BOUC ÉMISSAIRE
10 sept 2024 par vincent
« Puis-je te poser cette question, à toi prêtre ?! »…
« Est-ce toi prêtre, est-ce toi qui sacralise les enfers ? »…
« Ou est-ce l’enfer qui te sacre ?! »… « Répond-moi prêtre »…
La lune qui embrassa chaque soleil, la lumière qui nécrosa chaque surface de notre nuit.
Au cœur de cette vétuste cathédrale, il y a quelques cierges qui subsistent, ils dépérissent, fanant dans le silence. Les défunts vocifèrent, en vain, dans les coins d’ombre de cette église.
Seul dans mes pensées, puis égaré dans mes prières, interminables, sans jamais obtenir une réponse. Ici ou alors isolé dans ma petite crypte, face à ma rosace et mon crucifix.
Ici ou fabriquant mes bouts de croix en bois, recyclés de leurs messes noires, caché entre les tombes, dans le but d’envoyer quelques « SMS » en fumée, des signaux morses vers le Ciel.
« Délaisses-toi de ton âme, con-fesses-moi l’attraction sensorielle ». « Charn’elles ».
« Paye la candeur de ses faveurs, caresse la douceur de ses charmes ». « Charn’elles ».
On ne meurt qu’une fois mais jamais, au grand jamais, on vit. On peut recycler sa mort à l’usure des infinis. Que les enfers m’en soient témoins, tous ces ‘princes’ immaculés, tous ces ‘rois’ dégénérés, des coutumiers de la verve du scandale, ceux à l’alphabet du « je sais tout », ces mêmes missionnaires de dieu, notre « saigneur » tout-puissant régnant sur son ciel privatisé.
Ces gugusses-là ont été les plus meurtriers, les plus barbares, envers mes frères, envers plusieurs créatures des ténèbres. Ils ont tué sans relâche, comme de véritables lâches.
Sans couille, au nom de l’Éternel. Sans question, sans regret, ni aucun remord.
En effet : « ils savent tout », bien évidemment… Isolé dans ma crypte, je ressasse, je me triture et je me torture. Cependant j’ai l’audace, je clame avec droiture que la nuit je la connais.
Depuis trop longtemps, j’ai ce privilège de la tutoyer. La nuit m’est davantage familière que n’importe quel hurluberlu, sorti de nulle part, qui gonfle ardemment ses pecs… Croit-il…
Lorsque j’ai besoin de m’apaiser, adoucir mes maux, calmer plusieurs de ces chaos qui me possèdent, je me lacère et j’entaille ma chair.
Je me purge de la douleur, de la souffrance, dans une bonne saignée.
Un tranchage de veines, pataud, juste le temps de quelques secondes.
J’ai besoin d’acquérir « une » paix mais pas ‘LA’ paix.
Il me faut toucher un semblant d’accalmie en effleurant, en flirtant avec une forme d’adrénaline du ‘suicide’. L’héroïne me câline, l’héroïne est une morphine. Elle m’est féline.
Pendant que ce sang éternel, un sang qui ruisselle dans mes veines, pendant qu’il fait une excursion pour s’allonger à mes pieds, je ressens le calme.
Je ressens cette délicieuse sérénité, si enivrante, si addictive.
Il me faut embrasser l’horrifique, accompagné d’une cavalcade de tragiques, dans le but de mieux m’extirper, momentanément cela va de soi, de l’effroyable immortalité à vivre.
Épouvantable est l’impasse dont dieu nous a gratifiés depuis qu’il nous a jetés. Longue est la chute pour nous, les êtres damnés, des rejets errants en chœur dans le cœur des neufs ténèbres.
L’éternelle nuit s’est soumise à des diktats de jours éphémères… « La geôle ou la gnôle ».
Caché dans l’obscurité, je me planque des épines. Celles de la grande existence.
La vie, cette immortalité, une éternité dans un calice de souffrance, le boire, l’avaler, c’est ouvrir les portes de son être à la cicatrice la plus rude, aux blessures les plus absolues.
À des passions des plus obscures… Toucher l’aspiration c’est effleurer la malédiction.
Dissimulé dans les ténèbres de moi-même, cloîtré dans l’ombre de cette crypte, mes yeux de braise déchainent cette lumière qu’est ma colère. La fureur que sont mes fêlures.
Une énième haine envers toutes ces prières qui n’ont jamais sût éclore.
Comme jardiner une plantation d’espérance pour rien, en vain, rien d’autre que du vent.
« Poussières, mes prières et mes désirs ne resteront qu’une envolée de poussières ».
Cette fois, le crâne refabriqué comme pipe à cracks par les satanistes amateurs, ces garnements tout justes chiés par l’anus du Ciel, ici-bas. Ce crâne fait désormais de la décoration dans mon antre. J’ai fini par céder à la tentation, styliser le design de la crypte où je crise, où je me branle, où je meurs puis me régénère sans penser à lendemain.
Léthargique et captif d’une mise à mort institutionnelle, régimentée par l’église et ses fous fanatisés d’un « saigneur » tout-puissant. Un aliéné consumé par son obsession de téléchargement inter-dimensionnel d’une ère homosexualisée.
L’idée m’a plu et cet objet orne à présent ma petite bulle.
J’avoue que les petits satanistes m’ont quand même « évadé » l’âme, si je puis dire.
