Marseille, un certain 17 Juin 2005
Le jour où j’écrivais la critique de « collatéral », mon livre était en attente de sa préface et de sa postface et j’ignorais à ce moment là que je me retrouverais plus tard face à face avec Tom Cruise dans le 3° sous sol du parking d’un palace marseillais.
Un mardi matin, j’étais en voiture avec ma mère qui m’accompagnait pour rejoindre mon père et passer la journée avec lui, comme parfois. Tout à coup le portable sonne et une amie de maman qui habite Marseille la prévient que, selon ses sources, Tom Cruise va venir faire la promotion de son dernier film « la guerre des mondes » à Marseille !!! Et non à Paris comme il avait coutume de le faire. Enorme et divine surprise, une star hollywoodienne change la tradition sacro-sainte de choisir la capitale et l’habituel ballet des caméras et interviews du microcosme parisien…..
Formidable ! D’un côté je suis heureux qu’il soit géographiquement plus abordable et je sais que maman va alerter et activer son réseau.
D’un autre côté, bordel, sachant sa renommée mondiale et les multiples barrages sécuritaires qui doivent l’entourer, il sera vraisemblablement inaccessible pour le commun des mortels dont je fais partie, isolé et hyper protégé de la foule immense de ses admiratrices en transe !
Par conséquent, inabordable, forcément…..
J’ai écrit mon livre, une histoire sur des gens internés en hôpital psychiatrique – le gang des internés face aux oppresseurs soignants – et l’histoire d’un leader chrétien qui se retrouve au milieu de tout ce monde et les entraîne dans une sorte de « croisade ». Je l’ai dédicacé à Tom Cruise, naturellement, puisque j’ai pour cet homme une immense affection que j’aimerais possible, et aussi parce que je veux lui offrir ce travail.
Une fois que j’ai eu terminé la première version de mon livre, j’entreprends des démarches par le biais de contacts et de rendez vous que maman m’obtient à Paris dans le but de le remettre à Tom Cruise et aussi, si possible, à Kevin Spacey que j’admire profondément et à qui j’aimerais faire forte impression. Pour moi il est lui aussi un acteur fantastique. Sans oublier Brad Pitt pour lequel j’ai une affection particulière et très ancrée depuis des années. La pensée d’une connivence, une sorte de complicité amicale entre cet homme et moi serais ma fierté la plus grande.
Si il pouvait être fier de mes écrits, de mon parcours et surtout d’avoir surmonté tous ces tourments dont la vie m’a généreusement gratifié, cette idée m’a beaucoup aidé à supporter les scarifications de mon âme.
A cette époque je savais qu’ils étaient quasiment inaccessibles.
La peur, voire la terreur, que ces trois personnes admirées et si importantes pour moi, me rejettent, me snobent ou m’ignorent, cela me torturerait et me déstabiliserait totalement. Traumatisme !
Cette peur me hante à chaque minute de ma vie, sans que je puisse la contrôler et la maîtriser. Elle me pourrit l’existence et parfois celle de mon entourage….
Je craignais de ne pas réussir ma rencontre avec Tom Cruise et j’ai traversé des crises dont certaines me firent sortir la nuit afin de m’apaiser.
Je crains de comprendre que Tom Cruise ne peut pas être dans ma vie : il est hyper protégé du monde extérieur par une myriade d’agents qui s’enrichissent en faisant les « chiens de garde ». Quand il se déplace, on est aux petits soins pour lui, tout en étant admiratif. Quand il arrive, les gens applaudissent et les caméras déjà présentes le filment.
Le parallèle avec moi semble compromis….genre douche écossaise car je suis « invisible » ou alors j’ai droit à des regards bizarres et glacials comme si j’étais une chose infâme dans la rue.
Certains m’ont même insulté à plusieurs reprises, sans que je sache pourquoi.
Tom Cruise côtoie des génies talentueux, moi je côtoie les camés qui marchent devant moi, encore sous l’effet de l’héroïne qu’ils viennent de s’inoculer. Mais aussi les mecs qui avaient une vie avant, et qui aujourd’hui ne sont plus rien, broyés par le système et dorment dans la rue.
Chez ma grand-mère, où je suis souvent, il y a des mecs bourrés qui se tabassent dans la rue avec des bouteilles.
Dans l’appartement on voit passer des cafards quelquefois qui cavalent dans la cuisine et avant quelques souris venaient faire la teuf ! Maintenant il n’y en a plus.
Donc, dur dur d’imaginer pouvoir être en relation proche, voire fraternelle avec ce « Mythe » du cinéma américain…..
