http//PASSIONS.COM (mort sûre d’amours)
12 juin 2020 par vincent
Le chaos appelle à l’ordre, le désastre se conjugue à la désespérance, le sang attise les excès. Et pourtant, malgré l’évolution darwinienne, malgré les prouesses technologiques, l’humain est et restera un misérable cancer pathétique qui n’est rien d’autre qu’une nuisance malfaisante à l’égard de la vie. J’ai contemplé l’éternité, j’ai observé la décadence des siècles, et malgré l’amour de Dieu, malgré le sacrifice du Fils, l’humanité n’est qu’une illustration de l’hostilité à tous égards. Le sang excite les profits, il frétille l’envie de truander son prochain afin d’exploiter sa victime désignée pour mieux la dominer, ou la corrompre. Les cloches chantent l’amertume et les flammes dansent avec l’insolence. Les cendres poussiéreuses embrassent les croix calcinées par l’hérésie de chaque génération maudite.
Pas de frayeur ni de pleurs, le chaos égaye la fureur.
Avec le temps qui va, il suit le cours de la rivière mais il estompe difficilement les cicatrices. Elles, elles sont tenaces, elles ont la peau dure. Je confesse aimer jouer avec les brasiers de la folie, j’aime jongler avec les allumettes de la vengeance. J’ai l’ivresse de renifler l’étreinte des fureurs et de fredonner la passion des exaltés. J’orchestre avec récurrence la violence qui consume mes entrailles et qui enflamme mon auréole. Mes ailes ressassent avec complaisance la Traviata d’une sombre colère autodestructrice. Elles vacillent en opulence avec la rancœur. J’ai l’attaque incisive et l’accusation féroce. Mes yeux d’immortel sont embrasés, alimentés par un passé dont j’ai du mal à me détacher. Je ne peux respirer de la compassion ici-bas et demeure égaré dans les méandres neurasthéniques du labyrinthe du Créateur. Là où je couche avec le confinement dans les cercles de l’enfer éternel, là où j’embrasse la mélancolie dépressive des limbes chaotiques du néant, je suis conscient que Dieu est effrayé par mes pensées. Mais je me divertis avec ce que cette précarité moderne m’a laissé à manger. Et si la haine est devenue un vestige, une icône adulée par des âmes vicieuses et bafouées, alors pourquoi dois-je aimer ceux qui l’ont refusé ? Je joue encore et encore avec les brasiers, je m’amuse à terrifier les arrogants qui croisent mon immortalité. Ils sont le produit marchandise star d’un monde corrompu, j’en suis la propriété, l’esclave de leurs offenses passionnées.
Quoiqu’il advienne, j’ai vu bien des éternités faner et tenter d’essayer de repeindre la monstruosité des vivants à travers les cendres calcinées de chaque siècle empoisonné par la flamboyante décadence. Le progrès ne cessera pas de succomber à l’irrésistible baiser passionnel d’une hérétique signature damnatoire, la sentence glacée d’âmes sacrifiées rédigée de sanguine sur le pacte des perditions éternelles. J’ai vu les cycles danser avec obédience vers la Chute vertigineuse. J’ai vu tant d’âmes choisir avec timidité de suivre les voies de l’enfermement criminel où l’unique talion exige d’exécuter les opposants. Les charmes des femmes attisent l’intensité de flammes désenchantées où s’inscrivent les promesses mensongères d’un Éden virtuel. J’ai vu le désir m’entraîner à embrasser les couloirs infernaux, là où je me suis laissé perdre à travers l’ivresse provocatrice suicidaire d’une insolence ostentatoires et agressifs. J’ai respiré le parfum du chaos, je l’ai invité à prendre possession de ma raison, je l’ai accepté par amour obsessionnel. Une romance fanatique envers celles qui ont écrit ces attrayantes cicatrices mal recousues ornant mon misérable cœur brûlé. J’ai observé un trafic offensant de cantiques détournés par la corruption des paroisses, l’ecclésiaste bénéficiaire alléché par le gain matérialiste lui assurant un règne factice et politique. J’ai vu les prières s’agenouiller sur le velours des Ténèbres, j’ai regardé les prières condamner les ombres, toutes apeurées par l’incessante menace du bûcher les toiser froidement avec suffisance irrévérencieuse. Égaré dans un énigmatique enfer dépravé, isolé par une apocalypse dépressive, je contemple le déclin des siècles chuter l’un après l’autre dans un opéra de regrets, lesquels seront tourmentés par la culpabilité génocidaire une fois le blasphème achevé. J’ai vu l’éternité recycler l’odeur du sang et le nectar du souffre afin de souiller les portes du Ciel. J’ai vu Dieu pleurer discrètement sur chaque mise en terre de la vie, celle qui l’a trahi par égoïsme. La disgrâce embrasse l’orgueil en silence, le venin dévaste la lumière qui en trépasse avec résilience.
