BOUC ÉMISSAIRE
10 sept 2024 par vincent
« Puis-je te poser cette humble question, prêtre ?! ».
« Est-ce toi, prêtre, qui sacralise les enfers ou est-ce l’enfer qui te sacre ?! »…
La lune embrassa chaque soleil et la lumière en nécrosa chaque surface de nos nuits.
Au cœur de cette vétuste cathédrale, il y a quelques cierges qui subsistent, ils se dépérissent dans le silence. Les défunts vocifèrent en vain dans les coins d’ombre de cette église.
Seul dans mes pensées, puis égaré dans mes prières interminables, sans jamais obtenir une réponse. Ici ou alors isolé dans ma petite crypte, face à ma rosace et mon crucifix.
Ici ou fabriquant mes bouts de croix en bois, recyclés de leurs messes noires, cachés entre les tombes, dans le but d’envoyer quelques « SMS » en fumée, des signaux morses vers les Cieux.
« Délaisses-toi de ton âme, con-fesses-moi l’attraction sensorielle ». « Charn’elles ».
« Paye la candeur de ses faveurs, caresse la douceur de ses charmes ». « Charn’elles ».
On ne meurt qu’une fois mais jamais, au grand jamais, on vit. On peut recycler sa mort à l’usure des infinis. Que les enfers m’en soient témoins, tous ces ‘princes’ immaculés, tous ces ‘rois’ dégénérés, des coutumiers de la verve du scandale, ceux à l’alphabet du « je sais tout », ces mêmes missionnaires de dieu, notre saigneur tout-puissant régnant sur son ciel privatisé.
Ces gugusses-là ont été les plus meurtriers, les plus barbares, envers mes frères, envers plusieurs créatures des ténèbres. Ils ont tué sans relâche, comme de véritables lâches.
Sans couille, au nom de l’Éternel. Sans question, sans regret ni remord.
En effet : « ils savent tout », bien évidemment… Isolé dans ma crypte, je ressasse, je me triture et je me torture. Cependant j’ai l’audace, je clame avec droiture que la nuit je la connais.
Depuis trop longtemps, j’ai ce privilège de la tutoyer. La nuit m’est davantage familière que n’importe quel hurluberlu, sorti de nulle part, qui gonfle ardemment ses pecs. Croit-il…
Lorsque j’ai besoin de m’apaiser, adoucir mes maux, calmer plusieurs de ces chaos qui me possèdent, je me lacère et j’entaille ma chair.
Je me purge de la douleur, de la souffrance, dans une bonne saignée.
Un tranchage de veines, pataud, juste le temps de quelques secondes.
J’ai besoin d’acquérir « une » paix mais pas ‘LA’ paix.
Il me faut toucher un semblant d’accalmie en effleurant, en flirtant avec une forme d’adrénaline du ‘suicide’. L’héroïne me câline, l’héroïne est une morphine. Elle est féline.
Pendant que ce sang éternel, un sang qui ruisselle dans le sein de mes veines, pendant qu’il fait une excursion pour s’allonger à mes pieds, je ressens le calme.
Je ressens cette délicieuse sérénité, si enivrante, si addictive.
Il me faut embrasser l’horrifique, accompagné des tragiques, afin de mieux m’extirper, momentanément cela va de soi, de l’effroyable immortalité. Épouvantable impasse dont dieu nous a gratifiés, nous les êtres damnés, errants en chœur dans le cœur des ténèbres.
La nuit éternelle s’est soumise aux diktats des jours éphémères. « La geôle ou la gnôle ».
Caché dans l’obscurité, je me planque des épines de l’existence.
La vie, cette immortalité est un calice de souffrance, le boire, l’avaler, c’est ouvrir les portes de son être à la cicatrice la plus rude, aux blessures les plus absolues.
Toucher l’aspiration c’est effleurer la malédiction.
Dissimulé dans les ténèbres de moi-même, cloîtré dans l’ombre de cette crypte, mes yeux de braise déchainent la lumière de ma colère, la fureur de mes fêlures, la haine envers toutes ces prières qui jamais ne pourront éclore.
Jardiner la plantation d’espérance pour rien, en vain, rien que du vent.
« Poussières, mes prières ne resteront qu’une envolée de poussières ».
Je revois la putain écervelée, attrayante catin trop insolente, celle-ci patauge dans le bain moussant de son arrogance.
Un verre dans la chatte « qu’est-ce que j’ai pu te subir » me disait-elle. La désirable putain s’esclaffe comme une folle pendant que je suis en train de cramer allégrement sur leur bûcher.
J’entends dieu qui ricane, au loin, dans la ‘grandeur’ de ses Cieux, « C’EST LA LOI !!! ».
