ÊTRE SANS ÊTRE (mort sûre d’amours)
20 oct 2020 par vincent
J’ai frôlé tant de fois l’hérésie dépressive par amour obsessionnel pour elle, j’ai embrassé le chaos et le déclin blasphématoire à de nombreuses reprises par amour obsessionnel pour elle. Les excès m’ont permis de grandir, même si je suis marqué par plusieurs cicatrices scarificatrices. La brûlure du temps a été le choc psychologique me permettant d’évoluer dans mon cheminement immortel à traverser ici-bas. Il y a comme un parfum de fin des temps en bas, le silence laisse écho aux valses joyeusement endiablées de nos chères et tendres flammes désenchantées. Le brouhaha cacophonique du trafic d’âmes sur le Styx résonne parfois à peine, un léger bruit d’insecte qui ne dérange point la petite méditation qui m’aide à survivre au milieu de l’enfer éternel. Méditer et chasser les non-dits qui ne sont qu’assassins.
Sans elle…
Je me suis cherché à travers mes offenses, j’ai essayé de trouver un sens à mon existence par-delà ces nombreux blasphèmes dont j’ai jonché mon immortalité. J’ai dansé passionnément avec la violence, je l’ai manifestée sans contrefaçon, dans l’inconscience d’une tardive adolescence. Au cœur de l’hérésie j’ai goûté à l’ivresse du sang, les siècles passés portent le deuil de mes excès gâchés dans l’entêtement de rêves chimériques et de religions falsifiés sur l’espérance. Mes nombreuses errances dans la nuit sont les stigmates d’un miroir brisé.
Traverser l’enfer aux mille charmes. Parcourant ce Ciel aux mille femmes.
Parfois je me dresse sur le sommet d’un clocher et je regarde le Ciel rougeâtre où transpirent les cris d’orgasmes là-haut, là où celle qui hante mes sentiments est gang-banguée férocement et sans émotion par les satanés chenapans d’Éden, lesquels inondent ma bien-aimée de liquide séminal dégueulasse et autres claques violentes sur son délicat visage dont je rêve souvent la nuit, lorsque l’apocalypse enlace nos prières et muselle nos veines dans l’effroi et la douleur. J’ai le sentiment que le temps est à l’arrêt, parfois même en boucle, comme s’il se contorsionnait sur lui-même et qu’il se renfermait sur lui-même, tel un fœtus qui refuserait de grandir et de muer avec le monde. Bien que l’enfer soit un royaume à neuf degrés, pour moi et pour mes frères ailés, le royaume s’arrêta à notre cercle dantesque d’appartenance et à quelques contrées de chapelles damnées, des champs de crucifix en train de brûler et les rivages oubliés du Styx. Mis à part cela, jamais je n’ai pu me permettre l’audace de m’aventurer au-delà des rivières du Styx. La peur de l’inconnu sans doute.
J’entends les abysses gronder leur soif d’âmes désespérées, le pessimisme est un jeu difficile car il est nécessaire de pratiquer avec un cynisme jovial la danse endiablée des chaises musicales sans s’attacher à nos émotions, sinon c’est la chute vertigineuse dans l’oubli. Etre cynique mais optimiste dans le bluff d’hypocrisie. C’est assez schizophrénique mais à présent ce qui est bien est mal et ce qui est mal c’est le bien. Pour s’y retrouver c’est y perdre la notion des choses. Souffrir et mourir si l’on désire vivre. Quand bien même le temps est au ralenti en bas, il me faut toujours courir encore et encore contre le temps. Les jouvencelles d’Eden sont courtisées par des dieux qui les séduisent avec des fausses promesses de popularités éphémères, de divinations illusoires sur la vénalité narcissique des jeunes déesses, toutes hagardes dans l’immortel jardin parfumé de combines et de ruses basses. Chaque nuit j’en pleure amèrement. Alors que mon cœur verse des larmes faites de sang, ma verge chagrine verse quelques gouttes de jouissance cynique, défaitistes et autodestructrices où j’exulte ma déchéance dans un rire orgasmique névrotique, isolé dans un caveau sale, perdu en plein enfer près des champs de croix en flammes, là où se calcine nos espérances déchues laissant place à une résignation fataliste.
Nous avons trouvé l’envie de survivre à nos blessures alors que nous sommes enclavés pour l’éternité dans notre propre dépouille. C’est à travers l’infection virulente que nous avons appris à mieux soigner nos plaies. Se damner pour mieux se sauver face à l’abyssale chute vertigineuse qui nous interpelle sans cesse. Tutoyer le cynisme pour éviter la démence, encore cette chute qui interpelle, encore et encore. Même si la chimère paraîtra imposante, l’efficace vaccin pour la terrasser, lorsque l’espoir s’est allié avec le rêve afin de contrôler mon âme et mieux me pousser vers le vide carnassier, ce libre arbitre assassin. L’antidote contre cette bête chimérique est de ne plus croire en cette espérance qui ne s’appliquerait qu’aux pantins aliénés de là-haut, dans ce jardin infecté par le vice et la haine. Guérir le mal par ce mal-être.
