UN OCEAN DE VIES (mort sûre d’amours) + Déambulations Estivales de Nourdine Bara 2020
22 août 2020 par vincent
« Un cadavre ne se venge pas des injures. » William Blake.
Le monde ressemble à un miroir du passé, un miroir brisé par les siècles, des époques aux déchirures fracassantes qui, par les excès, ont gravé l’emblème du chaos et de la démence décadente. Je traverse l’horloge dans l’amertume dépressive et je masque la rancœur à travers la tonalité du cynisme. Les regrets attirent les flammes de mon âme, laquelle est déjà tourmentée par les brûlures qui ravivent mon passé. Chaque vestige du miroir reflète un trauma, celui-ci va s’ajouter au reste du puzzle composant les épingles abîmées dans mon cœur. Et ce tableau cauchemardesque sera l’acrylique spirituel de ma traversée sur le pont embrasé de mon éternité glacée de vie. Les royaumes sont des tombeaux, l’immortalité est mon sanctuaire carcéral dans les ténèbres, le ciel et l’enfer sont l’obligeance à courber l’échine en toutes circonstances. Mes prières sont essoufflées voire asphyxiées et chacune d’entre elles est un visage que mon esprit a tenté d’effacer afin d’éviter la folie. Chaque visage est un regret, une brochette de condoléances. Chaque regret est une souffrance qui a du mal à s’éteindre dans le calme. Au contraire même, chaque douleur rugit dans la fureur désolante et une colère foisonnante. Devenir fou pour mieux grandir, apprendre à mentir pour parvenir à les divertir et s’y laisser mourir langoureusement dans les abattoirs oubliés des abysses désabusés.
Traverser l’enfer aux mille charmes. Parcourant ce Ciel aux mille femmes. Ici-bas les flammes s’enlacent farouchement avec nos âmes. Ici-bas nos larmes ruissellent dans nos blasphèmes pour ces jolies dames…
Avec elle et en elle…
La nuit s’enrage, la nuit s’orage. La nuit s’égare…
La résilience se trouvera dans le feu, châtiment expiatoire envers l’offense de mes sensations d’un éternel désir sensuel, oh Dieu ! Grand crime de ma part, parjure hérétique à la vie souveraine. Je me soumets à la volonté du Ciel, courbant l’échine en bon élève, je laisse les flammes de l’enfer infernal ronger langoureusement, avec minutie, la jovialité de mes ailes ainsi que l’infusion du poison mélancolique infecter ma raison. La neurasthénie nihiliste devient addictive, elle parcourt mes songes et infecte ma logique. Je clame à Dieu que je m’agenouillerai face aux règlements des Ténèbres, j’embrasserai la punition destructrice avec allégresse parce que la vie en a décidé ainsi et que ses caprices sont irrévocables. Perdu dans un brasier carcéral apocalyptique, flirtant de plus en plus avec la folie, je me dois d’accepter qu’il n’y a pas d’espoir ni de droit, et encore moins de sexualité avec elles et en elles. Je ne suis rien, seulement un déchet périmé qui aurait dû être assassiné, voire quasiment avorté d’emblée, pour avoir eu la désobligeante erreur de laisser mon visage horrifier l’éternité en étant créé par le Père. L’agonie remplace le souffle d’espérance, lequel salit la rigueur disciplinaire de mes ailes qui sont mandatées à se déployer sur les intendances commandées de l’existence lorsque celle-ci nécessite une âme à brûler, une âme à détruire, à rabaisser pour égayer l’humeur maussade de ses convives. J’en suis reconnaissant car je n’ai pas d’utilité et mon sacrifice, parfois scatologique ou sado-pornographique, toujours volontaire, à les laisser me souiller sadiquement, mon effacement expiatoire sert à la sociabilité des royaumes immortels. Les laisser me piétiner sans vergogne ni protestation car je ne suis qu’un obligé soumis à être brûlé, sali – et j’en passe – afin de ravir les convives de la vie. Né pour unifier les élites à travers le sang, la merde et la souffrance, mes saignements, mes étrons et mes cris de douleur sont la rédemption unificatrice des élus de la vie.