Dans le sens où leurs rituels crématoires m’ont permis de fabriquer mes petites croix en bois pour faire des signaux de prières à St Jésus. Gratuitement, sans payer une redevance à l’éternel. Espérer sans casquer un moindre coût.
Ces galopins m’ont offert, en l’abandonnant à terre et usé comme une guenille, mais ça me décore bien la crypte, ce crâne en pipe à cracks contraste pas mal avec le crucifix en pierre et la rosace illustrée où je lancine du chant taciturne à longueur de nuits solitaire.
Des revanchards encore ignorants, de jeunes anges dont le Paternel n’a que faire qu’ils soient oui ou non sa progéniture. Dieu se fout des êtres qu’il éjacule vers les enfers. Quand bien même ils seraient défigurés en frottant les brasiers des neufs cercles sataniques durant la chute. Lui IL ne voulait qu’essuyer son premium phallus dans la vertu vaginale des nymphes vampires, tapinant au compte d’Aphrodite dans les harems de « JOUVENC’HELL ».
Et je la revois, je regarde la putain écervelée, l’attrayante catin tant insolente, voire trop.
Celle-ci patauge dans un bain moussant, celui de son arrogance.
Frivole en tête à tête avec son narcissisme, préoccupée à plaire à son miroir des alouettes. Au bal des mygales à la toile bien pendue. Là où l’Orchidée sévie de ses charmes : « JOUVENC’HELL ».
Oh dieu, l’Orchidée…
Un verre de trop dans sa chatte « qu’est-ce que j’ai pu te subir » me disait avec légèreté l’écervelée. Cette désirable et bandante putain qui s’esclaffe comme une petite folle pendant que je suis en train de cramer allégrement sur leur bûcher.
Je me tétanise sous l’insolence musicale des clochers de leur prêtrise.
J’entends dieu qui ricane, au loin, dans la ‘grandeur’ de ses Cieux, « C’EST LA LOI !!! ».
L’inertie, mère des non-dits. L’inertie, celle qui ronge les pulsions, l’inertie, celle qui exulte l’inflammation de la déraison. L’inertie, la malédiction exauçant la lie de toutes les lies.
Je revois chaque messe, là où le déshonneur s’écrit dans le nom des dieux.
Je revois ses doigts squelettiques qui m’entaillent au grand nom des Cieux.
Parfois je m’aventure près de cette vallée, ‘LA’ vallée, la vallée des morts. Je vais m’y réfugier, pas loin d’une plaine aussi obscure que le défraîchissement d’un routinier désert.
Je me mets en retrait de la « cité des anges déchus », je me calfeutre dans quelques pénombres de la vallée. Je salue avec une réelle courtoisie quelques ombres par une étincelle d’auréole.
Dans l’obscurité de la vallée des morts, j’entends ces femmes si malheureuses, toutes ces femmes lâchement condamnées, sans nom, par l’Éternel « saigneur », pour de la « sorcellerie ».
J’entends de l’orgueil, j’entends de la cruauté, j’entends la démence du « saigneur » tout-puissant. J’entends son rictus ostentatoire, j’entends son immaculée immunité. Il ne regrette rien.
J’entends ces femmes, malheureuses et désespérées, elles s’enflamment, elles sont toutes ligotées sur des rangées de potences. À la merci d’un vent tout aussi glaçant.
Elles sont plusieurs, elles sont alignées sur plusieurs hexagones, leurs hurlements surpassent l’agonie définitive. Des voix de femmes brisées, meurtries et manipulées par de la religion…
Ça me fait souffrir, dans ma chair j’ai réellement mal pour ces femmes. L’Orchidée devrait s’habiller de honte. Toutes ces odalisques vampires devraient être vétues par la disgrâce.
Ces femmes-là qui crament, ça me défenestre l’âme. J’ai tant de rage contre les autres, des courtisanes qui pipent les ânes. Je les regarde jouir, là-haut dans les Cieux, ces courtisanes qui batifolent avec les infâmes, y écrasant les fleurs qui ornent la « cité d’argent ».
Exhiber de la stupidité, afficher l’étalage de leurs esprits bien trop étriqués, là-haut dans ce ciel, alors que des femmes innocentes se font oxyder au nom d’un esclavagisme : le dogme.
Dans les neufs cercles, au cœur des neufs enfers, dans le sein de la vallée des morts, dans les limbes, purgatoire des confinés sanitaires, ici-bas en général… Personne n’est dupe. On se dope dans cette illusion. Celle que l’immortalité vaille la peine qu’on s’accroche à elle.
« Agneaux de dieu, chaos des Cieux »…
De ces tête-à-tête avec moi-même dans ma vieille crypte, entre la croix et la rosace.
De ces petits « dates » lugubres, accessibles eux. J’en suis familier. J’en suis régulier.
Je m’abandonne dans l’effacement de soi. Je m’allonge tel l’amant épris de sa noirceur.
Le chant des virulents est une extase, un puissant onirisme. Si l’érotisme me décline. Amen.
« Eh prêtre, peux-tu éclipser tes cantiques ? »…
« Eh prêtre, sais-tu lire la détresse d’un catatonique ? ».
Les portes de l’enfer restent scellées, des archanges de divinités nous y ont cadenacés.
St Pierre veille à ceux-là même qui voudraient se tenter à resquiller l’accès vers le jardin privatisé. Parfois je m’aventure près de l’entrée des neufs enfers.
