PARADIS HÉRÉTIQUE
20 jan 2020 par vincent
« Nul homme ne sait, tant qu’il n’a pas souffert de la nuit, à quel point l’aube peut être chère et douce au cœur. » Bram Stoker
La famine crée l’angoisse et fracture la vaillance de la pudeur. Elle déstabilise les émotions et dévaste la raison. La famine est l’épouse de la violence, elle se sert de la tentation et des frustrations pour empoisonner le cœur du condamné. Une fois qu’on a chuté dans le piège, on est la première victime de soi-même lorsqu’on succombe à l’ivresse de l’autodestruction. On n’est pas apte à pouvoir pleurer les cendres du carnage, ni à compter la lignée de tombeaux qu’on a fait éclore, par mégarde, d’une innocente souffrance qui ne fût jamais prise en compte. Il nous faudra traverser l’orage des Enfers pour arriver à percevoir la dramaturgie des choses et entendre la conscience nous révéler avec lucidité le listing de nos fautes accablantes mais impossible à ignorer. Les mensonges élèvent les paroisses et les cantiques orchestrent la chorale de l’hypocrisie ecclésiastique. L’air est emmuré dans nos peurs, l’oxygène de l’Aube fragilise nos ailes et nous jonglons avec allégresse entre nos pleurs et l’amertume d’un épuisement dépressif. Le paradis est un jardin d’hérétiques qui fleurit d’âmes maléfiques, malsaines, machiavéliques, meurtrières ou encore des âmes vicieuses qui ne savent parler qu’à travers des verbes opportunistes et ambitieux…
L’amour a décidément assassiné chaque ange vertueux. Perdre tout espoir n’est qu’une issue salutaire. L’éternité nous a trahis. En nous invitant aux excès du sang et des festivités de l’enfer, nous avons trouvé un moyen de pouvoir nous oxygéner et subvenir à maintenir le trafic de douleurs qui bouillonne en nos veines. C’est en observant ces démones sulfureuses et sublimes que nous avons encore le désir d’exister. Je rêve de danser dans les flammes de cette fille, je rêve de caresser ses rêves à elle… Mais le parfum de la Vie est réservé exclusivement aux hérétiques et aux milliers de menteurs. L’amour est un mensonge, l’amour est une souffrance, l’amour est un sentiment de mort lentement honteuse. Le paradis n’est que dérisoire, il est mon arrêt de mort dévastateur. J’ai beau hurler la vertueuse jouissance du baiser sensuellement érotique avec cette demoiselle de la perdition éternelle dans mes pensées et mes prières désireuses d’amours charnels. Dieu n’a que faire de moi, il n’entendra rien d’autre que le son de sa gloire. Dieu aime regarder le narcissisme jovial du soleil, lequel est habitué à flatter son Éternelle majesté pour grappiller quelques miettes et louer un placement, le plus V.I.P possible, dans le royaume des Cieux. Depuis des millénaires nous devons resquiller la messe. Nous nous faufilons dans la foire distrayante des brasiers du royaume des ombres où nous avons un brin de rigolade et un petit instant où nous oublions l’apocalypse de notre immortalité. En Enfer je peux enfin rêver à elle et je peux m’assoupir dans le cabaret où elle danse avec frivolité insolente. En Enfer je peux croire qu’il est possible de faire l’amour avec elle, je peux enfin croire qu’elle peut faire l’amour avec moi sans demander si j’ai de quoi payer son visage souriant qui me regarde. En Enfer je pense que j’ai le droit d’avoir un peu de vie, mais au paradis je sais que je ne suis qu’une poussière d’esclave, dont l’obéissance est soumise envers ceux qui punissent mes sentiments…
Suis-je esclave ? Suis-je aguerri ? Suis-je plus fort ? Suis-je bête de croire pour être dupé à la ruse de l’émotionnel ?…
Si le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point, alors il est aussi vrai que le baiser envoûtant des Ténèbres soit accordé par Dieu lui-même à ses anges déchus. Des anges déchirés par amour et bouleversés par le sang contaminé de la Vie. Tel un réconfort de mort. Le calice des princes est une gifle glacée du Ciel envers la croix sur le Mont Golgotha. Un crucifix qui s’enflamme dans la folie et l’hérésie. Dans l’abnégation absolue des psaumes je crois au déclin démocratique du Ciel et j’écris le poème révolté du blasphème. Si la Croix pleurait de sanguine le Pardon de Dieu, l’enfer accueillit ceux que le Ciel a défaits dans l’agonie complète. Dieu ne cessa de nier ses gestes et ses actes. Bien des êtres célestes et autres créatures de la Nuit ont embrassés langoureusement les Ténèbres pour traverser les enfers. Les rivières du Styx ont en pèlerinage de nombreux randonneurs en quête d’un instant de paix, loin des tumultes à l’excès des Cieux. Allons tous ensemble en Enfer chercher un peu d’eau pour hydrater nos maux de douceurs existentielles…
