LE SAINT RÉVÉREND
Douze heures de vol, j’atterris à Paris. Je me presse de préparer mes notes afin d’être prêt face au Révérend Manson, je dois en effet le suivre pendant sa visite promotionnelle Parisienne de son nouveau livre autobiographique. J’arrive à son hôtel où il a réservé sa suite sous le pseudonyme de John Constantine, personnage de bandes dessinées dont il est question d’un exorciste navigant dans les mythes bibliques. Cela ne me surprend pas, car parmi ses livres préférés figure la bible « je respecte les écritures religieuses, mais par rapport aux tournées si j’ai déchiré des bibles sur scènes, c’était ma réponse face aux multiples menaces de morts proférés par de nombreux fondamentalistes chrétiens qui pouvaient et cherchaient à m’assassiner sur scène froidement, ivres de leurs dogmes théologiques. C’était un jeu fatal comme à la roulette russe mais j’ai survécus, ne leurs en déplaisent. Cela a prouvé que je peut en être ressortis grandis après avoir risqué ma vie pour enflammer les salles de concerts et divertir mes fans » me dit il en souriant et en sirotant de l’absinthe, après m’avoir accueillis dans sa suite il m’invite à me mettre à l’aise pendant qu’il nourrit son chat Lily.
Contrairement aux rumeurs selon lesquelles il serait un cauchemar immobilier au sein des hôtels où il séjourne, je constate que sa chambre est dans un état consciencieux « oui, j’avais une mauvaise réputation hôtelière, mais j’ai partagé le quotidien d’amis prêtres qui m’ont appris qu’il y a des choses simples à respecter. Comme les femmes de ménages qui rodent méticuleusement dans ma chambre en mon absence. Désormais les syndicats ménagers des hôtels du monde n’ont plus de motifs pour missionner certains concierges afin de saccager mes fringues ou d’en voler pour les revendre sur ebay, j’ai mis fin à cette vendetta » sourit il. Il finit son verre d’absinthe et nous allons roder dans les lieux mystiques de la capitale Française.
Nous faisons le tour des églises et cathédrales, il regarde avec dévotion chaque détails religieux et lis les prospectus « au cas où, la prudence est de rigueur » dit il. Au sein d’une cathédrale gothique millénaire, il reste assis pensif fixant le Christ sur le grand crucifix qui domine l’église et me confit « J'ai été tellement traumatisé enfant par tous les récits chrétiens que, arrivé à l'âge adulte, je n'ai pas eu d'autre issue que de punir mes tourmenteurs en leur renvoyant cette image de l'Antéchrist. Les révélations de saint Jean définissent l'Antéchrist comme quelqu'un qui ne croit pas à Jésus. Sous sa forme moderne, l'Antéchrist c'est le chanteur de rock'n'roll devenu superstar. L’antéchrist sera toujours un travail en constante progression. Le titre d’Antichrist superstar – un peu mon "We will rock you" de l'apocalypse – m'est venu en rêve : c'était le dernier jour de la terre et des flottilles croulant de monstres paradaient sur Time Square. J'étais en tête de convoi, inaccessible comme le pape, exhortant les gens au repentir en les forçant à regarder ce tableaux de malheur, en leur faisant bien comprendre que tout n'était déjà que chaos, qu'il était définitivement trop tard… Je leur expliquais qu'à avoir voulu tout voir et tout faire sans retenue, les choses n'avaient désormais plus de valeur. Je leur expliquais que les tabous étant maintenant devenus la norme, qu'il fallait plonger dans un abîme d'extrême pour retrouver son innocence. Je suis fondamentalement chrétien, j'ai un immense besoin d'innocence et de pureté en moi. L'Antéchrist est un nihiliste qui préférerait tout détruire plutôt que de voir cette décadence se perpétuer. Je ne suis pas contre les religions, mais plutôt contre l’emploi que les gens en font. J'aime le concept d'être consommé par quelqu'un autre. Cela peut être rapporté au Christ qui est devenu un symbole, et ce symbole devenu une religion est désormais consommé par les gens qui croient en cette religion. J’avais perdu tout espoir et j’étais en opposition avec la vie. C’est l’antéchrist qui devient humain et qui commence à ressentir des sentiments, notamment l’amour. L'amour est quelque chose qui me détruit. C'est un peu comme le mythe du vampire qu'on tue en plein cœur. Je crois que je suis plus chrétien que d'autres, plus que tous les chrétiens qui me haïssent. Je considère Jésus comme la première célébrité. C'est le premier rock star, il détient le record des ventes en matière de merchandising ! » De jeunes fidèles catholiques le dévisagent pendant qu’il me parle en soulignant ses mots par des gestes manuelles où il arbore des bagues ténébreuses représentatives et en fixant le crucifix avec son œil gothique.