Le blasphème c’est un sport incontournable de par chez nous. Nous sommes toujours les médaillés d’or inégalables en la matière. Blasphémer c’est comme réciter une homélie sacrée.
Le chant des égrégores envenime les hymnes, les jouvencelles aux fraiches canines se complaisent à embraser les enchères, post-église, par le relais des miroirs narcisses.
Le cadran des âmes tourmentées danse en y tournoyant l’effroi et l’effroyable, au-dessus de l’entrée des enfers. Dans le manège, certaines âmes se bastonnent entre elles, ivresse d’orgueil ou testostérone, qui peut bien savoir ?! Une violence qui fait la béatitude de leurs tortionnaires, les charognards, ces bagnards du Très-Haut. « La geôle ou bien la gnôle ? ».
Des escadrilles d’anges déchus volent en tornade circulaire, ils expriment toute la folie qui les possède depuis que dieu, notre « saigneur » tout-puissant, a posé son baiser de haine sur nos ailes.
Plus j’envoie crachats et injures, plus les anges de St Pierre descendent pour faire trembler les portes de l’enfer. C’est l’intimidation, la force de la peur, le pouvoir de l’horreur. Déshonneur.
St Pierre triture ses clés divines, il trifouille sa barbe grisée par l’absence des éternités.
Dieu fit apparaître son visage dans le carambolage des nuages. Dieu rugit de sa voix rauque.
L’escadrille d’anges-heureux martela plus intensément et St Pierre envoya une vague de lumière divine pour me carboniser un peu les ailes. Le ciel se doit de s’afficher par le marteau virulent de son autorité suprême.
Alors que je brûle et me régénère dans le même temps, je dévisage l’entrée de « l’interflora » desséché pour âmes condamnées : « mais tu ne pourras jamais me tuer » insistais-je vers St Pierre, puis vers l’Éternel. Levant mes yeux embrasés, dans une combustion extrême.
Dans les nuages, le visage de dieu gronda intensément plus fort « C’EST LA LOI !!! ».
« Père, à travers tes cantiques, je revois le désespoir ».
« Prêtre, dans ton calice, ta verveine a la saveur de l’infection ».
Mes yeux, mes ailes et mon auréole s’expriment, elles se révèlent dans la rage de l’incendiaire. Le visage de dieu, bouffi dans ses nuages, ses yeux ivres d’un rouge scintillant.
La lumière qui lacère ma chair et cette dernière qui se régénère à la ritournelle. La défiance, l’adrénaline de fuir. La morphine, si curative, de la vengeance, d’affirmer sa contestation.
La tornade des anges déçus, ils volent dans une danse circulaire. Tous en forme de guirlande, ils affichent leur démence. Ces anges déçus, ils réagissent devant l’écho de ma virulence.
Ils se mirent à leur tour à jeter quelques crachats d’acide sur la façade des portes effroyables.
Il semblerait que je ne sois pas le seul à être en crise. Je fais effet papillon. Un battement de cil puis une boule de neige qui murmure l’apocalypse. Encore de l’ère à faire taire dans l’œuf.
Tous les cercles s’enflammèrent, plusieurs vociférations saccadèrent les neufs enfers.
La faucheuse fit une apparition pour clore le bal, dans un noir brouillard la mort finit de se chatouiller l’asticot qui lui sert de verge. La mort hurla comme mille Valkyries en pleine folie.
La mort sert de dernier recours au ciel, comme un divin RAID pour disperser et annihiler les votants dissidents. Le dernier recours quand l’entourloupe n’illusionne plus.
À la demande des anges dans le ciel, la faucheuse illumina ses yeux de sang et elle hurla en mordant ma chair, celle-là même qui subit des brûlures provenant de la lumière du Ciel.
La mort poursuit en bavant du venin sur mes ecchymoses, carbonisées, par quelques coups de langues homosexuelles. La mort agrippait mes joues de ses canines, je luttais comme un irlandais en pleine messe d’exorcisme.
Durant une foulée de minutes, j’étais de la viande, une barbaque immangeable dont on lui a déjà fait – à maintes et maintes reprises – le reproche d’être impropre à la consommation.
Alors que ma peau se régénérait dans l’étalage de chaos et des vacarmes infernaux, j’entendis son effrayant rire, ce rire glaçant, un gloussement sadique. Ce rire qui annonce la couleur.
L’Éternel m’aboie de son immense voix : « C’EST LA LOI !!! ».
Le blasphème, la religion du maudit. Un baptême. Une sacralisation de « Maledictis ».
De retour dans la crypte, ma garçonnière à branlettes, le confessionnal de mes crises mortifères. Pendant que l’obscurité caresse et apaise mes dernières brûlures, l’indolence des ténèbres agit comme une pommade soignant ma peau et mes ailes.
Je regarde la croix, en silence. Je me noie l’esprit de questions et d’angoisses.
La confusion et la contradiction font un vacarme dans ce Tartare qu’est mon âme.
L’inertie ça me rappelle follement l’étreinte de la démence, une violence qui m’a infecté, un poison qui a baisé mes jours et mes nuits dans le tourbillon d’un gigantesque manège aux âmes torturées, tournoyant, hurlant furieusement, l’agonie d’une prison infinie.