Les vrais artistes, selon moi, sont entre autres Chuck Palahniuk, Tom Fontana et David Mc Kenna, qui sont extrêmement talentueux. Ils représentent pour moi la « sainte trinité » de l’écriture. Des génies et forcément pour moi des modèles à suivre. J’aime aussi énormément 3 autres réalisateurs : Jean Pierre Jeunet, David Fincher et Martin Scorcese. Ils représentent pour moi de véritables « peintres » de notre société et artistes du rêve.
Je me sens évidemment bien peu de choses en face de ces êtres brillants, intelligents et talentueux.
Je viens de voir le dernier film de Tom Cruise et Steven Spielberg « La guerre des mondes ». C’est assez intense et très bien filmé, comme toujours avec Spielberg. Le scénar est bien découpé, structuré. L’idéologie et l’attaque des aliens dans ce film font penser à Al Quaïda et au 3ème reich. Le jeu de Tom Cruise est parfait, comme d’habitude, intense, surtout grâce à ce regard si particulier et extraordinairement profond qu’il a.
Je n’ai pas pu m’empêcher de regarder cette main que j’ai serrée à trois reprises quelques jours auparavant. J’apprécie le duo Tom Cruise et Tim Robbins, dire que j’y pensais quand mon livre était un scénario dans ma tête !
Revenons à ma rencontre avec Tom Cruise. Elle a pu avoir lieu grâce au travail énorme qu’a fait ma mère pour s’allier des connivences auprès de son réseau d’amies et relations qui pouvaient lui faciliter les choses. Et aussi un investissement important en traductions pour tous les documents (reliés comme un livre) qu’elle a remis elle-même, en mains propres, à l’acteur.
Nous arrivons à Marseille en début d’après midi, la ville est déjà en transe : des flics partout, des podiums et des vélums, les journalistes, les services de sécurité en tee shirts rouges sur lesquels est inscrit en gros caractère blancs « la guerre des mondes », la circulation complètement transformée et bloquée sur tout un périmètre autour de la mairie et de l’hôtel où l’acteur doit descendre. Un vrai cirque ! Pire que pour un chef d’état nous dira « l’homme aux clefs d’or » de l’hôtel, où bien sûr maman a réservé une chambre depuis 15 jours !
Maman me dépose et file chercher les badges magnétiques qu’elle a pu obtenir par une relation à elle, indispensables pour pénétrer au palais du Pharo le soir.
Michel (l’homme aux clefs d’or) dit à maman qu’il sera probablement impossible de le voir mais qu’il lui garantit que mes textes lui seront remis en mains propres. Maman est un peu désappointée mais elle refuse de renoncer. Michel nous aidera beaucoup.
Maman lui donne l’enveloppe qu’elle a préparée, avec mes écrits, la préface, un certain nombre de documents reliés en thermocollé plus une lettre qu’elle a écrite pour Tom Cruise.
Nous allons au bar grignoter 3 fois rien. On s’installe et regardons à travers la vue panoramique sur le vieux port, où Tom Cruise fait des ravages. Nous observons le ballet des bateaux privés, plus ou moins grands, qui passent et tentent d’apercevoir la star. Ce n’est pas tous les jours que Marseille est mise en valeur, ce jour est à marquer d’une pierre blanche !
Notre repas se résume à 2 sandwiches et une portion de frites. Mais la note est salée…63 euros pour si peu !!! Je n’en reviens pas !
N’ayant plus d’eau dans la chambre, j’ai tout bu en arrivant, je demande au serveur – habitué à servir une clientèle de stars ou à tout le moins huppée, quoique nous ayons attendu 25 minutes pour 2 malheureux sandwiches et quelques frites …évidemment à ce prix là c’est un snack star !! Et il devait bien se laisser désirer comme tout ce qui est « star » – si il n’y a pas dans les environs de l’hôtel une épicerie pour acheter de l’eau. Il se figea net, ses convictions en prennent un sacré coup, comme un immeuble qui s’effondre sous les charges explosives.
Habitué à exécuter les caprices les plus extravagants d’une clientèle particulière, il est dans l’incapacité de m’indiquer ce renseignement précis alors qu’il se trouve à 500 mètres de l’hôtel. Je lui explique que, buvant environ 5 litres par jour, au prix affiché de la bouteille en chambre, ça fait cher la soif !!!
Avec cette phrase, je l’ai achevé ! Il repart doucement vers son comptoir, désorienté.
En allant sur la terrasse magnifique du 4° étage, d’où la vue est sublime, nous croisons le directeur de ce palace, très gentil, à qui maman explique pourquoi nous sommes là. Il nous dit alors qu’il faut aller au 3ème sous sol du parking et nous y accompagne, car c’est là que nous pourrons rencontrer Tom Cruise.