Les chuchotements des chrétiens le font sourire « avec le temps et ma propre expérience, je le prend à la légère. Lorsque j’ai effectué les tournées d’Antichrist superstar et celles de guns, god and government j’ai du avoir de la détermination pour exister face à ces terroristes conditionnés. Avec celle de golden age of grotesque j’ai déployé mes ailes de manière gracieuses face à de nouveaux regards émergeants, sans oublier la publicité médiatique massive. Avec eat me drink me j’étais plus conventionnel, attendu au tournant, mais j’ai ressentis une nouvelle adrénaline plus apaisante. Là mes ailes étaient plus étendues, j’ai pu ressusciter en paix. Les tracts diffamatoires mensongers et autres fausses accusations blasphématrices ou criminelles s’éclipsèrent progressivement. L’évolution est enfin perceptible, comme si on avait vaporisé mon environnement avec une bombe d’Air Wick saveur tolérance » murmure t il en regardant les horaires des messes dominicales, ainsi que les vêpres quotidiens avant de faire un tour d’horizon dans la cathédrale au travers de son regard ténébreux.
Nous arrivons dans le cimetière du Père Lachaise, on regarde le plan affiché à l’entrée « c’est le Los Angeles des cimetières, avec un plan pareil c’est idéal pour jouer à cache-cache avec les médias : dès que tu m’as trouvé casse toi ton temps est périmé ! » Plaisante t il. Au cimetière du Père Lachaise, Manson admire l’architecture ancestrale « étais je juste un provocateur de plus ou bien ai-je transmis une façon d’appréhender le monde au travers de mon art ? Je ne sais pas ce qu’on pensera de moi au fil du temps, cette question me traverse régulièrement l’esprit » lance t il en observant les fleurs, mots d’affections qui ornent les tombes et caveaux archaïque. Manson suit à distance le défilé des touristes munis de leurs appareils photos jetables ou high tech « je crois que si mes disques restent sur le marché commercial, quant à la folle frénésie dans mes concerts, je pense que d’une certaine façon j’ai fondé une spiritualité propre à ma musique ainsi qu’aux fans qui me soutiennent encore. La majeure partie d’entre eux sont absent à l’église le dimanche, mais j’aime à penser lorsque je me produis sur scène qu’on est à la messe et qu’ils se purifient de leurs problèmes quotidiens. D’une manière différente certes, mais le concept d’absolution fonctionne aussi bien à l’église qu’à mes concerts. La messe est plus trash par contre, il faut l’avouer, mais c’est également un exutoire à un autre niveau » confit il. Nous nous promenons dans le cimetière, il regarde en souriant les statues mystiques d’anges et de la résurrection de Lazare par le Christ.