Obligés de l’accepter, l’aliénation de dieu. La malédiction des Cieux.
Seigneur, j’étais enfermé. Piégé par la froideur assombrie de tes limbes.
« Saigneur », j’observais l’immensité comme un mariage fait de convives désenchantés.
J’observais les orfèvres de la torture, ils ouvraient les cercueils sanitaires dans l’objectif d’y malmener ces spectres qui y sont confinés, des spectres vidés de toute vie. Je regardais les charognards qui se divertissaient. Je lisais de l’abnégation sur le visage des spectres, effrayés.
Combien en était-elle onctueuse, la nostalgie qui dans mon souvenir d’incarcéré de limbes sanitaires, là où d’infinis couloirs longés de cercueils alignés, des cercueils nous contenant, nous martelions vivement nos contestations et nos revendications. En vain hélas.
Nous frappions les parois de nos cercueils en cadence, solidaires, unis contre l’oppresseur immaculé et mandaté par le « saigneur » tout-puissant. Des coups, des vociférations. En vain.
La chaleur qui nous étrangle ici-bas, une violente et assourdissante vague de feu qui nous défenestre l’être. Elle asphyxie notre défunte prairie, moi-même je m’en amuse. Par ennui que sais-je ? Je profite de cette violence pour danser avec les flammes. J’ai besoin d’oublier le désespoir, j’ai besoin de m’évader de ce terrifiant et paralysant ennui. Ennui mélancolique et méthodique. Ennui dépressif. J’ai besoin de m’oublier. J’ai besoin d’oublier que je suis, ce que je suis, qui je suis. Il me faut sortir de la conviction que je deviens soi-disant un ‘dément’.
Alors que je valse, en corps à corps avec les flammes, à défaut d’être le charmant partenaire des femmes, j’entends un tonnerre de voix horrifiques et de gémissements terrifiés provenant tous des entrailles abyssales de ce purgatoire sanitaire. « La geôle ou bien la gnôle ?! ».
Je vois certaines âmes servir d’éponge ‘steak-house’ aux fantasmes sordides des tenanciers, les bourreaux de ces limbes. Je regarde tournoyer ces âmes, entre les supplices et les viols.
Au-dessus de ce gouffre rugissant tel un millier de diables en colère, il y a une envolée d’anges totalement fous qui hurlent en se bastonnant sauvagement. Je contemple la froideur qu’est ce chaos en guise de spectacle, subventionné par la grâce des « Rédemptés » de l’Éden.
Et je l’entends, elle, au milieu de toutes les putains du paradis. « C’EST LA LOI » hurla dieu.
Elle, gloussant comme une bécasse sans cervelle, elle qui fait une pause entre plusieurs pipes sur des « irrévérents-cieux », freluquets prélassés et avachis dans l’opulence du Ciel.
J’entends la putain ingénue qui ricane dans sa culotte « il faut crucifier et damner au banc des royaumes toutes ces erreurs ailées de dieu. Chassons toutes ces créatures de ténèbres, éloignons tous ces « laid’heures » du seigneur tout-puissant » dit-elle hilare tout en gobant copieusement les phallus ramollos de fainéants profiteurs des virtuosités de l’Éden.
Crachés, puis écrasés sur ce désert, le blasphème est un harem, emblème de ‘Maledictis’.
Les dénaturés marchent dans une fierté décomplexée, ils nous affichent leur suprématisme avec machiavélisme. Des damnés cloués sur des bûchers, une envolée d’anges fous à lier.
Nous sommes les anges défendus, des amoureux déçus, l’enfer nous a ouvert grand ses bras.
Dieu nous a condamnés sans avoir voulu nous juger. Dieu n’a même pas cherché.
Dieu nous à blâmés de vouloir apprendre à marcher, de vouloir essayer au moins.
Nous sommes seuls et nous sommes pétrifiés, confinés dans la plus absolue honte.
Honte d’exister, honte de respirer, honte d’être et de vouloir être. Honte de survivre, encore et encore plus. Nous avons refusé de nous agenouiller devant son cardinal.
Nous avons refusé d’avaler la salive bien noire qui provenait de la bouche du Très-Haut. Nous étions tous vivement opposés. Nous refusions d’être marqués au fer comme du bétail de bas-étage. Nous étions tous contre cette sacralisation du « vaxxx-anal ».
À défaut de nager dans une effervescence d’obsolescence, nous avions fait serment d’allégeance envers notre violence. Nous nous nourrissions de tous les multiples et diverses sentences comme des toxicomanes en ivresse. Nous baignions possédés par notre virulence.
À plusieurs cycles de solstices, une pluie d’anges s’abat depuis là-haut, un déluge d’enfants ailés, tous refusés par l’Éternel, notre père à tous.
Parfois dieu jette ses poubelles sur son désert où grouille les cafards qu’il n’a pas eu le cran d’éliminer : nous, ses fils d’ailes. Le paradis ne s’encombre pas.
Non, le paradis n’a pas de temps à perdre à se préoccuper des serviables et dociles, obéissants consommateurs contre les anges réfléchis. Les anges singuliers, désireux de croquer la vie et de la comprendre, indépendamment. Non, trier des anges qui s’avèrent plus ou moins défectueux, c’est pas le dada d’Éden. Non. St Pierre, lui, il s’occupe d’ouvrir les portes du ciel et ses quelques séraphins gradés poussent violemment les anges non solvables dehors.
