LA BALLERINE (Tiffany)
13 déc 2021 par vincent
Traverser les époques en naviguant entre la dépravation humaine aux multiples facettes et Le Royaume du Père, nous est, pour la plupart, une épreuve douloureuse. Nombreux sommes nous à ne plus joindre le fil de la raison avec le devoir de réserve qu’il nous incombe, suivant les siècles. Dieu nous prêche la Doctrine et nous faisons allégeance à l’éternité, seulement certains Messagers – dont moi-même inclus – commençons à exprimer clandestinement de la révolte envers les Dogmes. Dieu est Souverain, ses mots sont incontestables et il n’en saurait être autrement, mais Sa logique lui est propre car côtoyer les mortels et observer leurs désirs, affecte nos âmes millénaires et, pour ma part, cela me ronge tel un venin acide galopant dans les veines fragiles de ma conscience théologique.
Cela fait quelques temps que j’ai déserté les offices ennuyeux pour observer d’autres formes de prières, des prières sulfureuses il est vrai, mais des prières d’avantage vivantes où l’esprit y est bipolarisé face aux masques conformistes des codes sociaux en rigueurs. Les night clubs ressemblent à une messe Gospel Afro Américaine du sud Texan, le disc jockey y est aussi expressif et radical sur les cantiques de la nuit. Les mortels y manifestent d’avantage d’émotions diverses sur la piste de danse. J’observe ces jolies filles au charisme d’une pure magnificence, avec remord… Elles dessinent le visage de leurs partenaires avec délicatesse, ils ont le droit d’effleurer leurs lèvres exquises. Elles s’abandonnent avec indolence dans les bras des mécréants qui trichent avec le subconscient de l’innocence féminine, afin de duper la mince confiance romantique qu’elles nécessitent, bien qu’elles trompent les statistiques des préjugés. Chaque baiser volé m’est une torture, la sensualité gestuelle intime qu’elles expriment lacère mon cœur, la mort traverse mon être à l’infini, comment y survivre car, même en m’y refusant, les songes sont corrosifs et nul ne peut y en échapper.
Déserteur des Offices du Père, je devins l’observateur assidu de ce night club fascinant, ma nouvelle église. La ferveur des mortels dans leur danse, me semble être une forme de purification. L’emprise des démons qui manipulent leurs violences et frustrations existentielles en est déstabilisée, la consonance cadencée électrique chasse les Renégats Tentateurs des âmes humaines. Les démons me fixent avec une férocité provocatrice, ils me murmurent les psaumes du blasphème, sachant que je suis en rébellion avec le Père. Bien qu’à travers mes yeux de braise éternelle, je les toise avec stoïcisme, mon âme est terrifiée. Ces messagers de la Perdition frôlent mes ailes afin de me faire ressentir qu’ils prennent possession de ma Raison théologale ainsi que de ma Foi, l’enfer me tend les bras et je suis paralysé entre ma révolte contre Dieu et ma terreur phobique d’appartenir aux légions de l’Ange Déchu. La rage se manifeste en moi et j’en arrive à mépriser violement le Sacrifice du Fils Rédempteur envers les mortels. Pourquoi eux ? Pourquoi sont ils sauvés ? Pourquoi eux et pas nous ? Chaque soir, les démons exorcisés me rappelaient mes interrogations tourmentées et je n’ai guère de réponse pour calmer ma conscience affolée, jusqu’à ce qu’elle traverse mon éternité et équilibre mes prières…. Tifany.
Epier les mortels à s’exulter dans une indécence quasi Dantesque, à travers mes yeux de braise immortels, est chose surprenante. La décadence masque leurs pulsions dévastatrices infiltrées dans leurs veines par les codes sociaux réformateurs et d’une barbarie muette. Les démons chassés de leurs proies me glacent la conscience par leurs regards de défiance tentatrice, ils cherchent à me faire flancher en jouant sur mes nerfs, eux sont sur un léger fil vertigineux et cloisonnés dans mes frayeurs… Mais là où les démons apaisent leurs addictions de haine sadique et de violence gratuite avec suffisance fasciste, cette saveur Luciférienne réside dans les âmes des psychiatres, les chercheurs de l’industrie pharmaceutique et autres médecins arrogants. Les démons y sont rois et ils y trouvent grand confort, les professions hospitalières reflètent la négation du Père. Ces mortels se revendiquent tels des dieux dominateurs, détruire l’innocence des âmes par appât du gain n’est qu’un jouet attractif, ça flatte leurs egos mais, en plus, ils jouissent sur la douleur ressentie par leurs victimes, ils ne cessent d’exploiter chaque parcelle de pureté. Combien le festin démoniaque peut être un régal pour les Tentateurs sataniques. Le DJ exhorte les mortels à déhancher leurs réflexes articulaires, par la frénésie musicale intensive, les clients du night club chassent toute négativité de leurs pulsions, ils exorcisent leurs intentions afin de respirer hors du masque imposé par leurs codes voraces et avides, face à la franchise spirituelle. Fasciné par la combinaison entre purification anarchique et démence expurgée, j’assistais religieusement à chacune de ces louanges communautaires.
Lorsqu’elle traversait mon champ d’observation, poser mon regard archaïque sur son être est bien plus doux que l’éternité du Royaume. Tifany déploie tant de vie et de joies qu’elle ranime ma Foi et éclaire mon cœur brisé par le déclin des siècles. Sa douceur innocente dans une joie positive ressuscite les verbes du Pardon. L’Alphabet des Psaumes Rédempteurs circule dans ma conscience, telle une camomille bienfaisante qui galope dans les artères de mon âme ésotérique, et l’immortalité me semble plus conforme avec le sens chronologique de la Genèse. Tifany est mon Salut, ma Rédemption, le message d’amour de l’existence à celui qu n’en éprouva aucun attrait. Dieu que cette fille m’est précieuse, elle anime fortement la braise dans mes yeux éternels, là où le temps n’a guère emprise ; Tifany sauve mon âme des tourments chronologiques de l’immortalité. Qu’importe si l’enfer prend de l’avantage sur les Psaumes, je peux accepter la froideur du Destin et le silence de la raison. Tant que cette fille poursuivra toujours sa valse dans le ballet de la vie, que mes ailes pourront l’effleurer et coordonner ses gestes cadencés si purs… La vie traversera mon âme.
L’antre du Désir danse sur les évangiles discos, j’ai droit à son joli sourire qu’elle m’offre du cœur. Ce petit bout de femme pleine de vie, si douce et positive. Elle transmet les alcools d’un coin du night club à l’autre en suivant la cadence musicale rythmée. Chacun de ses gentils sourires soigne mes chaos et durant quelques secondes cette fille me fait parcourir les nuages, comme si je valsais avec elle. Merci à toi, très chère Tifany !
L’Archimandrite Ténébreux : Vincent Blénet !