Passer l’éternité à déposer des chrysanthèmes, compter les siècles à travers la démence de chaque seconde. Traverser l’immortalité en ayant un pied dans la tombe, recycler l’air cloîtré dans le cercueil pour respirer. Décrire les éclipses et peindre l’apocalypse en me perdant dans les charmes et les flammes de cette fille. Mes ailes vacillent d’envies, elles frémissent de désirs sulfureux. Mes ailes sont troublées par un paradoxe où se conjuguent la jouissance et la souffrance. Mourir à travers soi-même, laisser la mélodie neurasthénique atteindre l’esprit, succomber à ses émotions et répondre à ses excès. Fuir les prières et chercher exil en Enfer afin de pouvoir respirer quelques instants. Oublier d’être l’esclave des Dieux et apaiser mon âme chez les anges blasphématoires d’en bas, juste le temps de vivre dans un songe où j’imagine faire l’amour avec ma belle Déesse de l’enfer éternel…
Suis-je esclave ? Suis-je aguerri ? Suis-je plus fort ? Suis-je bête de croire pour être duper à la ruse de l’émotionnel ?…
Enlacer le feu, jouer avec les flammes. Embrasser avec sensualité le brasier de l’hérésie, galocher avec sadisme le souffre du bûcher. Danser avec les fantômes et remuer la marque sanguine de mes plaies. JOUIR dans l’embrasement des peurs et devenir son propre cauchemar d’enfance. Masturber ses angoisses et baiser furieusement avec la folie. Exorciser la souffrance, dépecer la terreur, se badigeonner le visage avec l’Apocalypse, effrayer Madame Démence et grandir dans sa propre sentence. Se faire peur à soi-même à travers son propre décès, toiser l’infernal inquisiteur par sa prose névrotique. S’apercevoir qu’on est parvenu à être la hantise de ses propres Diables. Subjuguer la dépravation en léchant ses cicatrices, tout juste scarifiées à vif. Embrasser la demoiselle dépressive et surprendre son passé. Alors que les insolents valsent gaiement dans l’idiocratie, l’enfer a basculé, l’enfer a vacillé. Croquemitaine de la défiance, cloîtré dans un cercueil carcéral. D’une enivrante colère, j’ai craché sur ce lointain linceul satiné, celui d’un exil au-delà des barrières frontalières des Enfers. Privé des joyaux de l’insouciance, j’aime vous effrayer avec insolence, j’aime martyriser vos somnolences avec effronterie & effervescence…
L’enfant traumatisé aux rêves brisés, l’enfant violé par vos pires reflets. L’enfant terrorisé, traumatisé & dévoré par ses blessures, est à présent l’inquisiteur attitré. Nul exil n’est permis. Je suis condamné à être cloîtré dans ce brasier enjoué des vanités. Ne point m’aventurer au-delà des frontières d’un ‘enfer’. Un ‘enfer’ où ma fratrie & moi-même porterons le deuil.
« Je l’aimais et pas pour la façon dont elle dansait avec les anges mais je l’aimais pour la façon dont l’unique entente de son nom pouvait faire taire mes démons. » Christopher Poindexter
« Aimer la Vie car ici-bas les Désirs sont assassins. Ils tuent sans répit ni vergogne et tu es forcé d’acheter ton humanité. Aimer vivre pour mieux être carbonisé par les flammes au lieu d’être caressé par des femmes. Aimer vivre alors que la joie merveilleuse de toucher la délicatesse d’une peau féminine se monnaye et devient une facture exorbitante, réservé aux habitués du luxe. Aimer vivre pour constater que l’humanité se reproduira en éprouvettes sur Internet par facturation #metoo. Aimer Vivre pour assimiler que la richesse est à la beauté ce que la laideur est à la précarité. Aimer la Vie pour encenser les tricheurs, vénérer les meurtriers et blâmer les tourmentés. Aimer la Vie pour ne jamais rêver car les rêves sont de pures démences, s’y abandonner c’est signer son internement. Aimer la Vie pour apprendre que ta voix ne compte pas, et même si tu peux aller loin des regards sans bruit ça les arrange bien. Aimer Vivre pour s’apercevoir que ce monde n’est qu’une fosse sceptique dépravée, un fossoyeur débauché qui nous conduira dans la Chute vertigineuse. Aimer la Vie pour s’apercevoir que notre existence n’est pas plus capitale qu’une action boursière. Aimer la Vie parce que sinon nous irons périr ensemble en Enfer. Aimer Vivre car la Peur attise le deuil. Pour aimer la Vie et survivre, il m’a fallu mourir et m’éteindre cent fois. Alors que vivre c’est payant, alors que mourir c’est gratuit, boire le désespoir c’est tout ce que tu peux avoir. Vivre c’est illusoire, dérisoire, sauf si tu en achète des avoirs. »
Chère Pauline : « Observer celle qu’on aime du plus profond de son être et voir qu’elle s’émerveille dans les bras d’un autre. Comprendre qu’elle se fiche éperdument de mon cœur qui verse quelques larmes amères. Mon âme pleure pour elle, le monde peut-être à la fête, tout peut basculer dans un brasier apocalyptique, cela m’est égal parce que je l’aime « Elle ». Parmi ce bal incandescent, dans les cendres de ce carnaval abyssal, mon cœur danse avec insolence dans mes pleurs encore et toujours pour elle. Elle pour qui je ne suis que poussière et néant dérisoire. »
Superbe plume et bien que la lecture soit longue elle n’est pas fastidieuse.
Pour moi une belle découverte que cet auteur de proses poétiques.
À lire et à relire sans modération.