L’inertie, mère des non-dits. L’inertie, celle qui ronge les pulsions, l’inertie, celle qui exulte l’inflammation de la déraison. L’inertie, la malédiction exauçant la lie de toutes les lies.
Je revois chaque messe, là où le déshonneur s’écrit dans le nom des dieux.
Je revois ses doigts squelettiques qui m’entaillent au grand nom des Cieux.
Parfois je m’aventure près de cette vallée, ‘LA’ vallée, la vallée des morts. Je vais m’y réfugier, pas loin d’une plaine plus obscure que mon défraîchissant désert routinier.
Je me mets en retrait de la « cité des anges déchus », je me calfeutre dans les pénombres de la vallée, j’y salue, avec une réelle courtoisie, quelques ombres par une étincelle d’auréole.
Dans l’obscurité de la vallée des morts, j’entends toutes ces femmes, si malheureuses, toutes celles condamnées par l’Éternel pour « sorcellerie ». J’entends l’orgueil, j’entends la cruauté du saigneur tout-puissant, j’entends son rictus ostentatoire, j’entends son immaculée immunité.
J’entends ces femmes qui s’enflamment, elles toutes ligotées sur la potence. Elles sont plusieurs, alignées sur plusieurs hexagones, leurs agonisants hurlements, des voix de femmes meurtries, manipulées par de la religion… Ça me fait souffrir, réellement, j’ai mal pour elles.
Ces femmes qui crament, ça me défenestre l’âme. J’ai tant de rage contre les autres, les courtisanes qui pipent des ânes. Je les regarde, là-haut, dans les Cieux, ces courtisanes qui batifolent avec les infâmes, dans la jardinerie d’Éden, sur les fleurs ornant la « cité d’argent ».
Exhibition de la stupidité, l’étalage de leurs esprits trop étriqués, là-haut, alors que des femmes innocentes sont oxydées au nom d’un dogme esclavagiste…
Dans les neufs cercles, au cœur des neufs enfers, dans la vallée des morts, dans les limbes, purgatoires des confinés sanitaires, ici-bas en général… Personne n’est dupe, on se dope dans cette illusion, celle que l’immortalité vaut la peine de s’accrocher à elle.
« Agneaux de dieu, chaos des Cieux »…
Des tête-à-tête avec moi-même dans ma vieille crypte, entre la croix et la rosace.
Des petits « dates » lugubres, accessibles eux, j’en suis familier, j’en suis régulier.
Je m’abandonne dans l’effacement de soi. Je m’allonge comme un amant dans la noirceur. Le chant des virulents est d’une extase, un onirisme, puisque l’érotisme me décline… Amen…
« Eh prêtre, pourrais-tu éclipser tes cantiques ? »…
« Eh prêtre, saurais-tu lire la détresse du catatonique ? ».
Les portes de l’enfer sont scellées par de divins archanges. St Pierre veille à ceux qui voudraient resquiller l’accès au jardin privatisé.
Parfois je m’aventure à proximité, près de l’entrée des enfers.
St Pierre n’a rien à craindre de moi, moi ce que j’aime c’est de me divertir à balancer quelques crachats acides sur les portes, accompagnés d’injures.
Le blasphème c’est un sport incontournable de par chez nous. Nous sommes toujours les médaillés d’or inégalables en la matière. Blasphémer c’est comme réciter une homélie sacrée.
Les cadrans d’âmes tourmentées dansent en tournoyant dans l’effroi et l’effroyable au-dessus de l’entrée des enfers. Dans le manège, certaines âmes se bastonnent entre elles, ivresse d’orgueil ou testostérone, qui peut bien savoir ?! Une violence qui fait la béatitude de leurs tortionnaires, les charognards, ces bagnards du Très-Haut. « La geôle ou bien la gnôle ? ».
Des escadrilles d’anges déchus volent en tornade circulaire, ils expriment toute la folie qui les possède depuis que dieu, notre saigneur tout-puissant, a posé son baiser de haine sur nos ailes.
Plus j’envoie mes crachats, plus les anges gardiens de St Pierre descendent pour faire trembler la porte des enfers, juste pour m’intimider par la force de la peur, par le pouvoir de l’horreur.
St Pierre triture ses clés divines, il trifouille sa barbe grisée par le vide des éternités.
Dieu fit apparaître son visage dans la confusion des nuages, dieu rugit d’une voix rauque.
L’escadrille d’anges-heureux martela plus intensément et St Pierre envoya une vague de lumière divine pour me carboniser un peu. Le ciel se doit d’afficher son autorité suprême.