Seul à traverser les plages de la mort glaciale, afin de pouvoir mieux respirer et éviter de crever, savourer le parfum des funérailles de mon être, inlassablement, pour arriver à survivre dans l’esclavage du cadastre. Je goûte et digère avec boulimie la cruauté ainsi que les couteaux des inquisiteurs monastiques qui me tranchent la gorge, lesquels m’autorisent à ré ingurgiter le sang globuleux qui s’échappe de ma jugulaire ouverte afin que je puisse m’hydrater, sans cela je meurs de soif au milieu des flammes et des cadavres exécutés par les règlements du Ciel. J’ai même le devoir de remercier les tortionnaires pour me sustenter en énergie afin de vivre, eux me regardent froidement en lavant leurs lames dans le Styx pour désinfecter leurs ustensiles de châtiments car je suis une bactérie infectieuse immortelle. Et puis ils me crachent dessus tous en cœur pour me renvoyer la politesse. Inondé par la morve des inquisiteurs je souri et regarde l’enfer désenchanté, assimilant que le sexuel désir appartient aux élites, irrévérencieux petits roquets insolents, fraudeurs et magouilleurs de là-haut où elles dansent avec onirisme et une grâce érotique. Ils sont les élus, les préférés du Seigneur et de la vie, sauvés des cauchemars qui nourrissent mon immortalité, laquelle me fige pour toujours à ne jamais fuir la souffrance mais à épouser conventionnellement les douleurs. Gloire à eux et blasphème à moi car j’ai osé souiller le Ciel en espérerant l’idée que j’aimerais faire l’amour avec les déesses d’Éden, celles qui peuplent mes fantasmes nocturnes, ces attrayantes jouvencelles qui hantent mes rêves dit ‘ostentatoires’ et troublent mon devoir de serpillière esclavagiste face aux exigences des puissants décideurs. J’ai même l’heureuse grâce de bénéficier, par l’ordonnance des bourreaux inquisiteurs qui me l’aboient militairement, d’avaler la morve dégoulinante sur ma face hérétique d’ange damné. La texture culinaire entre les crachats et mon sang est une découverte enrichissante pour ceux qui vivent dans le désespoir précaire. Gloire aux puissants de nous offrir leurs crachats sataniques.
Traverser l’enfer aux mille charmes. Parcourant ce Ciel aux mille femmes. Ici-bas les flammes s’enlacent farouchement avec nos âmes. Ici-bas nos larmes ruissellent dans nos blasphèmes pour ces jolies dames…
Avec elle et en elle…
La nuit s’enrage, la nuit s’orage. La nuit s’égare…
Je traverse l’enfer éternel, zigzaguant avec nonchalance neurasthénique. J’en connais les moindres parcelles. Aussi séduisant qu’il puisse être pour de nombreuses âmes, l’enfer n’a plus aucun secret à mes yeux enflammés. J’ai vu tellement de fois les apocalypses valser avec l’émergence des nouveaux siècles, jusqu’à la fin des temps à plusieurs reprises, naître puis faner pendant que j’étais prostré dans les pleurs face aux décès successifs de mes espérances en poussières. J’ai absorbé facilement un océan de chaos et de douleurs, tout en oxygénant ma survie psychique par un mélange parfumé entre le souffre des damnés et l’urine des condamnés fraîchement exécutés à travers l’absolution de l’agonie Divine.