Une mauvaise publicité qu’il faut zapper afin de redorer le blason de la cité d’argent.
Lorsque les malheureux chutent violemment et s’écrasent dans la valse des brasiers sataniques, qu’ils comprennent qu’ils ne seront jamais les bienvenus, que père ne les aimera pas, ni qu’il assumera de les avoir faits. Dans sa vision esthétique, dieu a tiré un coup de trop, gratuit, avec une des sirènes du bordel d’Aphrodite. Après il faut les dégager ces moutards non désirés de dieu.
Loin, loin, loin du marché lucratif. Le centre commercial où les « Rédemptés » pissent en opulence et payent cher la fraîcheur d’une canine jouvencélique. Où l’émoi d’une vampire se mérite à l’orgueil déloyal de clients d’offre à la demande. « La geôle ?… La gnôle ?… ».
Des bons couillons qui n’acceptent pas de payer pour une canine « usagée », le compteur épuisé ça porterait préjudice à la notoriété du bordel sacralisé et consommé par dieu, Aphrodite étant la mère maquerelle. Il faut rentabiliser la « fraîcheur » de l’établissement, le paradis fait vendre, quelques anges éjaculés de travers n’ont pas assez de valeur aux yeux des Cieux.
« Agneau de feu, chaos des Cieux… ».
« Agneaux du fléau, anges infernaux… ».
Défénestrés puis disséqués à ciel ouvert, le blasphème est un baptême, le ‘Maledictis’.
À l’heure où l’équinoxe paralyse, à l’heure où le paradoxe glorifie du paradigme, lorsque le prieuré des neuf cercles aux enfers indéfinissables fait retentir les clochers à douze reprises, lorsque l’aiguille des horlogeries indique le prime-time de « l’Apocalypse 66,6° ».
Lorsque les nuages rouges s’entrecroisent avec les flammes infernales d’ici-bas. Lorsque c’est l’instant des missionnaires de notre « saigneur » tout-puissant, sauveur des persécuteurs, messie des crucificateurs, qu’il est l’heure de nous rappeler les ‘ensaignements’ nécessaires.
Nous sommes assis, dociles, pétrifiés et envahis de rage. « La geôle ou alors la gnôle ».
Les pasteurs à tête de crâne déambulent pour nous distribuer de leurs mains squelettiques l’hostie mortifère, la communion de la négation.
Le visage de dieu dans les nuages est à l’affût. Il observe chaque avalement obéissant, chaque abandon, chaque résilience et chaque abnégation d’espérance de notre part.
S’en vient la prédication vaccinale, le rappel à l’ordre établi vis-à-vis des hiérarchies imposées et non négociables. Le tarif-heures des jouvencelles de jouvence d’HELL, une caresse « charn’elles » à la demande d’un marché florissant.
Le cardinal aboie sa doctrine de hiérarchie, sa verveine d’aliénation haineuse, comme un aliéné sanitaire « combien pour sa grâce vaginale ? Combien pour délaisser votre âme ? Combien pour satisfaire la garantie d’acquérir ses charmes ? Con-fesses-toi et Con-fesses-la ». Scande le cardinal. Dieu surenchérit, masqué dans les nuages brumeux, d’une voix d’outre-tombe « paye, paye, défais-toi de la nuit… C’EST LA LOI !!! ».
Je reste figé, accompagné par quelques frères de misère, des rebelles comparses, enfiévrés par l’irrépressible entêtement de déplaire à la farce, sectaire et sociétaire.
Je regarde une des putains vampires, elle sur l’autel, offrant sa chatte en guise de calice VIP pour une somme indécente. Certains anges déçus deviennent hystériques et se laissent enfiévrer à jouer aux diktats de l’enchère. On croirait qu’à chaque messe-kermesse, lorsque les équinoxes embrasent le désir et la vengeance, on croirait que la Mecque des traders du royaume des mortels, « Wall Street », fait une permutation chez-nous, comme un coma astral.
Je dévisageais une de ces catins vampiriques, celle-ci même pour laquelle mes câlins font de mes ailes l’hérétique. Je la vois minauder comme un chaton femelle qui miaule pour être souillée par les bourrins des plus offrants.
Elle sait parfaitement que je l’appelle éperdument dans la fureur de mes songes. Elle sait que mes prières brûlent pour elle. Elle le sent et elle ressent l’embrasement de la colère qui éviscère l’ensemble de mon âme et de mon être. Ça l’excite, admirablement.
« Paye la, enlace la. Paye son amour, paye le tressaillement de ses soupirs sensoriels. Paye mon fils ». Hurle le cardinal en agrippant les hanches d’une des deux nonnes vampires.
Deux cabotines exhibées à genoux sur l’autel, il lui caresse ses fesses avec virile vigueur.
La seconde putain se met à donner des coups de langue sensuelle sur la partie « masculine » du prêtre tout en zyeutant l’oratoire d’anges désenchantés, désarçonnés, étranglés par l’absence de réparties physiques. Des anges détruits, criant comme des désaxés pour mieux l’enchérir.
Certains se désistent de leur auréole, d’autres s’arrachent les ailes avec une barbarie inégalable. La vue de ces deux jeunes nymphomanes aux attrayantes canines, à l’éthique monnayable, dansant lascivement, suggestivement, doigtées par le curé squelette.