Manson admire les vitraux religieux de l’annonciation fasciné, cela lui remémore son enfance difficile où la religion a déclenché une révolte intérieure violente qui va éclore en 1996, notamment avec son école catholique stricte l’Heritage Christian School qui le traumatisa sévèrement « Quand j'étais adolescent, je faisais beaucoup de cauchemars sur la fin du monde, l'Antéchrist et le Diable. Tout ça était dû au lavage de cerveau sur la religion que je subissais à l'époque, au même titre que les autres ados de n'importe quel pays. Tout dépend du sérieux que l'on accorde à la religion. C'est aussi une façon d'aller plus loin que l'enseignement que j'ai reçu sur la Bible. Je croyais que la religion ne devait pas être fonder sur la peur mais sur quelque chose qui devait nous aider à vivre mieux. Donc très tôt j'ai commencé à tout remettre en question et à douter de tout. Je me suis heurté à un mur de résistance. J'ai eu des problèmes à l'école parce que je posais toujours les mauvaises questions. On m'interdisait aussi d'écouter du rock et les groupes que j'aimais. Je me suis donc rebellé à juste titre. Finalement, j'ai trouvé plus facile de devenir ce dont j'avais peur plutôt que de vivre dans la peur ou de me plier aux normes imposées par les autres. Je ne pense pas qu'on pouvait me définir comme un Nerd parce que j'étais vraiment invisible. Je ne connaissais personne et j'étais inadapté, alors j'essayais de me fondre dans le décor. Ce qui est l'inverse de ce que je fais maintenant. C'est sans doute parce que je devais probablement fomenter ce que j'allais devenir. Ce sentiment d'invisibilité et cette incompréhension m'ont stimulés à devenir Marilyn Manson. Je voulais aussi, je crois, défier les attentes des gens. Ce sentiment est toujours présent dans ce que je fais. Ce n'est pas de la vengeance mais c'est plus un désir de prouver à ceux qui doutaient de moi qu'ils avaient tort. Et ce n'est qu'à travers la musique ou l'écriture… Quand j'étais gamin je me suis dit que je serai artiste ou écrivain. Je ne pensais pas que j'allais chanter parce que je ne savais pas chanter mais bon. Et c'est comme ça que j'ai trouvé ma propre voie, j'ai créé mon monde » dit il avec ironie. Durant notre ballade il aperçoit la statue d’un ange grandeur nature, les ailes en évidences, à l’image des mythes christiques et rigole « voilà l’absolu agent de sécurité efficace pour déstabiliser tous les conservateurs qui cherchent à m’abattre en plein concert, il serait bibliquement dissuasif. Mais je crois que si il était engagé, les flics missionnés par ma maison de disque s’insurgeraient et fonderaient un syndicat contestataire » plaisante t il. Un touriste l’aperçoit et vient lui réclamer de prendre des photos de lui à côté de l’ange, en effet le contraste ésotérique est surprenant. Manson se prête au jeu avec convivialité.
Au cours d’une soirée littéraire où il dédicace son nouveau livre, tout en consommant de l’absinthe assis à côté de l’écrivaine Anne Rice « il me remémore mon personnage du vampire rock star Lestat ! J’ai trouvé sa voix magnifique sur une chanson du disque de l’adaptation de mes chroniques des vampires, intitulé la reine des damnés » dit elle sous le rire de Manson « j’ai de sacrés fans, c’est du sérieux, c’est comme si on me filait la légion d’honneur Française » plaisante t il.
On peut constater qu’il est assez à l’aise car il reste en T shirt, exposant ses nombreux tatouages et bagues ténébreuses, tout en observant l’animation promotionnel à travers son œil gothique « Oui, c'est un monde individualiste. Les gens se croient libres parce qu'il y a la liberté d'expression mais c'est un piège car ils sont esclaves de la télévision qui leur dicte ce qu'ils doivent regarder et les produits qu'ils doivent acheter pour plaire aux autres. C'est finalement presque aussi dangereux que si on leur disait : "vous devez vous habiller comme ça et conduire telle marque de voiture". C'est culpabilisant et terrifiant. On regarde les images de la guerre sur CNN quand soudain les pubs arrivent et dictent quel parfum les hommes doivent porter pour attirer les filles. C'est comme ça que ça marche. Je pense que c'est une manipulation déguisée sous la forme du capitalisme qui finalement s'avère bien plus dangereuse que n'importe quelle dictature car en fait ça pousse à s'autocontrôler et s'autocensurer. Tu ne peux pas dire ce que tu souhaites car tu as peur que ta chanson ne soit pas diffusée à la radio. Tu refuses de porter telle tenue car tu as peur de ne pas rentrer dans le restaurant où tu veux te rendre ou dans l'école où tu veux étudier. C'est, à mon sens, le summum de l'hypocrisie. Il en va de même pour le classement des chansons les plus diffusées à la radio. Les animateurs passent les morceaux les plus demandés mais qui les a vraiment demandés? Ils nous font croire que nous choisissons mais se sont eux qui imposent le truc. On peut facilement perdre le fil si on ne regarde pas les nouvelles tous les jours. J'ai