Alors que je brûlais et me régénérais en même temps, je fixais l’entrée de « l’interflora » desséché des âmes condamnées : « mais tu ne pourras jamais me tuer » insistais-je vers St Pierre puis vers l’Éternel en levant mes yeux embrasés, dans un feu déchaîné à l’extrême.
Dans les nuages, le visage de dieu gronda intensément plus fort « C’EST LA LOI !!! ».
« Père, je revois le désespoir à travers tes cantiques ».
« Prêtre, je ressens le chaos dans ton calice infectieux ».
Mes yeux, mes ailes et mon auréole s’expriment et se révèlent dans une rage incendiaire. Le visage de dieu, bouffi dans les nuages, ses yeux ivres d’un rouge scintillant.
La lumière qui lacère ma chair et cette dernière qui se régénère à la ritournelle. La défiance, l’adrénaline de fuir, la morphine, si curative, de la vengeance, d’affirmer sa contestation.
La tornade d’anges déçus volant dans une danse circulaire, tous en forme de guirlande, affichant leur démence. Ces anges déçus réagissent à ma virulence et ils se mirent à leur tour à jeter quelques crachats d’acide sur la façade des portes infernales.
Il semblerait que je ne sois pas le seul à être en crise.
Tous les cercles s’enflammèrent, plusieurs vociférations saccadèrent les neufs enfers.
La faucheuse fit une apparition pour clore le bal, dans un noir brouillard la mort finit de se chatouiller l’asticot qui lui sert de verge. La mort hurla comme mille Valkyries en pleine folie.
À la demande des anges dans le ciel, la faucheuse illumina ses yeux de sang et elle hurla en mordant ma chair, celle-là même qui subit des brûlures provenant de la lumière de dieu.
La mort poursuit en bavant du venin sur mes ecchymoses, carbonisées, par quelques coups de langues homosexuelles. La mort agrippait mes joues de ses canines, je luttais comme un irlandais en pleine messe d’exorcisme. Durant une foulée de minutes, j’étais de la viande, une barbaque immangeable dont on lui fait le reproche d’être impropre à la consommation.
Alors que ma peau se régénérait dans l’étalage du chaos et des vacarmes infernaux, j’entendis cet effrayant rire, glacial, un gloussement sadique. L’Éternel m’aboie « C’EST LA LOI !!! ».
Le blasphème, religion du maudit, un baptême, une sacralisation de « Maledictis ».
De retour dans la crypte, ma garçonnière à branlettes, mon confessionnal à crises mortifères.
Pendant que l’obscurité caresse mes dernières brûlures, l’indolence des ténèbres agit comme une pommade soignant ma peau et mes ailes.
Je regarde en silence la croix. Je me noie l’esprit de questions et d’angoisses.
La confusion et la contradiction font un vacarme dans le Tartare de mon âme.
L’inertie me rappelle follement l’étreinte de la démence, une violence qui m’a infecté, un poison qui a baisé mes jours et mes nuits dans le tourbillon d’un gigantesque manège d’âmes, des âmes torturées, tournoyant et hurlant, furieusement, l’agonie d’une prison sans fin.
Obligés de l’accepter, l’aliénation de dieu. La malédiction des Cieux.
Seigneur, j’étais enfermé. Piégé par la froideur assombrie de tes limbes.
Saigneur, j’observais l’immensité comme un manège fou et désenchanté.
J’observais les orfèvres de la torture qui ouvraient les cercueils sanitaires dans l’objectif d’y malmener les spectres qui y sont confinés, des spectres vidés de toute vie. Je regardais les charognards qui se divertissaient et je lisais l’abnégation sur le visage effrayé des spectres.
Combien était-elle si onctueuse, la nostalgie qui dans mon souvenir d’incarcéré des limbes sanitaires, là où d’infinis couloirs longés de cercueils alignés, des cercueils nous contenant, nous martelions vivement nos contestations et nos revendications. En vain hélas.
Nous frappions les parois de nos cercueils en cadence, solidaires, unis contre l’oppresseur immaculé et mandaté par le saigneur tout-puissant. Des coups, des vociférations. En vain.
La chaleur qui nous étrangle ici-bas, une violente et insolente vague de feu qui nous défenestre l’être, asphyxiant notre prairie défunte, j’en profite pour danser avec les flammes.
J’ai besoin d’oublier le désespoir, j’ai besoin de m’évader de ce terrifiant et paralysant ennui. Ennui mélancolique, ennui dépressif. J’ai besoin de m’oublier, j’ai besoin d’oublier que je suis, qui je suis. Il me faut sortir de la conviction que je deviens un soi-disant ‘dément’.