Pas de frayeur ni de pleurs, le chaos égaye la fureur.
Découvrir l’onctuosité des plaisirs est une aventure si pure. Pourtant quelques vers rongés par le vice se sont immiscés sournoisement, ils ont inoculé de la putréfaction au cœur de la vertueuse recherche évolutive des sensations sensorielles humaines. L’innocence semble avoir été corrompue et bafouée par les stratagèmes lucratifs de l’ère marchande, laquelle vient à chaque milieu de siècle, juste au moment où la Vie commençait à refaire surface. La chute guida l’orgueil des hommes vers un enfer dépravé, renouvelé à chaque cycle d’époque par le modernisme contemporain de son architecture spirituelle. En bas j’entends les âmes s’égosiller d’agonie, tourmentées par la sentence appliquée, dans un récital de souffrances symphoniques. Alors je poursuis lentement ma traversée dans les brasiers, je vadrouille avec un calme quasi glaçant alors que l’horreur s’exerce autour de moi, mes ailes caressent les flammes du châtiment sans éveiller mon cœur. Je regarde le ballet des cendres enlacer avec fougue les croix calcinées, alors qu’un reliquat de feu embrasse les restes des crucifix tombés pour garantir la stabilité des royaumes immortels, ignorant mes frères ailés tous décédés sur le front céleste, au seuil des tranchées frontalières de ce que l’existence a pu qualifier de bien et de mal.
J’ai traversé divers enfers afin de te plaire. Bien des chandeliers se sont consumés dans le silence et l’absence. Nombreuses furent les prières qui se sont évanouies pour disparaître dans la résilience, elles se sont désistées de l’espérance. J’ai vu l’enfer éternel séduire chaque tourterelle dans l’allégeance d’un chaos timide, je les ai regardées s’allonger avec allégresse dans les draps de soie, rougeâtres d’une infinie perdition. Les flammes masquèrent le soleil avec nonchalance, la lumière s’éteindra dans l’insouciance d’une folle insolence, teintée d’arrogance. L’éternité se mourra sans indulgence au profit de la bêtise. Je marcherai encore et encore au milieu des croix en feu et des tombeaux oubliés, perdu dans le cendrier qu’était la vie. Je respire l’odeur de la peur, je la ressens omniprésente autour de moi et à travers moi, mes ailes en frémissent. La terreur se couche, elle se prélasse dans mon âme. Parfois c’est après avoir couché aveuglément avec la mort que nous avons le désir intense et fougueux d’embrasser passionnément la vie. Traverser les deuils, galocher furieusement les excès et tutoyer la folie colérique, cela nous vaccine et nous pousse à désirer inspirer massivement de l’oxygène apaisant.
Pas de frayeur ni de pleurs, le chaos égaye la fureur.
Bien des siècles ont enlacé les déchirures du passé. Bien des époques ont enflammé des brasiers politisés. Bien des solstices ont embrassé les stigmates d’un monde trépassé. Les millénaires sont jonchés de cimetières aux fleurs fanées, dont chaque statue affiche un regard brisé. Le Ciel et l’enfer comptent les âmes déclinées.
R.I.P. Georges Floyd
Lorsque l’amour t’a délaissé, qu’il t’a méprisé avec une gifle glacée. Lorsque c’est la peur qui te consume, qui enlace chacun de tes pas. Lorsque toi-même tu es bouffé par la terreur. Alors parfois, quand l’occasion se présente, et que pour un instant la frayeur n’est plus ton inquisitrice mais bel et bien ton alliée. Que c’est agréable et savoureux de renvoyer toute la fureur des flammes désenchantées, apocalyptiques, des tourments qui désarment ton être à ceux qui essaient de te déstabiliser avec arrogance narquoise. Infliger cette douleur à tes ennemis devient une infinie douceur somptueuse et succulente. Jouer avec la peur, incarner la frayeur à ceux qui essaient d’être intimidants, cela aide à oublier sa propre terreur qui te ronge atrocement.