L’ENTAILLE DU TEMPS (mort sûr d’amours)
1 sept 2020 par vincent
Au sein des entrailles infernales, dans cet enfer immortel au labyrinthe abyssal, je compte et je scrute les entailles du temps. Le temps qui s’allonge et s’étend lentement. Le temps qui passe et se prélasse mais point ne se lasse. Le temps qui caresse les caprices de mes pulsions autodestructrices, celles qui accumulent des cicatrices à mes rancœurs, à mes remords et regrets, dont je ressasse l’injustifiable jusqu’à ce que trépasse les calices dictés d’avance.
Avec elle…
Combien de millénaires, combien d’éternités, combien de siècles et surtout combien de milliards de vies ai-je dû traverser dans la douleur et les labeurs afin de forger mon esprit en accord avec l’existence ? L’immortalité peut être séduisante, cependant lorsque vous la fréquentez avec une proximité quasi conjugale, dans la vigueur des règlements de Père, vous ressentez la froide lassitude emprisonner votre âme dans une cellule où les secondes des vivants sont des heures infinies pour nous tous êtres immortels. Égaré voire figé par l’immensité des millénaires ici-bas, je finis par être moins bousculé par l’agonie dépressive. Seule l’agressivité des âges, l’empoisonnement des trahisons, la déception des confiances attribuées peuvent encore effriter nos veines et polluer la raison. Le temps s’écoule, bien qu’il n’ait pas d’emprise sur les royaumes de l’éternité ni sur les trafics d’âmes qui montent ou qui descendent. Pour moi le temps est un hiver assombri de larmes et d’amertumes sans elles. En bas les secondes sont quelques heures et sans elles mes secondes ne sont que des pleurs…
Avec elle…
Traverser l’enfer aux mille charmes. Parcourant ce Ciel aux mille femmes.
En bas le temps s’arrête, on n’y compte plus les heures mais l’accumulation des douleurs. Nos frissons allèchent chaque seconde. Ça finit par devenir un concours d’égo entre nous. Anges perdus des flammes, nous comparons entre nous le nombre des cicatrices que la vie nous envoie. Tel un tripot de ‘fortune’ précaire nous formons des clans parmi tous les cercles de l’enfer et nous nous affrontons dans un pari à celui qui surpassera les autres clans. Chacun des cercles se ressoude en conclave stratégique afin de mieux bluffer face aux autres cercles démoniaques, nous sommes si « joyeux » à travers notre misère égayée que nous zappons par moment, quelques fois sur mille ans, par-ci par-là, la rigueur des tortures réglementaires à ces âmes de péché qui traînent dans ces enclaves damnatoires des plaines embrasées par le chaos et le désespoir.
Sans elle…
Lorsque retentissent les clochers enflammés aux blasphèmes d’ici-bas, je compte scrupuleusement mes cicatrices, reçues par le temps traversé en bas, et je m’impatiente d’aller ‘agrafer’ le nouveau score -si il y’en a un – sur la bannière du cercle auquel j’appartiens. Ensuite, après nous être regroupés en cohésion avec mon clan, déployer nos ailes et incendier nos auréoles ainsi que nos yeux de feu, afin de mieux narguer les autres clans sur leurs scores à la traîne. Le brouhaha est si virulent en enfer qu’il assourdi les neufs royaumes occultes, les empêchant de communier avec les ombres sur la cadence des cloches en mouvement endiablé par l’anarchie qui s’instaure en bas. La distraction des déchus perturbe l’ordre établi par là-haut, Eden finit même par porter doléance pour nuisance sonore, dérangeant les foutaises et les fadaises des insolents privilégiés du Ciel. Les prêtres inquisiteurs se mirent à descendre dans chacun des cercles pour asphyxier l’émeute festive des démons, jadis anges de Dieu. Survint un chaos dans le chaos, l’ironie et le paradoxe nous amuse beaucoup. Nous étions dans un combat de coqs des clans, nous finissons ensemble réunis dans cette violence communautaire, tous les déchus de ce Ciel qui n’a jamais voulu de nous, nous sommes en meute de loups et nous hurlons furieusement dans un amusement dérisoire contre ces « flics de tribunaux », mandatés par la cour d’Eden. Les mêmes qui n’acceptent pas de s’excuser lorsqu’ils sont en train de pisser et chier sur nos têtes, rabaissant même nos émotions vulnérables en dégradant scatologiquement nos auréoles rougeâtres et nous offrant un quatre heures gustatif de leurs étrons emmêlés d’urine sur nos visages, tous calomniés par l’existence.
Avec elle…
Perdu en bas, je contemple l’horizon de feux et de sang et je compte mille fois mes cicatrices. J’attends la prochaine éclipse pour que s’instaure un autre chaos dans le chaos, pour qu’une ‘rébellion’ groupée où chacun des cercles, tous ces cercles ‘oubliés’, nous puissions reformer ensemble ce majestueux bloc féroce et soudé. Encerclant les prêtres qui seront encore et toujours mandatés par Eden et par les fous qui y batifolent là-haut sans pudeur, dans une totale dépravation pernicieuse. Alors je compte et je recompte mille fois mes cicatrices entre deux tortures d’âmes.