toujours été contre la propagande de la peur car j'en ai trop fait les frais durant la tragédie de Columbine où il y a eu un effet boule de neige. Quelqu'un a fait l'erreur de dire qu'un des gamins étaient fan de ma musique et me voilà accusé de quelque chose que je n'ai jamais fait. C'est en parti à cause du fonctionnement des médias américains, il leur faut un méchant, un visage qu'ils pourront accuser à la télé. Comme ça les gens peuvent dormir tranquille. "Ne vous inquiétez pas, on trouvera les responsables, vous pouvez reprendre votre petite vie". Et il se trouve qu'à une époque, j'étais ce bouc émissaire. Je suis sur que je le serai à nouveau. Ce serait donc plus facile, pour moi, de m'élever contre l'Amérique mais je pense que je dois conserver mes opinions comme je l'ai toujours fait. J'ai toujours remis en question les défauts de mon pays tout en soulignant ses avantages, même si ma pensée n'a rien à voir avec le patriotisme. En tant qu'artiste, je me dois de défendre la démocratie et de me battre pour la liberté d'expression dans un pays où la fourberie n'a pas deux poids deux mesures et où la censure est légion. Mais si je dois me battre contre tout ça, je choisis de me battre contre la censure. Donc, fatalement, ça rend mon travail d'artiste encore plus pertinent, surtout actuellement. On continue à censurer mes mots ou mes images ou ma musique mais en fait il y a une véritable duplicité du gouvernement, et moi mon rôle, c'est de mettre cette démarche au défi. Si l'Amérique représente la démocratie, moi je dois représenter la liberté d'expression. Ce n'est pas moi qui ai inventé la violence et ce n'est pas non plus les gamins de Columbine qui ont inventé la violence. L'humanité a cette tendance, cette tradition de s'autodétruire et ça c'est quelque chose que j'ai toujours évoqué dans ma musique. Alors c'est quand même assez curieux que l'on me montre du doigt parce que tout ce que je dis, tout ce que je chante, c'est un commentaire sur cette triste réalité. » Explique t il avant de reprendre une gorgée d’absinthe.
Il semble assez serein et décontracté face aux hordes de fans qui se bousculent afin de se faire dédicacer un exemplaire « si je me partage entre la lucidité et la déconne avec les journalistes sur un plateau de télé par exemple, c’est en fonction de mon ressentis envers les présentateurs. Si ils sont conservateurs, conventionnels et distants, je me recroqueville timidement et répond avec courtoisie en me camouflant grâce à mes vêtements, mais en gardant le self control avant tout. Si le mec s’est vraiment renseigné sur mon parcours et me parle comme à un artiste qui vient défendre son travail, là je me met à l’aise en sachant que je ne serais pas jugé par des puritains frustrés et je cherche alors à divertir l’assistance par l’humour en jouant sur les fondements des réputations de mon personnage de Marilyn Manson » m’avoue t il pendant une pause à son stand de vente.
En rentrant à son hôtel, il joue avec son chat et regarde son planning « je suis chargé pour un Révérend rock star ! Aux Etats-Unis, dans les états conservateurs, les pasteurs ne quittent jamais leurs bibles lorsqu’ils vont d’un endroit à un autre. Y compris aux centres commerciaux au cas où ils seraient dans l’obligation dogmatique d’exorciser un fan de Metalica et d’Iron Maiden chez un disquaire qui pensait prospérer, on n’est jamais trop prudent. Moi je vais me confesser et prêcher face aux caméras médiatiques. Là bas je n’ai pas besoin de ma bible, les humoristes de télés savent et m’appelle Révérend pour me saluer » dit il en riant. Il me montre ensuite la bible qu’il conserve avec précautions dans ses bagages, puis nous nous serrons la main avant de nous quitter.
A mon retour en écrivant cet article, je médite sur les mots de Manson, puis je vais à la messe quotidienne et réalise qu’il a su rester lui-même au lieu de chuter dans des excès intensifs multiples. Marilyn Manson est assez réfléchit face à une Amérique qui veut le descendre. Il est dommage que le Vatican ne puisse constater le saint qui sommeille en lui, n’en déplaise à la chanson (S)aint que Manson a écrite et chanté dans la douleur.
First of all, allow my family value a person¡¯s command during this matter. Even though this is certainly brand new , nevertheless soon after registering your site, this intellect has exploded extensively. Allow all of us to take hold of one¡¯s rss to help keep in touch with at all probable messages Sincere understand but will pass it on to help admirers and my personalized are living members
Wonderful writing! I think you have really touched on some valid points and I agree with you on many aspects. It¡¯s been a great pleasure.
This style is steller! You definitely know how to maintain a reader entertained. Between your wit and your videos, I was almost moved to start my own weblog effectively, almost¡ÂHaHa! Great job. I really enjoyed what you had to say, and far more than that, how you presented it. Too cool!