Alors que je valse, en corps à corps avec les flammes, à défaut d’être le charmant partenaire des femmes, j’entends un tonnerre de voix horrifiques et de gémissements horrifiés provenant tous des entrailles abyssales du purgatoire sanitaire. « La geôle ou bien la gnôle ?! ».
Je vois certaines âmes servir d’éponge ‘steak-house’ aux fantasmes sordides des bourreaux tenanciers de ces limbes. Je regarde les âmes tournoyer entre les supplices et les viols.
Au-dessus de ce gouffre rugissant tel un millier de diables, il y a une envolée d’anges totalement fous qui hurlent en se bastonnant virulemment. Je contemple la froideur de ce chaos en guise de spectacle, subventionné par la grâce des « Rédemptés » de l’Éden.
Et je l’entends, elle, au milieu de toutes les putains du paradis. « C’EST LA LOI » hurla dieu.
Elle, gloussant comme une bécasse sans cervelle, elle qui fait une pause entre plusieurs pipes sur des freluquets « irrévérents-cieux », prélassés et avachis dans l’opulence du ciel.
J’entends la putain ingénue qui ricane dans sa culotte « il faut crucifier et damner au banc des royaumes toutes ces erreurs ailées de dieu. Chassons toutes ces créatures de ténèbres, éloignons tous ces « laid’heures » du saigneur tout-puissant » dit-elle hilare tout en gobant copieusement les phallus ramollos de fainéants profiteurs des virtuosités de l’Éden.
Crachés, puis écrasés sur ce désert, le blasphème est un harem, emblème de ‘Maledictis’.
Les dénaturés marchent dans une fierté décomplexée, ils nous affichent leur suprématisme avec machiavélisme. Des damnés cloués sur des bûchers, une envolée d’anges fous à lier.
Nous sommes les anges défendus, des amoureux déçus, l’enfer nous a ouvert grand ses bras.
Dieu nous a condamnés sans avoir voulu nous juger. Dieu n’a même pas cherché.
Dieu nous à blâmés de vouloir apprendre à marcher, de vouloir essayer au moins.
Nous sommes seuls et nous sommes pétrifiés, confinés dans la plus absolue honte.
Honte d’exister, honte de respirer, honte d’être et de vouloir être. Honte de survivre, encore et encore plus. Nous avons refusé de nous agenouiller devant son cardinal.
Nous avons refusé d’avaler la salive bien noire qui provenait de la bouche notoire du Très-Haut. Nous étions tous vivement opposés. Nous refusions d’être marqués au fer comme du bétail de bas-étage. Nous étions tous contre cette sacralisation du « vaxxx-anal ».
À défaut de nager dans l’effervescence d’une obsolescence, nous avions fait serment d’allégeance envers notre violence. Nous nous nourrissions de tous les multiples et diverses sentences comme des toxicomanes en ivresse. Nous baignions possédés par notre virulence.
À plusieurs cycles de solstices, une pluie d’anges s’abat depuis là-haut, un déluge d’enfants ailés, tous des refusés par l’Éternel. Parfois dieu jette ses poubelles sur notre désert.
Le paradis ne s’encombre point, il n’a pas de temps à perdre à s’occuper de trier des anges plus ou moins défectueux. Non, St Pierre ouvre les portes du ciel et quelques séraphins, gradés, poussent virulemment ces anges désenchantés dehors.
Quelques encombrants qui subsistent, une vulgaire tâche sur l’idéologie de ce fichu jardin privatisé. Une mauvaise publicité qu’il faut zapper pour redorer le blason de la cité d’argent.
Lorsque les malheureux chutent violemment et s’écrasent dans la valse des brasiers sataniques et qu’ils comprennent qu’ils ne seront jamais les bienvenus, que père ne les aimera pas, ni qu’il assumera de les avoir faits, dans son esthétique il a tiré un coup gratuit avec une des sirènes du bordel d’Aphrodite et qu’après il faut dégager les moutards non désirés loin du marché des « Rédemptés », les clients de l’offre à la demande. « La geôle ?… La gnôle ?… ».
Des bons couillons qui n’acceptent pas de payer pour une chair « usagée », ça porterait préjudice à la notoriété du bordel sacralisé par dieu et Aphrodite.
Il faut rentabiliser la « fraîcheur » de l’établissement, le paradis fait vendre, quelques anges éjaculés de travers n’ont pas assez de valeur aux yeux des Cieux.
« Agneau de feu, chaos des Cieux… ».
« Agneaux du fléau, anges infernaux… ».
Défénestrés puis disséqués à ciel ouvert, le blasphème est un baptême, le ‘Maledictis’.
À l’heure où l’équinoxe paralyse, à l’heure où le paradoxe glorifie leur paradigme, lorsque le prieuré des neuf cercles aux enfers indéfinissables fait retentir les clochers à douze reprises, lorsque l’aiguille des horlogeries indique le prime-time de « l’apocalypse 66,6° ».