Les ombres murmurent entre elles, des croix de bois s’enflamment ici-bas, les voix de l’enfer rugissent abondamment dans les royaumes immortels. J’ai vu la perversion caresser le jour. La purification s’effectuera dans la douleur parce que l’Éden renifle les mensonges sexuels tarifés. La peur dépose un baiser glacé sur nos ailes. Les cercles dantesques chantent tous en cœur dans l’hérésie. Je vois les abysses se gorger de blessures blasphématoires, je regarde les limbes s’abreuver d’âmes scarifiées. Les soleils vampiriques éclairent le seuil des enfers pendant que l’éternité embrasse la fin des temps. Damnatoire est notre démence nocturne, le sablier se conjugue avec le déclin.
Sans elle…
Traverser l’enfer aux mille charmes. Parcourant ce Ciel aux mille femmes.
Peindre l’enfer à l’acrylique pour se persuader que nous sommes au paradis. Dessiner l’hérésie à l’encre de Chine afin d’éviter de chuter vertigineusement dans les couloirs de la folie. Crayonner de pastels le blasphème afin de mieux se familiariser avec nos propres cauchemars internes. Séduire l’effroi, sous la mécanique sanguine du beffroi, ignorant ces voix du chaos qui nous fredonnent le basculement pendant notre sommeil. Danser avec les flammes parce qu’il est hors d’atteinte pour nous de valser dans les bras des femmes. Ne blâmez pas si aisément nos désirs parce que nous recherchons du plaisir, ne condamnez pas si facilement nos plaisirs car nous avons besoin de découvrir ses jolis désirs, ses onctueux fantasmes, à elles. Nos maux délivrent notre sceau. Mes nuits sont enlacées de prières érotiques, elles s’écrivent de songes peuplés de délicieux fantasmes où je suis endormi à travers leurs indolentes caresses passionnées si sensuelles, à elles. L’immortalité écrit ses blessures, elles sont rédigées sur ma chair, mes cicatrices en sont les mots gravés dans une éternité sans vie. La nuit et le soleil marchandent le missel des refusés. Le solstice pactise avec l’offense en toute insolence.
Retranchés dans l’illusion, alors que la nuit étend son manteau frigorifique sur les brasiers de l’enfer, le confinement séduit l’Horlogerie. Il l’invite à danser avec le blasphème mélancolique mais également avec l’hérésie colérique. La nuit se prélasse dans nos hantises faites de règlements incessants, la peur recroqueville la cambrure dressée de nos ailes. Si l’esprit dépasse et se déplace à l’infini à travers l’espace, il n’en reste pas moins qu’il sera inlassablement entravé par l’enclave des intendances corporelles, servitude imposée d’un mitard organique qui ne supportera aucune tricherie. Le temps se faufile avec aisance ici-bas, cependant je finis par perdre la notion du fil avec la répétition incessante des jours et des nuits enlacés dans cette longue dépression chronique. L’Alpha se met à devenir l’Omega et vice-versa. La folie se met à orchestrer la raison, la raison s’accommode avec la démence. L’ensemble des cercles des neufs royaumes se mirent à fredonner la souffrance avec allégresse. L’agonie gagne l’enthousiasme de ce donjon infernal qu’est notre enfer dégueulasse que nous avons l’obédience d’aimer et de chérir jusqu’à ce que le néant nous bannisse. Le sommeil fait taire les violences du chaos, l’incendie devient apprivoisé avec la sieste. Je n’écrirai jamais le monde à mon image, je n’ai pas cette voix qui criera assez fort. Cependant je peux composer un rythme d’autodidacte dans la partition symphonique et participer à l’orchestre. Au lieu de faire tourner les royaumes immortels à ma convenance, tel un dictateur prosélyte, totalitaire et communautariste, non. Il me suffit simplement d’ajouter ma griffe singulière à ce délicat concerto qu’est l’existence.
Se réveiller lorsque tout le cadastre s’est endormi, bercé par d’hypocrites illusions mercantiles c’est là que vous parvenez à être en phase avec la raison, la maturité, et c’est à ce moment que vous réalisez qu’il n’y a pas de rêve ni de paradis, juste un sombre enfer glacial qui est votre réalité. Chacun de vos pas fait résonner le glas de vos trépas déjà calculés dans l’inventaire. Il m’a fallu m’éteindre sur plusieurs siècles afin que mon âme se réveille, c’est dans la mort que j’ai appris à désirer la vie. C’est à travers le parterre de cendres qu’il m’a fallu me batailler avec moi-même pour éveiller mon esprit et ouvrir mon mantra à la survivance. Dans la prison des flammes, on rêve d’aller baiser avec les favorites d’Eden, là-haut où règne la traîtrise et les mensonges. Le fantasme nous a souvent carbonisé les doigts, c’est à travers nos fautes que nous avons compris la valeur de l’existence, et combien la misère nous avait tant rongés jusqu’au point d’abîmer notre envie de croire en un espoir existant pour nos âmes. Et pourtant… la vie ne s’arrêtera pas.
Traverser l’enfer aux mille charmes. Parcourant ce Ciel aux mille femmes.
Quelques fois je regarde le grand tunnel du passage des âmes, là où les passeurs négocient avec les pasteurs déchus à savoir « qui montent et qui descend ». C’est un immense ballet synchronique où les âmes sont à peine évaluées et parquées comme des objets en haut pour quelques chanceuses, celles qui ont réussi à soudoyer les instances décideurs, et tout en bas pour la majorité des humains trépassés. Notre entreprise ne connaît pas de crise ici-bas.
Sans elle…