J’ai longtemps cherché à prier mais le silence était bien plus présent que l’oreille du Ciel. J’ai vu Jésus-Christ sauveur des menteurs et des hypocrites rusés, j’ai vu ce fils rédempteur ressortir des limbes de la vallée des ombres et des morts afin de signer, et ce par la barbarie des humains sur sa propre personne sacrifiée sur la croix comme un vandale hérétique, j’ai vu le sauveur Jésus-Christ bénir les meurtriers infâmes et tous blasphémateurs, acquérir l’entrée garantie par Dieu dans le paradis. Dieu offrait l’Éden sans concession à ces mêmes humains qui venaient tout juste de cracher violemment avec insolence sur les Évangiles sacrés et les mêmes humains qui venaient tout juste de torturer sauvagement son fils, son cœur, la chair de sa chair, son enfant unique. Dieu et tous les royaumes immortels officialisaient la résurrection immunitaire des malades mentaux « choisis et chéris », lesquels se prélassent avec abondance dans la négation existentielle de nous. Le Ciel annonça avec éloquence et jouissance la bienvenue à tous les traîtres, les séraphins jouèrent les violons de l’éternité pour accueillir et bénir la bassesse humaine dans l’allégeance et l’allégresse.
Oser défier l’intolérance, leurs médisances et toutes ces offenses, ce soir l’Olympe ne dormira plus dans le silence apaisé de l’insouciance, ce soir nous allons tenter de faire trembler les royaumes immortels, nous allons chercher à réveiller les morts à travers les sonnets enflammés de la vengeance. Ici-bas dans les brasiers du chaos, dans les cendres poussiéreuses des Ténèbres oubliées, nous déploieront nos ailes de Feu et incendieront nos larmes. L’amertume sera notre bannière appropriée, ce soir nous effraieront le Ciel. Nous prendrons vos nuages de rouge sanglant, nous brûlerons la pureté de votre précieux Éden. Nous allumerons ce paradis hérétique et falsifié de flammes désenchantées. Ce soir nous allons nous faire entendre et nous nous exprimeront devant tout l’oratoire, que ça leur plaise ou pas. Ce soir nous marquerons d’un sceau révolté, de feu et de sang, nous clamerons que nous existons ici-bas, là où eux balancent leurs déchets froidement. Épris d’une magnifique fureur insolente, nous hurlons dans un désordre cacophonique au milieu des cendres, des flammes dansantes et du souffre toute notre rancœur et notre obsolescence dans la douleur dépressive à Dieu ainsi qu’au tribunal céleste « nous ne sommes pas des vôtres, nous ne sommes pas des vôtres mais nous sommes là en bas ». Et nous répétons ce mantra lancinant avec une rage déterminée. Conviction dans la haine et l’autodestruction, nous revendiquons l’envie d’être, l’envie de vivre et le désir sensuel. Si les auteurs s’interrogent à propos de « être ou ne pas être », ici-bas dans l’horreur absolue, dans le cauchemar de nos éternités, par-delà les cimetières de nos immortalités, au cœur d’un Enfer carcéral et interminable, nous sommes soudés dans le cadastre et nous réclamons la vie.
Côtoyer la vie m’a permis de me haïr avec plaisir. Apprendre à marcher sur le passage clouté de la vie m’a appris à me détruire avec abondance dans un raz de marée de flammes désenchantées, maîtresses viscérales de l’autodestruction enjouée, prêtresses du désespoir éducatif pour les misérables impétueux qui ont la disgrâce d’exister ici-bas en enfer. Côtoyer la vie c’est un pas d’apprentissage pour mieux se suicider langoureusement dans un cantique blasphématoire et c’est également la phrase la plus sincère et amicale de Dieu et son St Esprit pour nous dire : « allez bien crever loin de chez moi et surtout n’allez pas souiller mes prairies vertes avec votre sang pourri et vos cadavres dégueulasses. Éden est aux autres normaux ‘sanctifiés’ ». Ici-bas il n’y a jamais eu de vie autorisée, nous sommes bannis et nous resterons toujours les sales esclaves honnis, enclavés dans la disgrâce, nous sommes les ennemis du Ciel parce qu’on est là, en bas, dans les flammes. Côtoyer la vie c’est côtoyer la folie, la démence et la mort dévastatrice, mort glaciale…
Avec elle…
La nuit s’enrage, la nuit s’orage. La nuit s’égare…