Lorsque les nuages rouges s’entrecroisent avec les nombreuses flammes infernales d’ici-bas, lorsque c’est l’instant fatidique pour les missionnaires de notre saigneur tout-puissant, sauveur des persécuteurs, messie des crucificateurs, de nous rappeler les ‘ensaignements’ nécessaires.
Nous sommes assis, dociles, pétrifiés et envahis de rage. « La geôle ou alors la gnôle ».
Les pasteurs à tête de crâne déambulent pour nous distribuer de leurs mains squelettiques l’hostie mortifère, la communion de la négation. Le visage de dieu dans les nuages est à l’affût, il observe chaque avalement, chaque abandon, chaque résilience et abnégation d’espoir.
S’en vient la prédication vaccinale, le rappel à l’ordre établi vis-à-vis des hiérarchies imposées et non négociables. Le tarif heures des jouvencelles de jouvence d’HELL, la caresse « charn’elles » à la demande du marché.
Le cardinal aboie sa doctrine hiérarchique, sa verveine d’allié-nation haineuse, comme un aliéné sanitaire « combien pour sa grâce vaginale ? Combien pour délaissez votre âme ? Combien pour satisfaire la garantie d’acquérir ses charmes ? Con-fesses-toi et Con-fesses-la ». Scande le cardinal. Dieu surenchérit, masqué dans les nuages brumeux, d’une voix d’outre-tombe « Payes, payes, défais-toi de la nuit… C’EST LA LOI !!! ».
Je reste figé, accompagné par quelques frères de misère, des comparses rebelles, enfiévré par l’irrépressible entêtement de déplaire à cette farce, sectaire et sociétaire.
Je regarde une des putains vampiriques sur l’autel, offrant sa chatte en guise de calice VIP pour une somme indécente. Certains anges déçus deviennent hystériques et se laissent enfiévrer à jouer aux diktats de l’enchère.
On croirait qu’à chaque messe-kermesse des équinoxes, on croirait que la Mecque des traders mortels, « Wall Street », fit une permutation chez-nous, comme un coma astral.
Je dévisageais une de ces catins vampiriques, celle-ci même pour laquelle mes câlins font de mes ailes l’hérétique. Je la vois minauder comme un chaton femelle qui miaule pour être souillée par les plus offrants.
Elle sait parfaitement que je l’appelle follement à travers mes prières.
Elle le sent et elle ressent l’embrasement de la colère qui éviscère l’ensemble de mon âme et de mon être. Ça l’excite admirablement.
« Payes la, enlace la. Payes mon fils ». Hurle le cardinal en agrippant les hanches d’une des deux nonnes vampiriques exhibées à genoux sur l’autel, il lui caresse ses fesses vigoureusement, la seconde putain se mets à langoureusement donner des coups de langue sensuelle sur la partie « masculine » du prêtre tout en zyeutant l’oratoire d’anges désenchantés, tous détruits et criant comme des désaxés pour mieux enchérir.
Certains se désistent de leur auréole, d’autres s’arrachent les ailes avec une barbarie inégalable. La vue de ces deux jeunes nymphomanes à l’éthique monnayée dansant lascivement, suggestivement, doigtées par le cureton crâneux.
« Nous sommes la voix de l’Éternel, tel en est le talion du saigneur tout-puissant, sauveur des persécuteurs, messie des crucificateurs… Les blasphématoires iront dans le four crématoire ! ». Scandent-ils à outrance en caressant les deux nonnes salopes. Le tonnerre rugissant, les clochers en fureur, la voix d’outre-tombe de dieu ponctuant l’office : « C’EST LA LOI !!! ».
« Agneau de feu, chaos des Cieux… ».
« Agneaux du fléau, anges infernaux… ».
Dépecés puis dévorés à ciel ouvert, les blasphèmes sont stratagèmes, le ‘Maledictis’.
Douces jeunes femmes, tendres et attrayantes flammes parcourant les ténèbres, jouvencelles de jouvence d’HELL, opium du pandémonium.
Le sang est l’offrande de la démence. Le vent est cette gifle insolente qui enlace les violences.
Le sang est une rosace éclairant de nombreuses offenses, en communion avec la sulfureuse de ses péchés. Traquer mille délivrances à travers l’opium, sentir et ressentir le pandémonium.
« À quelle grandeur désires-tu que les canines de la belle entache la profondeur de ton âme mon fils ? ».
« À quelle taille désires-tu que les crocs de la jouvencelle damnent ton âme mon enfant ? ».
Caresser l’abîme, caresser l’intime, effleurer ses canines, cette enivrante morphine.