« Nous sommes la voix de l’Éternel, tel en est le talion du seigneur tout-puissant, sauveur des persécuteurs, messie des crucificateurs… Les blasphématoires iront au four crématoire ! ». Scandent-ils à outrance en caressant les deux nonnes salopes. Le tonnerre rugit, les clochers sont en fureur, la voix d’outre-tombe de dieu ponctuant l’office : « C’EST LA LOI !!! ».
« Agneau de feu, chaos des Cieux… ».
« Agneaux du fléau, anges infernaux… ».
Dépecés puis dévorés à ciel ouvert, les blasphèmes sont stratagèmes, le ‘Maledictis’.
Douces jeunes femmes, tendres et attrayantes flammes parcourant les ténèbres, jouvencelles de jouvence d’HELL, opium du pandémonium. Le sang est l’offrande de la démence.
Le vent est la gifle de l’insolence, il enlace tous reflets de nos violences. Le sang est une rosace qui éclaire vos nombreuses offenses. Dans la communion avec la sulfureuse du péché.
Traquer mille délivrances à travers l’opium, sentir et ressentir le pandémonium.
« À quelle grandeur désires-tu que les canines de la belle entache la profondeur de ton âme mon fils ? ».
« À quelle taille désires-tu que les crocs de la jouvencelle damnent ton âme mon enfant ? ».
Caresser l’abîme, caresser l’intime, effleurer ses canines, cette enivrante morphine.
Des nones qui s’accrochent à la prêtrise de leurs miroirs. Des nones éprises de leur prêtrise.
Je les vois sur les abords du Styx, régulièrement elles s’admirent, fascinées par leur reflet, celui-ci ne cesse de les conditionner aux mensonges dont elles sont les esclaves.
Les jouvencelles de jouvence d’HELL dialoguent indéfiniment avec leur reflet, je vois des lignées d’écervelées en tête-à-tête avec elles et l’avatar chimère. Machiavélique ruse d’art-gent que leur miroir des narcisses. Ça n’offusque point les baptiseurs du Styx, au contraire.
Des obsédées de leur image à travers leur miroir. Des novices succubes qui monologuent sans complaisance en dessous des crucifiés en public. Ces miséreux qui se font piper et dévorer par des hordes de « Damned Again », fraîchement dénaturés du Styx.
Les ecclésiastes motivés, si enjaillés à déconstruire l’originel. Des catins fixées sur le reflet de leurs canines. Quelques anges cadavériques ressurgissent des eaux Styxiènne, affamés d’insolence contre-naturelle, ils se ruent vers les exhibés crucifiés et nécrosent les condamnés.
Les effrontées s’amourachent de leur miroir, en ‘date’ à tête, la démence nécrose la religion, l’offre à la demande érige le talion des aberrations.
« Payes, délaisses-toi de la vie mon fils ».
« Payes, défais-toi de la nuit mon enfant ».
Jouvencelles de « JOUVEC’HELL », opium de tous nos pandémoniums, « charnelles ».
Expertes dans l’art équestre, pucelles d’amour, elles-mêmes ignares dans l’art du cœur.
« Agneau de feu, chaos des Cieux… ».
« Agneaux du fléau, anges infernaux… ».
L’omniprésence de tentations, un florilège de chattes, toute l’ivresse d’hormones d’elles.
D’un opium à l’érotisme, d’un pandémonium à l’onirisme, s’y enivrer l’âme jusqu’à désirer à ce que le bourreau t’achève par sa hache tellement bien aiguisée, avant qu’il soit nécessaire d’éteindre l’incendie. Celui-ci qui te carbonise le cadavre, toi qui rôtit sur leur bûcher.
J’ai vent de ces songes qui caressent l’Éden, un jardin qui s’est truffé de mensonges, l’allégeance à la couronne de toutes les haines. La haine comme seule héritière.
Isolé dans ma petite crypte, une fois mes branlettes ensanglantées effectuées.
Heures après heures de mélancoliques pensées, de réflexions neurasthéniques.
Je regarde la rosace, puis je regarde la croix. Je murmure un mantra, écrit en latin. J’attrape un vieux pistolet, récupéré de l’époque An 1600 des mortels, je colle le canon dans ma bouche.
Silencieux et calme, mes yeux fixes enragés de flammes. Mon auréole s’incendie par mille et une colères, dont les flammèches dansent et font de légers cabris.
Silencieux, pourtant mon âme, elle, est loquace, mon âme hurle la férocité qu’est la misère sexuelle. Mon âme vocifère à quel degré la violence en est indéfinissable, insoupçonnable, et pourtant tellement épineuse et si empoisonnée. Une espérance que l’immortalité a suffoquée depuis tant d’éternités. Un chaos ficelé et biberonné.
Silencieux, mon être vacille, il vocifère l’asphyxie, il ressasse rancunier la réitération d’une vie si prisonnière, un confinement sans goût ni parfum. Une éternité à vivre sans vivre.
Une existence sans issue, un labyrinthe sans essence, un cercueil sans espace ni oxygène.
Attraper le vent au vent, saisir du vide alors que le panier semble garni.
Ressassant ces visions d’onirismes sexuels, une sensualité auprès de toutes ces pucelles d’aimer, toutes si belles et légèrement dévêtues. L’Éden dans neufs enfers.