Une heure et demie debout, dans la chaleur étouffante de ce parking, avec les cliquetis des talkies walkies, l’ébullition de tout un aréopage en effervescence, sans que personne ne nous déloge car – nous le saurons plus tard – Michel (notre allié) avait donné des consignes.
Ordres, contre-ordres, il vient, il ne vient plus, il revient….le ballet incessant des limousines, ça fait un peu surréaliste !
Le directeur venait, repartait et nous disait toujours « il va arriver ». Finalement nous devons partir en vitesse nous changer pour aller au palais du Pharo à l’avant première. Il fait chaud et nous voilà en train de courir, maman sapée comme une reine et moi qui m’essouffle derrière.
On passe des sas de sécurité, vérifications diverses, les badges, les listes que l’on vérifie par talkies walkies interposés, nous montons vers le palais et là …Tom Cruise est là, serrant la paluche d’un tas de fans, signant des autographes à tour de bras, photos, saluts, pirouettes etc… maman continue d’avancer hors les barrières. Un colosse albinos s’approche d’elle et lui demande de se mettre derrière les barrières. Elle a le 2° jeu du livre remis à Michel sur le bras, à moitié dissimulé sous son sac du soir. L’assistante de Tom Cruise (qui était à côté de lui dans cette tourmente) s’approche de maman et lui dit en anglais, regardant le document, « mais j’ai ceci, c’est de votre fils ! » maman aux anges se dit qu’ils ont donc lu sa lettre. Moi je suis en arrière, et j’ai tellement peur qu’il m’ignore, j’imagine aussitôt la dépression qui repointe de bout de son nez. Tout en repensant qu’un jeune loup, dans le parking, qui faisait partie du service de sécurité du distributeur, nous a dit qu’il s’en foutait de notre démarche, que ce n’était pas son problème.
Maman ne se décourage pour autant, elle parle un peu avec l’assistante et lui dit que nous serons dans les sous sol du parking lorsque l’acteur ira à l’hôtel pour son dîner avec le maire. Gentille, elle lui précise qu’il sera un peu en retard.
Les portes du palais se referment sur lui et toute sa clique, car il va donner une interview en direct sur le journal télévisé d’une chaîne publique. Nous nous dirigeons vers la salle de projection où d’autres détecteurs et contrôles divers nous attendent. Maman dit en riant qu’elle va sonner comme un arbre de Noël avec « sa quincaillerie », tout le monde sourit. En effet, lorsqu’elle passe sous le portique ça sonne à tout crin, tout le monde rigole.
Nous voilà installés dans les premiers rangs. En l’attendant, on nous projette son marathon promo de la journée, depuis la conférence de presse à la gare à Paris, à son arrivée sur le vieux port de Marseille en bateau où il fait de grands gestes vers son public et des pléthores d’admiratrices au bord de la syncope. Là, il reçoit des mains du maire (qui l’appelle Tom Cru-ize) la médaille de la ville. Sur l’écran géant nous voyons Tom piloter le TGV qui l’amène à Marseille, avec l’émerveillement d’un enfant : moment d’émotion, surtout pour lui je présume !
Le PDG d’UIP, le distributeur, arrive sur scène, suivi de Tom Cruise et la petite Dakota Fanning. La troupe de caméras qui l’ont suivi toute la journée depuis Paris l’accueille dans la salle. L’une d’elle retransmet en direct. Tom regarde l’écran et sourit en se voyant de dos, il trifouille son oreillette et fait un minuscule speach traduit par une dame de la mairie. Il s’éclipse en faisant de grands gestes amicaux vers le public. Nous aussi, nous partons en vitesse pour ne pas le louper dans ce fameux parking, naturellement avant que la séance ne démarre car après tout est verrouillé.
On court à cramer nos chaussures, maman devant avec son étole en organza et ses talons en satin, moi qui transpire comme un bœuf et essaie de la suivre. Arrivée à l’hôtel, descente immédiate au sous sol et…..attente !
Le staff s’agite de partout, les voitures défilent comme un 14 juillet, mais il n’est toujours pas là. La petite arrive, passe devant nous et répond au bonsoir de maman avec un petit air pincé. Finalement, des motards précédant une énorme berline noire aux vitres fumées apparaît : c’est lui, enfin !
Le PDG d’UIP est juste devant maman, qui lui demande si on pourra lui dire un mot. Réponse affirmative et assez relax. Au même instant, un black maxi balaise se tourne vers maman et lui dit en anglais que l’acteur ne parlera à personne. Elle essaie d’insister mais il se campe devant elle, comme un mur infranchissable et lui répète d’une voix d’outre tombe « no madam ». C’est mal barré, mais je connais maman, elle ne lâchera pas !