Des nones qui s’accrochent à la prêtrise de leurs miroirs. Des nones éprises de leur prêtrise.
Je les vois sur les abords du Styx, régulièrement elles s’admirent, fascinées par leur reflet, celui-ci ne cesse de les conditionner aux mensonges dont elles sont les esclaves.
Les jouvencelles de jouvence d’HELL dialoguent indéfiniment avec leur reflet, je vois des lignées d’écervelées en tête-à-tête avec elles et l’avatar chimérique, machiavélique ruse d’art-gent de leur miroir des narcisses. Ça n’offusque point les baptiseurs du Styx, au contraire.
Des obsédées de leur reflet, des novices succubes qui se monologuent sans complaisance sous les crucifiés publics, ceux qui se font piper et dévorer par les « Damned Again ».
Les ecclésiastes motivés et enjaillés à déconstruire l’originel. Des putains fixées sur leur reflet. Quelques anges cadavériques ressurgissent des eaux Styxiènne, affamés d’insolence contre-naturelle, ils se ruent vers les exhibés crucifiés et nécrosent les condamnés.
Les effrontées s’amourachent de leur miroir, la démence nécrose l’offre à la demande.
« Payes, délaisses-toi de la vie mon fils ».
« Payes, défais-toi de la nuit mon enfant ».
Jouvencelles de jouvence d’HELL, opium de tous nos pandémoniums, « charn’elles ».
Des expertes de l’équestre mais des pucelles d’amour, ignares dans l’art du cœur.
« Et oui, très cher prêtre, comprends-tu à présent ? ».
« Les colombes descendent des cieux en trombe, en rangs disciplinés, les colombes de dieu assassinent toutes les ombres, ces âmes oubliées délibérément par l’éternité ».
« Entends-tu prêtre ? Écoutes la, cette folle colère qui embrasera mes prières ».
L’omniprésence d’un florilège de tentations « charn’elles ». Toutes ces ivresses d’hormones d’elles, de l’opium d’érotisme, onirisme à s’enivrer l’âme jusqu’à désirer à ce que le bourreau t’achève froidement par sa hache, aiguisée, avant d’y éteindre l’incendie qui carbonise ton cadavre, rôtissant sur le bûcher.
J’ai vent des songes qui caresse l’Éden, un jardin truffé de mensonges, la haine en allégeance.
Isolé dans ma petite crypte, une fois mes branlettes ensanglantées effectuées.
Heure après heure de pensées mélancoliques, de réflexions neurasthéniques.
Je regarde la rosace, puis je regarde la croix. Je murmure un mantra, écrit de latin. J’attrape un vieux pistolet, récupéré des époques 1600 ans aux mortels, je colle le canon dans ma bouche.
Silencieux et calme, mes yeux fixes et enragés de flammes, mon auréole qui s’incendie par mille colères dont les flammèches dansent et font de légers cabris.
Silencieux, pourtant mon âme est loquace, mon âme hurle la férocité qu’est la misère sexuelle. Mon âme vocifère à quel degré la violence en est indéfinissable, insoupçonnable, et pourtant tellement épineuse et si empoisonnée. Une espérance que l’immortalité a suffoquée depuis tant d’éternités. Un chaos ficelé et biberonné.
Silencieux, mon être vacille, il vocifère l’asphyxie, il ressasse rancunier la réitération d’une vie si prisonnière, un confinement sans goût ni parfum. Une éternité à vivre sans vivre.
Une existence sans issue, un labyrinthe sans essence, un cercueil sans espace ni oxygène.
Attraper le vent au vent, saisir du vide alors que le panier semble garni.
Ressassant ces visions d’onirismes sexuels, une sensualité auprès de toutes ces pucelles d’aimer, toutes si belles et légèrement dévêtues. L’éden dans les enfers.
Tous ces désirs et tous les plaisirs qui me sont, à jamais, interdits.
Les flammèches de mon auréole dansent intensément, comme folles, possédées.
Mes yeux déchaînent leurs brasiers, hurlant, contemplant la solitude et les cendres.
J’appuie sur la gâchette, j’appuie avec jouissance, j’appuie avec insolence, j’appuie avec passion, déraisonnable et déraisonnée.
J’appuie comme l’étreinte d’absolution, amoureuse et langoureuse.
J’appuie comme si mettre fin à l’emprisonnement c’était mettre fin à ces jours. Comme pour payer un douanier afin qu’il m’autorise à fuir. Fuir les enfers, fuir l’horreur, vivre l’exil.
« Agneaux de dieu, chaos des Cieux »…
Le coup de feu me fit sauter le caisson, balançant et brûlant plusieurs bouts de chair et quelques morceaux de cervelle, repeignant ainsi cette crypte avec mon sang d’immortel.