Tous ces désirs et tous les plaisirs qui me sont, à jamais semble-t-il, interdits.
Les flammèches de mon auréole dansent avec intensité démesurée. Folles ou possédées ?
Mes yeux déchainent leurs brasiers hurlants, contemplant la solitude et les cendres.
Je caresse le canon et titille la détente comme le clitoris que je ne connaîtrai jamais, semblerait-il. J’appuie sur la gâchette, j’appuie avec une telle jouissance, j’appuie avec l’insolence, j’appuie passionnément. Déraisonnable et déraisonné.
J’appuie comme l’étreinte de l’absolution, amoureuse et langoureuse.
J’appuie comme si mettre fin à l’emprisonnement c’était de mettre fin à ses jours. Comme pour payer la douane. Qu’elle m’autorise à fuir. Fuir les enfers, fuir l’horreur. Vivre l’exil.
« Agneaux de dieu, chaos des Cieux »…
Le coup de feu me fit sauter le caisson, balançant et brûlant plusieurs bouts de chair et quelques morceaux de cervelle, repeignant ainsi cette crypte avec mon sang d’immortel.
À force de me faire régulièrement flinguer la cervelle, la petite crypte que j’occupe, celle où je me branle, celle où je crise, là où je me cache, cette crypte finit par avoir un ‘art déco’.
Le temps que mon corps se régénère, ma chair, mon visage, mon auréole et mon regard de braise, lueur dans cette pénombre, je plane. Tel un shoot, une dose de paix… Je respire.
Je respire enfin… S’apaiser en l’acceptant, concéder qu’on est l’hérésie. Accepter qu’on soit l’ignoble ignominie. S’apaiser et se soigner en acceptant que la prêtrise me détruise et qu’elle m’atomise.
Après m’être tué, encore, tel ce petit papillon assez malade, la régénération fait l’effet d’une onctueuse et délicate caresse si curative. Elle est identique à toutes ces douces papouilles procurée par une jouvencelle. Une de celles qui vend ses canines à « JOUVENC’HELL ».
Toucher une part d’amour par une étreinte coquine avec la mort. Biberonner sa violence.
La régénération me procure une vague d’endorphines, semblable à ce qu’il me semblerait être la paix. L’indolence absolue à travers un shoot d’héroïne qu’on s’inocule dans les veines.
Mes yeux se régénèrent, intégralement ils flamboient, ils étincellent, puis je redeviens ce que je suis, ce qu’il me faut être. Je redeviens ce que je fuis… « La geôle ou bien la gnôle ? »…
Je profite de l’accalmie, étourdi par l’endorphine, je respire cet oxygène de lâcher-prise et je me laisse m’abandonner dans ma régénération afin de mieux planer en paix.
Respirer et le ressentir, respirer et finalement le kiffer, cet instant si particulier. Ce que pourrait être la vie, ce qu’elle serait, si je n’étais pas l’effroyable blasphème que je m’évertue à fuir. Je regarde la rosace et je contemple la croix, « in exelcis deo » dis-je à demi éteint.
Je savoure ce nectar, ce néant qui défile à chaque minute, une endorphine à chaque seconde.
À chaque fois que je me tranche les poignets, à chaque tentative de vouloir m’évader à travers le vide, comme un « saut de l’ange », je m’abandonne, fataliste, défaitiste… Amen…
J’oxygène mon âme vers une philosophie de paix qui me paraît si délectable. Plus acceptable.
À l’extérieur de ma crypte, au-delà des murs de ce vieux cimetière, l’envolée des anges fous qui s’enjaillent et qui se tabassent dans leur envolée. Les hurlements sordides qui proviennent depuis les entrailles des limbes, pétrifiantes, résonnent jusqu’à ma garçonnière lugubre.
Mes brasiers oculaires sont les deux seuls points visibles de mon visage, caché dans ces ténèbres solitaires qu’est ma petite crypte à moi. Ils flamboient si vifs qu’agressif je suis.
À l’église, la litanie lancinante de « Père-vers », ça nous assomme, l’inertie face au désenchantement incessant, l’existence sans exister… À la longue…
Je n’entends de sa bouche, celle de père, que « punition », jamais ce modeste mot « t’aimer ».
Punir, cette intention imparable, implacable, quasi rhétorique de la part des Cieux.
Dans les abysses où je fus interné, dans les cercueils des limbes, captif dans l’isolement de la crypte, dans cette existence de chartreux aux neufs apocalypses, il n’y a pas d’oreille compatissante. Les joyeux drilles qui formulent des astuces à tire-larigot, ou encore ces offusqués recroquevillés derrière leurs sourires de façade, leur masque politiquement correct.
Dans les ténèbres, dans ces branlettes de sang, dans l’adrénaline de la roulette russe. Il n’y a personne autre que la Faucheuse pour venir vous fredonner une berceuse. La mort s’approche de mon visage, elle murmure près de mon auréole : « la prière va de pair avec l’enfer ».
Seul et incompris, incarcéré au sein de neufs enfers, les voix du « saigneur » sont imperméables.
Les prairies desséchées s’alignent en immenses champs meublés de croix en bois. Chacune de ces croix représente une prière mais aussi l’innocence d’un ange désenchanté.
Chaque croix était l’édifice d’une foi en dieu.
Chacune des croix se met à brûler, une à une, muette.