Miracle, l’acteur se retourne en entendant l’appel désespéré de maman, il stoppe net, écarte le garde du corps qui faisait barrage, s’approche d’elle, la main tendue et le regard braqué sur elle, intense et profond. Il serre la main de maman. « Madam » dit Tom en l’écoutant.
Après plus d’un an d’attente, et de travail de recherches, notamment sur Internet avec maman, il est face à moi ! La star hollywoodienne la plus populaire au monde, la plus inaccessible sans doute, m’observe à travers ses lunettes bleutées très claires, et je tente de percer ce qui il y derrière son regard sur moi. Il est là, à quelques centimètres de moi….Maman lui parle et lui tend mes écrits, je suis tétanisé et ne peux prononcer un mot. Je le scrute, il est là en chair et en os, en vrai, pas dans la TV et c’est merveilleux !
Il me serre la main, des mains très soignées et élégantes, « bonsoir » me dit il gentiment en français avec un sourire charismatique et un regard intéressé, auquel je ne sais répondre qu’un « bonsoir » identique tellement je suis tétanisé ! Je voulais lui dire tant de choses !!!
Il regarde et écoute attentivement ce que maman lui dit, – entourée d’un aréopage de gardes du corps impressionnants et de tout un staff qui bourdonne comme une ruche – et me regarde en souriant de temps en temps « Mon fils Vincent a écrit pendant pratiquement 3 années de sa vie, juste pour
Vous ! » Il met alors sa main sur son cœur et regarde maman, puis moi, avec intensité.
Il revient vers moi qui étais un peu en arrière pour me resserrer la main avec un merveilleux sourire. A ce moment là j’y croyais tellement ! J’ai vu qu’il comprenait que je n’arrivais pas à m’exprimer et que c’est pour cela que maman le faisait à ma place. Il a donc adopté un « code » pour communiquer avec moi en me serrant plusieurs fois la main et en m’offrant un sourire magique, un vrai sourire complice. A chaque fois que maman lui expliquait notre requête, il hochait légèrement la tête et la regardait avec étonnement, comme ému par l’intensité de son ton et sa démarche. Il me regarde à nouveau en souriant toujours.
Maman était tendue et, au bord des larmes, elle voulait absolument faire passer son message pour moi, elle lui dit alors « c’est important pour sa santé, je vous supplie de lire ceci, c’est tellement important pour lui ! ». Probablement ému, il s’avance vers elle et lui prend les mains en lui disant – comme une promesse – que l’on fait « Je comprends madame, je le ferai » lui assure t il. Il serre les mains de maman dans les siennes, les entourant comme un geste de solidarité et de compréhension, une sorte d’accolade manuelle entre Tom et maman. Il lui sourit, semble t il avec humanité et émotion.
Elle lui dit alors spontanément (en français) « ah ! Merci, je vous fais la bise ! » Et lui fait 2 bises sur les joues. Il rit de bon cœur, les gens aussi, sauf sa sœur qui semble plutôt hostile. Tom Cruise fait un signe du regard à sa sœur pour qu’elle prenne le manuscrit. Maman avant de le lui donner l’ouvre et dit à Tom Cruise, qui regarde et écoute avec beaucoup d’attention maman, à travers ses lunettes bleu très clair. Tom suit des yeux en souriant chacun de gestes qu’elle fait. Elle détaille le contenu du manuscrit à Tom qui reste attentif en hochant à nouveau la tête. Il regarde brièvement le manuscrit tout en continuant à observer maman avec un regard ému. Il esquisse un léger sourire qui semble admiratif.
En fait, j’ai l’impression que le regard de Tom est fasciné et ému face à maman et à sa volonté farouche de faire passer le message pour son fils.
Tom fixe maman et me regarde avec un très gentil sourire plein de compassion avant de se recentrer sur maman. « J’ai mis une lettre pour vous à l’intérieur, il faut la lire s’il vous plaît ! » lui dit elle avec supplication. Tom la regarde avec intensité, un sourire toujours aux lèvres. La sœur s’empresse de prendre le manuscrit des mains de maman. « Ne vous inquiétez pas madame, je les lirai », promet Tom avec un mouvement de tête rassurant et d’une voix douce, les mains posées sur les épaules de maman.
Maman lui redit encore l’importance de tout ceci pour moi, ce que j’ai écrit pour lui, toutes ces années passées à y travailler, et aussi pour ma santé « Ne craigniez rien, je le ferai…ok ? » lui répond Tom pour la rassurer, en lui prenant les deux mains dans les siennes.