À force de me faire régulièrement flinguer la cervelle, la petite crypte que j’occupe, celle où je me branle, celle où je crise, cette crypte finit par devenir plutôt ‘art déco’.
Le temps que mon corps se régénère, ma chair, mon visage, mon auréole et mon regard de braise, lueur dans cette pénombre, je plane. Tel un shoot, un fixe, une dose de paix, je respire.
Je respire enfin. S’apaiser en acceptant qu’on est l’hérésie, accepter qu’on soit l’ignoble ignominie. S’apaiser et se soigner en acceptant que la prêtrise me détruise et m’atomise.
Après m’être tué, tel ce papillon assez malade, la régénération fait l’effet d’une onctueuse et délicate caresse si curative, elle est identique à toutes ces douces papouilles d’une jouvencelle.
Toucher une part d’amour par une étreinte coquine avec la mort. Biberonner sa violence.
La régénération me procure une vague d’endorphines, semblable à ce qu’il me semblerait être la paix, l’indolence absolue à travers un shoot d’héroïne que l’on s’inocule dans les veines.
Mes yeux se régénèrent, intégralement ils flamboient, ils étincellent, puis je redeviens ce que je suis, ce qu’il me faut être. Je redeviens ce que je fuis… « La geôle ou bien la gnôle ? »…
Je profite de l’accalmie, étourdi par l’endorphine, je respire cet oxygène de lâcher-prise et je me laisse m’abandonner dans ma régénération afin de mieux planer.
Respirer et le ressentir, respirer et finalement le kiffer, cet instant particulier. Ce que pourrait être la vie, ce qu’elle serait, si je n’étais pas cet effrayant blasphème que je m’évertue à fuir.
Je regarde la rosace et je contemple la croix, « in exelcis deo » leur dis-je à demi éteint.
Je savoure ce nectar, ce néant qui défile à chaque minute, une morphine à chaque seconde.
À chaque fois que je me tranche les poignets, à chaque tentative de vouloir m’évader à travers le vide, comme un « saut de l’ange », je m’abandonne, fataliste et défaitiste… Amen…
J’oxygène mon âme vers une philosophie de paix qui me paraît si délectable. Plus acceptable.
À l’extérieur de ma crypte, au-delà des murs de ce vieux cimetière, l’envolée des anges fous qui s’enjaillent et qui se tabassent dans leur vol. Les hurlements sordides qui proviennent depuis les entrailles des limbes, pétrifiantes, résonnent jusqu’à ma garçonnière lugubre.
Mes brasiers oculaires sont les deux seuls points visibles de mon visage, caché dans ces ténèbres solitaires qu’est ma ‘petite’ crypte à moi. Ils flamboient si vifs qu’agressif je le suis.
À l’église, la litanie lancinante de « Père-vers », ça nous assomme, l’inertie face au désenchantement incessant, l’existence sans exister. À la longue…
Je n’entends de sa bouche, celle de père, que « punition », jamais ce modeste mot « aimer ».
Punir, cette intention imparable, implacable, quasi rhétorique de la part des Cieux.
Dans les abysses, où je fus interné dans les cercueils des limbes, captif dans l’isolement de la crypte, dans cette existence de chartreux des neufs apocalypses, il n’y a pas d’oreille compatissante. Les joyeux drilles qui formulent des astuces à tire-larigot, ou encore ces offusqués recroquevillés derrière leurs sourires de façade, leur masque politiquement correct.
Dans les ténèbres, dans ces branlettes de sang, dans l’adrénaline de la roulette russe. Il n’y a personne autre que la Faucheuse pour venir vous fredonner une berceuse. La mort s’approche de mon visage, elle murmure près de mon auréole : « la prière ça va de pair avec l’enfer ».
Seul et incompris, incarcéré au sein des neufs enfers, les voix du saigneur sont imperméables.
Les prairies desséchées s’alignent par d’immenses champs meublés de croix en bois.
Chacune des croix représentent une prière et l’innocence d’un ange désenchanté. Chaque croix était l’édifice d’une foi en dieu. Chacune des croix se met, une après une, à brûler. Muette.
Ici-bas, la seule façon d’avoir chaud au cœur c’est d’être enlacé par la disgrâce et la torture abusive du saigneur tout-puissant. Depuis un millénaire, peut-être deux, les champs de croix sont une peinture d’oxydation. Les flammes s’allongent de plus en plus, vastement.
Telle une minuterie, les croix s’enflamment une à une comme le décompte signifiant la déception que nous éprouvons, ici, à l’égard de l’espoir, à l’égard d’Éden, à l’égard de dieu.