Ici-bas, la seule façon d’avoir chaud au cœur c’est d’être enlacé par la disgrâce et la torture abusive du « saigneur » tout-puissant. Depuis un millénaire, peut-être deux, les champs de croix sont une peinture écarlate d’oxydation. Les flammes s’allongent de plus en plus, lascivement.
Telle une minuterie, les croix s’enflamment une à une comme le décompte signifiant la déception que nous éprouvons, ici, à l’égard de l’espoir, à l’égard d’Éden. À l’égard de dieu.
À chaque croix qui se met à cramer, j’entends le chant partisan des crucifiés exhibés sur les bas-côtés des rivages du Styx. Cloués, les ailes écrasées et lobotomisés par la misère, dévorés par des « Damned Again », la verge pipée par ces rebaptisés de dénaturation dégénérative.
Des crucifiés qui servent de ‘steak-house’ LGBT. Ils ânonnent avec prodigieuse bêtise : « allons enfants damnés de l’inertie, le jour des disgrâces est né ».
Je regarde l’inflammation des croix s’étendre l’une après l’autre, comme un ballet de danseuses aquatiques cherchant à émerveiller les jurés.
Cinglés, les soleils se mirent à s’éveiller à contre-sens, puis à vouloir danser à l’envers. Ils invitèrent la nuit à les suivre, mais la nuit préfère nourrir les attraits de la colère.
L’emprise des limbes est sans fin, on y rentre mais jamais on n’en sort.
À l’extérieur l’emprise ne lâche jamais sa prise… Amen ?…
Les lieutenants de ce triste royaume sont des experts dans la science du mortifère. Cloîtrés dans l’enclos, on est y biberonné de chaos. L’horloge semble tourner mais le temps est à l’arrêt. Je me souviens de tout, chaque seconde enclavé dans ces catacombes, chaque minute à étouffer, sanglé, vissé, dans ces satanés cercueils sanitaires, ces geôles maudites.
Dieu m’y avait interné contre mon gré, un internement d’office comme cela s’appelle.
Dieu m’y a assassiné là-bas, lorsqu’à l’aube de mon immortalité, ma jeune conscience, curieuse comme tous les enfants, elle désirait éclore, apprendre en ébattant mes ailes.
Depuis plusieurs soleils ont dansé un milliard de fois.
Bien des éternités ont balayé les cendres de ceux que j’aimais.
« Vois-tu, prêtre… ».
« Les colombes ont exécuté une hécatombe au sein de nos catacombes ».
« C’est depuis cette nuit-là que, chacun d’entre-nous, nous tremblons, et que nous nous cloisonnons mordicus dans la pénombre ».
L’immortalité resserre et acère ses griffes sur mon auréole.
L’amère misère cherche à faciliter l’endoctrinement des prosélytismes.
Les « bien-pensants », persuadés de tout détenir. Des bonimenteurs colporteurs d’idées toutes faites. Des revendicateurs toujours sûrs d’eux, des crucificateurs sans poids ni mesure.
Planqué et accroupi dans ma crypte à suicides, accessoirement ma garçonnière à branlettes ratées, je me terre assis par terre et je dévisage la rosace où la nuit est comme chien-loup.
À l’extérieur l’horreur s’active, l’hérésie nous paralyse. Dans la pénombre, la chandelle de mes braises oculaires illumine mon désir de vengeance, une libido tellement plus virulente que l’attrait pour les putains, des vulves à la cervelle élimée mais à l’insolence illimitée.
J’aiguise la lame ramassée en cachette durant l’office des « irrévérents-cieux », elle porte le sceau de dieu, c’est dire si me trancher les poignets est un acte d’amour envers notre créateur.
Ce grand fou qui nous éjacula dans le vide et qui nous envoya rôtir dans un four d’horreurs, ce désert aux mille misères. Tout ça parce qu’il était écœuré d’avoir pu nous fabriquer. Nous étions les échantillons ratés. Parfaits pour incarner l’avortement sans condition ni concession.
Je saignais mes poignets et je me scarifiais. J’entendis la vocifération du créateur, notre Père, troubler mon petit instant d’accalmie, « CESSES DE TE VICTIMISER, MISÉRABLE BLASPHÈME » rugit-il d’une voix grave, rauque et ferme.
La compassion n’a jamais été au goût de l’Éternel… Ça se saurait… Non ?…
Je me chatouille le haricot sur un millier de chaos, je renifle l’adrénaline de m’éliminer, m’effacer comme une traînée de ligne de cette fameuse « poussière des anges ».
Je sniffe comme un malade, un boulimique dans sa maîtrise extrême.
À l’intérieur de la crypte, le froid prend possession de mes ailes, il enlace ma peau et lacère les flammèches de mon auréole. Seuls mes yeux font une sorte de cheminée dans l’obscurité.
Les souvenirs de la catin qui me souriait avec désinvolture sont un enchainement de répétitions. Les blessures infligées par sieur l’Éternel, ces incessants blâmes lors de la messe-kermesse… Les incestes de la faucheuse sur mon être… À la longue.
Dieu, « saigneur » tout-puissant. Dieu, notre maître. Dieu, incontesté, incontestable, impitoyable.
À la longue, l’incendie des champs de croix, pointer à l’office des orifices, les chants amers de nonnes vampires jouissant pour étaler de la monnaie, à la longue…
« L’égalité ou légalité ? ».