Maman est au bord de défaillir tellement elle est tendue et épuisée.
Pendant les secondes qui suivent, il règne un silence total dans ce sous sol plein de monde. Tom reprend les mains de maman dans les siennes et les serrent fort tout en la regardant et lui sourit gentiment.
On ressent très fort qu’il est intéressé, captif, son sourire s’intensifie et il serre les lèvres avec l’air de dire « je comprends tout ». Il repose une main amicale sur l’épaule de maman.
Le temps passe si vite… Tom est pressé, il me regarde encore une fois, me tend sa main et ce sourire solidaire, il a d’ailleurs une sacrée poigne ! Cette accolade presque fraternelle qu’il me donne, avec la main et le bras, me bouleverse. Il sourit de me voir si intimidé face à lui, me resserre la main et me sourit avec un regard plein de sympathie. Sa fiancée, l’actrice Katie Holmes, me fait un sourire très gentil et un clin d’œil complice, à cette minute je suis sur un nuage.
Avant de partir vers son dîner, Tom s’incline légèrement et resserre la main de maman en lui souriant et la regardant avec un regard tellement intense !…respectueusement.
Dans cette transe générale, elle a oublié de lui demander une adresse mail, un contact, un dialogue, un suivi. C’est ce que j’espérais. Mais tout est allé trop vite, il est resté environ 5 minutes avec nous car il devait dîner avec le maire de la ville et repartir une heure après prendre son avion. Il faut dire que le cri de désespoir de maman l’a stoppé net. Quand elle a vu que le garde du corps lui barrait l’accès et qu’il allait partir elle a dit, avec le ton du désespoir « mais juste un mot, s’il vous plaît, juste un mot ! » C’est là qu’il s’est arrêté et est venu vers elle.
Tom Cruise, Katie Holmes et tout le staff s’éclipsent. Tom se retourne encore une fois pour regarder maman – que pensait il ? – qui décompresse et manque tomber dans les pommes. Tom affiche un sourire émotif à ses lèvres et ne perd pas maman des yeux avant qu’un mur nous séparent de lui et qu’il reprenne ses activités promotionnelles.
Les jeunes femmes de l’hôtel l’entourent et la réconforte, il y en a une qui pleure carrément tellement elle est émue. Elle dit à maman « ce que vous avez fait pour votre fils, tout cet amour, c’est magnifique », elle en a oublié de photographier l’acteur !
Maman a marqué les esprits, d’ailleurs lorsque nous sommes retournés au bar pour manger, le PDG d’UIP s’est approché d’elle pour lui confirmer que la sœur de Tom Cruise avait bien conservé les documents de son fils et qu’il les lirait. Maman a alors pensé qu’ils avaient dû en parler en montant.
J’ai eu le sentiment que tout le monde, à ce moment, avait du respect pour ma mère, qu’elle était comme un symbole.
Mais j’ai toujours la crainte d’avoir été un « contretemps » dans le planning, peur qu’il m’oublie, peur de l’avoir dérangé. Pourtant je sais qu’il a écouté maman et qu’il est venu vers moi spontanément. Mais je me demande toujours si, pour lui, cette demande n’est pas inhabituelle et donc cet élan que nous avons eu maman, et moi surtout, vers lui ne représente pas une sorte de routine pour lui ? vu que je ne suis pas le seul dans mon cas, d’autres personnes lui remettent des manuscrits au cours de ses campagnes promos mondiales.
Comment pourrai-je l’avoir marqué afin qu’il ne m’oublie pas…
A-t-il eu vraiment conscience de cet élan d’affection véritable ? De mon espoir immense qu’il me porte un peu d’attention, d’intérêt ? La question qui me tourmente aujourd’hui c’est : « Se souvient il de moi ? » Il ne le sait pas mais il me manque beaucoup et je repense sans cesse à cet instant magique avec nostalgie….Etait il ému, nous contactera t il ? Je ne sais pas …
Comment relier ces mondes diamétralement opposés ? Comment nos vies pourraient elles se croiser ?… elles sont si différentes et éloignées.
Pourvu que Dieu m’aide et que mon projet avec Tom Cruise (une vraie rencontre, un contact, une connivence et pourquoi pas une amitié durable ?) aboutisse. C’est pour moi plus qu’un souhait, mais l’accomplissement de tant de choses enfouies depuis l’enfance dans mon cœur ! Cela cicatriserait les blessures de l’homme et les écorchures de l’existence à mon égard…
Vincent Blénet