À chaque croix qui se met à cramer, j’entends les chants partisans venant des crucifiés exhibés sur les bas-côtés des rivages du Styx. Cloués et lobotomisés par la misère, dévorés par les « Damned Again », la verge pipée par ces rebaptisés de dénaturation dégénérative.
Des crucifiés servant de ‘steak-house’ LGBT qui ânonnent bêtement « allons enfants damnés de l’inertie, le jour des disgrâces est né ». je regarde l’inflammation de croix s’étendre l’une après l’autre, comme un ballet de danseuses aquatiques cherchant à émerveiller les jurés.
Cinglés, les soleils se mirent à s’éveiller à contre-sens, puis à vouloir danser à l’envers. Ils invitèrent la nuit à les suivre, mais la nuit préfère nourrir toutes formes de colères.
L’emprise des limbes est sans fin, on y rentre mais jamais on n’en sort.
À l’extérieur l’emprise ne lâche jamais sa prise… Amen ?…
Les lieutenants de ce triste royaume sont des experts dans la science du mortifère. Cloîtré dans l’enclos, on est y biberonné de chaos. L’horloge semble tourner mais le temps est à l’arrêt.
Je me souviens de tout, chaque seconde enclavé dans ces catacombes, chaque minute à étouffer, sanglé, vissé, dans ces satanés cercueils sanitaires, ces maudites geôles.
Dieu m’y avait interné de force, un internement d’office comme cela s’appelle.
Dieu m’y a assassiné là-bas, lorsqu’à l’aube de mon immortalité, ma jeune conscience, curieuse comme tous les enfants, elle désirait éclore, apprendre en battant de mes ailes.
Certes, depuis plusieurs soleils ont dansé un milliard de fois.
Bien des éternités ont balayées les cendres de ceux que j’aimais.
« Vois-tu, prêtre… ».
« Les colombes ont exécuté une hécatombe au sein de nos catacombes ».
« C’est depuis cette nuit-là que, chacun d’entre-nous, nous tremblons, et que nous nous cloisonnons mordicus dans la pénombre ».
L’immortalité resserre et acère ses griffes sur mon auréole.
L’amère misère cherche à faciliter l’endoctrinement des prosélytismes.
Ces « bien-pensants », persuadés de tout détenir. Des bonimenteurs colporteurs d’idées toutes faites. Des revendicateurs toujours sûr d’eux, des crucificateurs sans poids ni mesure.
Planqué et accroupi dans ma crypte à suicides, et accessoirement ma garçonnière à branlettes ratées, je me terre assis par terre et je dévisage la rosace où la nuit est comme chien-loup.
À l’extérieur l’horreur s’active, l’hérésie nous paralyse. Dans la pénombre, la chandelle de mes brasiers oculaires illumine mon désir de vengeance, une libido beaucoup plus virulente que l’attrait pour les putains, des vulves à la cervelle élimée mais à l’insolence illimitée.
J’aiguise la lame ramassée en cachette durant l’office des « irrévérents-cieux », elle porte le sceau de dieu, c’est dire si me trancher les poignets est un acte d’amour envers notre créateur.
Un fou qui nous éjacula dans le vide et qui nous envoya dans le four des horreurs, ce désert de misères, parce qu’il était écœuré d’avoir pu nous fabriquer. Nous étions des échantillons ratés, parfaits pour incarner l’avortement sans condition ni concession.
Je saignais mes poignets et je me scarifiais. J’entendis la vocifération de dieu troubler mon petit instant d’accalmie, « CESSES DE TE VICTIMISER, MISÉRABLE BLASPHÈME » rugit-il d’une voix rauque et ferme. La compassion n’a jamais été au goût de l’Éternel.
Je me chatouille le haricot sur mille chaos, je renifle l’adrénaline de me supprimer, comme une traînée de ligne de « poussières des anges » je sniffe comme un malade, un boulimique extrême.
À l’intérieur de la crypte, le froid prend possession de mes ailes, il enlace ma peau et lacère les flammèches de mon auréole. Seuls mes yeux font une sorte de cheminée dans l’obscurité.
Les souvenirs de la catin me souriant désinvoltement sont répétitifs.
Les blessures de l’Éternel, les blâmes incessants à la messe-kermesse, les incestes de la faucheuse sur mon être… À la longue…
Dieu, saigneur tout-puissant. Dieu, notre maître. Dieu, incontesté, incontestable, impitoyable.
À la longue, entre l’incendie des champs de croix, entre pointer à la messe-kermesse, entre les chants amers de nonnes vampiriques, jouissant afin d’étaler la monnaie. À la longue…
« L’égalité ou légalité ? ».