Avec elle…
Traverser l’enfer aux mille charmes. Parcourant ce Ciel aux mille femmes.
Aussi vrai que la fraîcheur devient laideur, aussi froide est la franchise, le temps n’épargne rien ni personne. Quand bien même certaines fourmilières de mortels, convaincus par leurs élitismes et pour d’autres leur prosélytisme, tentent d’acheter les secondes ou de marchander les heures. La brutalité radicale des faits n’oubliera personne. Ici-bas le temps est à l’arrêt, comme un ralenti qui flemmarde sur la lecture présente. Je compte mes cicatrices mille fois, inlassablement, en regardant ce ciel rougeâtre infernal qui cloisonne mes moindres espérances cachées, dissimulées, secrètes, parce que les inquisiteurs pastoraux ne cessent de rôder parmi les braises et les cendres afin de traquer la petite faiblesse qui nécessiterait un savon réformateur et disciplinaire pour mise en garde sur l’obligeance de garder les pieds au sol. Et oui, le sol est le ciel qui nous est offert. Nous sommes soumis à une allégeance de servitude infinie à nettoyer les ordures que nous balancent sans indulgence et avec insolence les petits malins qui festoient là-haut. Dans la pureté véritable du Ciel qui s’étend à foison pour des fous arrogants et insouciants de l’addition des pamphlets blasphématoires qu’ils créent à longueur de siècles, ces offenses qui nous sont attribuées ensuite, créatures ailées déchues d’en bas, tous brûlés par les flammes, calcinés d’esprit, que ces âmes humaines trépassées et condamnées à une torture éternelle par nos soins. Quelle ironie que nos proies finissent par être les cauchemars traumatiques de leurs bourreaux : nous. Le Ciel est un Enfer et l’enfer est notre Ciel. Je compte mes cicatrices mille fois, je regarde l’horizon dévasté par le chaos désorganisé et la cacophonie des hurlements de douleur. J’observe les larmes couler sur les joues des condamnés, je poursuis la rythmique symphonique de cette musique de feux et de sang ici-bas encore et encore avec mélancolie.
Avec elle…
La saveur exquise du mensonge a séduit les mentalités humaines qui affriolent les papilles du magouilleur souterrain, jusqu’à allécher les babines narcissiques du bourgeois gentilhomme aux goûts d’esthète. J’ai vu tant de fois les époques successives succomber aux promesses virtuelles de la nuit ! Nombreux sont ceux qui sont attirés par la noirceur mais vont s’offusquer dès qu’ils atteignent les rivages gothiques du Styx en travestissant la noirceur. Laquelle a dévasté, voire quasiment rongé leurs yeux et leurs cœurs, dans un habit d’arc-en-ciel fluorescent. Déguiser la mascarade intérieure et conflictuelle qui contorsionne leurs consciences dans une garde-robe de couleurs vives pour rendre sympathique et honnête la sombre nature humaine qui sera encore plus boulimique d’excès, de mensonges et de trahisons, mais aussi d’ambitions élitistes, d’avarice lucrative et de souverainisme insolent, même indécent. Je les regarde tellement ! À l’antithèse des lucioles et des moustiques, ils sont attirés par l’obscurité et s’engouffrent dans la fureur hérétique des damnés, voués aux bûchers des terres de feux et de sang, là où les ténèbres sont maîtresses. Je vois le temps se ralentir encore davantage et je compte mille fois mes cicatrices entre deux tortures d’âmes.
Avec elle…
Traverser l’enfer aux mille charmes. Parcourant ce Ciel aux mille femmes.
Le temps est une course folle, il s’accélère de plus en plus. Le temps oppresse ses victimes, il ralentit les instants de doutes, l’odeur de la plaie exhibe la blessure dans une profonde réflexion, me poussant à chercher l’issue d’un oxygène salutaire. Le temps agonise l’inquiétude et refroidit mes peurs, je me fige au milieu des flammes et des hurlements damnatoires. Pourtant le temps emprisonne l’immortalité dans un désespoir à l’infini, plus longue est la douleur, plus profond est ce sentiment de perdre pied dans le vide, plus l’enfer sera mon tombeau. Je compte encore mille fois mes cicatrices entre deux bûchers.
Sans elle…
Survivre au pire sans recourir à quelques sortilèges pour m’enfuir. Apprendre de la nuit et bien recompter mille fois mes cicatrices entre deux tortures d’âmes. Scarifié par le sceau de la douleur, baptisé par l’hérésie des maux, je décompte chaque entaille du temps.
Sans elle…
Don’t blame Desires.
(Hunting pleasures).
Don’t blame Pleasures.
(Hunting desires).
Moon is inside my Brain.
Armageddon’s crying Rain.
Politicians Sells your Brain.
Sun still my Pain.
Don’t blame Desires.
(Hunting pleasures).
Don’t blame Pleasures.
(Hunting desires).
God DAMN.
God DAMN.