l’anatomie de soi et de l’autre. On découvre les possibilités et les limites du corps l’un de l’autre. Ce n’est pas un acte de péché, sinon Dieu ne l’aurait pas créé. Si le sexe n’existait pas, il n’y aurait aucun humain sur la surface de la terre. Quand on se branle, on n’a pas besoin de cours. C’est instinctif. Cela fait partie de l’anatomie de l’homme qui a été ainsi créé par Dieu. Cela fait partie de la construction de l’homme par Dieu. Au fond cela fait partie de l’Evolution et de la Création. Il faut dire aussi que le sexe est une addiction. Sans pécher de sexe, il existe d’autres addictions…
L’addiction de l’ego, de la vanité, du paraître… Tout est propice à l’addiction… Baiser une fille que l’on apprécie ce n’est pas se situer contre Dieu. Si j’ai parfois envie d’aller à droite ou à gauche ce n’est pas pour ne pas respecter la fille. La plupart des personnes ont trop de facilité à avoir des expériences. Moi je n’ai pas envie de m’afficher, de montrer la personne avec qui je sors comme on affiche un trophée. La douceur, dessiner avec les mains les courbes. La plupart des hommes aiment la pipe et la sodomie. Dans ces pratiques il y a un côté dominateur. On ne peut pas voir le visage de la personne. Or, le corps de la femme est ainsi fait. Ses seins et son visage sont devant, c’est pour que nous puissions communiquer, dialoguer. Il y a tellement de filles et de mecs qui s’exploitent et se traitent vulgairement comme des objets, parfois à but lucratifs ou autres désirs de popularités. Moi, c’est vrai que je suis en manque de contacts charnels et sensuels. Lorsque je vais au Polygone, je me rince l’œil. Oui, je l’assume, c’est pourquoi j’en ironise, notamment en ayant rebaptisé la galerie marchande par ‘Polygaulle’… Quand je vois certaines vendeuses qui sont très belles, ou lorsque je vois les mains de filles très délicates dans le tram, je suis émerveillée par la beauté et la fragilité des filles. Ce qui est beau également, c’est de dormir ensemble. C’est vrai que l’amitié compte beaucoup pour moi. Le côté amicale me semble réunir tous les avantages sans en avoir les inconvénients. C’est une manière de garder le contact avec la personne. Je donne un exemple. Une fille canon, strip-teaseuse, est sur le point d’être larguée par son mec – rencontré dans un bar – car il ne supporte plus qu’elle continue de se montrer à d’autres. C’est cela qui révèle la fidélité comme culte de possession. Je n’aurais pas du tout réagi comme lui à sa place. Je n’en aurais jamais voulu à cette fille de continuer le métier qu’elle aime. Je serai plutôt fier pour elle…
Les émotions, positives et négatives :
J’ai perdu mes joies, mes souvenirs. Je suis vidé dans ma tête. Je finis par devenir glacial. Il m’arrive de me dire : « Ne pas parler aux gens, rester distant, voire très méfiant ». J’aimerais être délicat et protéger une fille. Mais en même temps, j’aimerais qu’une fille prenne les devants, qu’elle vienne vers moi pour me protéger. C’est le « talon d’Achille du Monstre ». Quelqu’un de très fragile pourrait très bien -paradoxalement – me protéger. J’ai 50% Bisounours, 50% monstre en moi. La partie monstrueuse et assoiffée de violence en moi est répulsive. Lorsque je fais un Câlin, cela nourrit l’estime de soi, la confiance en soit, on se sent exister et faire partie du décor. On oublie que l’on souffre dans ces moments. L’abandon a été très dur pour moi. C’est comme si j’avais été consommé et jeté.
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Entretien rédigé par l’Abbé Paul Bénézit en 2016, alors que Vincent Blénet poursuivait l’écriture de son Douzième ouvrage intitulé « Cieux FM » paru en 2017, aux éditions de « La Compagnie Littéraire »…