Marcher tout droit sur ces sentiers parfumés de flammes et de brasiers damnés, traverser les cimetières où la mort me murmure nombreuses inquiétudes et songes tourmentés. Parcourant la vallée des ombres, croisant le chaos aux diverses couleurs du sang, embrasser la folie, galocher la fureur et l’égoïsme de la vengeance. Parler le Bescherelle du trépassé, des époques suicidaires aux multiples excès, ne plus y être sensible ni affecté mais davantage familier. Il me faut néanmoins courir encore et toujours, courir sans répit, courir sans reprendre le souffle parce que l’horloge n’attend jamais, je suis son obligé si je souhaite survivre. Ainsi depuis ces derniers millénaires calcinés de désespoir, je traverse invinciblement la mort, cette froideur glaciale du deuil et diverses condoléances, pour parvenir à temps au point de survie si je dois éviter de me suicider. Pourquoi ne pas m’affranchir et ne plus obéir, oser le suicide et enfreindre les règlements ? Parce qu’à travers tous ces cauchemars, toutes ces peurs profondes, toutes ces apocalypses et ces déclins de siècles qui dansent dans une orgie d’excès et de douleurs, j’ai l’opportunité de la voir, elle, cette jeune femme qui ravive mes sentiments, mes pensées émotionnelles et mes plus doux désirs, si purs et néanmoins sulfureux. Traverser l’enfer, parcourir la chute vertigineuse, respirer la mort dévastatrice, me sentir défaillir et partir dans les abysses, mais au moins je peux l’approcher et la regarder, elle. Mes yeux de braises l’observent subjugué, je nourris mes futurs rêves et fantasmes. Elle offre à mon esprit quelques songes érotiques qui m’aideront à oublier la souffrance de l’immortalité. Toujours à l’heure, toujours à temps, parfumé de brûlures pour mieux survivre, mais avec quelques pensées positives émoustillées de sensualités érotiques avec et en elle, dans ma tête, dans ma solitude…
Elle…
Traverser l’enfer aux mille charmes. Parcourant ce Ciel aux mille femmes. Ici-bas les flammes s’enlacent farouchement avec nos âmes. Ici-bas nos larmes ruissellent dans nos blasphèmes pour ces jolies dames…
Avec elle et en elle…
« Citerne contient, fontaine déborde » William Blake.
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(Analyse des textes écrits par Nourdine Bara lors de ses déambulations estivales)
L’œuvre de l’auteur Nourdine Bara évoque la traversée du temps, des heures, des secondes qui s’écoulent et qui passent avec lenteur. L’auteur raconte son vécu, de l’adolescence au collège à la sociabilité dans une France où il cherche à se trouver une place. Vivre dans l’écriture. Nourdine Bara partage timidement et pudiquement son histoire, un parcours retraçant une vie humaine dans la littérature, réunis dans ce premier recueil qu’il a écrit et dont il narre des extraits tout en marchant avec un public de fortune car c’est au fur et à mesure de la déambulation et du partage que l’auditoire devient plus ou moins spacieux.
Durant la déambulation, Nourdine Bara se dévoile et se met en scène, tel un théâtre improvisé dans l’esprit des comédiens du XVIIème siècle, l’auteur évoque les secrets de l’enfance, les confidences de ce jeune garçon qui est amoureux de la jolie Carole pendant les contrôles de mathématiques. Les secrets d’un jeune homme qui s’est battu face au système pour prendre la défense de sa maman et la porter vers la lumière. Une mère qui compte énormément dans son cœur, une maman qui est la prunelle de ses yeux, une mère dont il souhaite la rendre fière. Fière d’un fiston qui est parvenu à écrire et retranscrire ses maux à travers quelques mots sympathiques. Un fils qui est parvenu à être ce bienveillant catalyseur d’âmes blessées, toutes réunies autour d’un livre dans une boulangerie Pailladine.
L’ouvrage de Nourdine Bara, celui qui est raconté dans ces déambulations estivales, est un livre sur ce temps qui déambule dans l’ennui, une horloge paresseuse. Mais également la frustration de l’inaction, de faire des projets, de faire un bon en-avant vers l’existence. Nourdine Bara nous raconte son envie d’être, son désir de vivre, sa quête d’exister et sa détermination à réunir.
Vincent Blénet Écrivain
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