ARTICLE & INTERVIEW (MATIN TRANSYLVANIEN) 2023
22 juil 2023 par vincent
Âmes. Larmes et lames :
Vincent Blénet ou l l’éloge de l’écriture au scalpel.
L’écriture est la plus efficace des « catharsis » et les mots sont le seul endroit où nous, ruinés, paraissent sublimes et à la lecture d’une partie de l’œuvre (on parle d’une vingtaine de livres et c’est considérable).
Le seul reproche que l’on puisse adresser à l’auteur serait d’écrire des livres trop courts.
Mais c’est histoire de dire que la perfection n’existe pas et tant mieux car elle doit être chiante (désolé je m’égare).
De « Mort Sûre d’Amours » à « l’Enfer-me-Ment » on se retrouve dans un monde parallèle mais étrangement familier. Car ce monde croulant sous son opulence c’est le nôtre.
Ces vies rayées d’un trait de plume et par la lourdeur du tampon d’une administration ce sont aussi les nôtres. Mais il nous est donné à voir sous un angle si différent que certains se sentiront outrés (et a juste titre…).
L’œuvre de Vincent Blénet, même découverte, reste à redécouvrir car dans chacun de ses mots il y a des enseignements à tirer. Certaines de ces pages sont ce que j’ai lu de plus percutant et de plus juste sur l’esclavage moderne du travail, de nos addictions.
Mais c’est la société tout entière qui pourrait profiter d’une vue et d’une œuvre si divergente qu’elle en est radicalement rafraîchissante. Il est temps pour moi de laisser la parole à l’auteur car je deviendrais presque lyrique d’enthousiasme.
INTERVIEW :
1) Penses-tu que l’on puisse considérer l’écriture comme un soin. Une catharsis ?
Vincent Blénet :
Tout à fait. Toute création est un aveu de soi, une thérapie curative et bienfaitrice pour l’âme de celui qui en est l’auteur. L’expressionnisme est essentiel, vital même pour ceux qui ont besoin de créer. C’est pourquoi l’expression se rapproche de la création. On crée des mots pour désigner nos maux, pour mieux les identifier et parfois mieux se comprendre, thérapie.
Si tu souhaites que ton œuvre soit profonde et authentique, tu ne peux pas créer sous condition des attentes d’un système, société, marché stream, buzz, vues etc…
Chaque artiste est un auteur qui retranscrit ce qu’il ressent. Qu’il s’agisse de ses peurs, de ses colères, même de ses désirs et de ses joies. Peu importe.
L’artiste est le premier ‘spectateur’ à être surpris de ce qu’il fait une fois qu’il va avoir le recul nécessaire après avoir façonné son ouvrage (musical ou littéraire).
Écrire ou composer sur commande, certains peuvent le faire mais ça n’aura pas le même résultat. L’impact émotionnel apporte plus que la production machinale bébête.
Créer sur commande, tu vas vendre certes, mais tu fais des œuvres micro-ondes, du réchauffé de la même daube non finie de la veille.
La culture d’aujourd’hui, l’ère de rien 2.0, c’est de l’aseptisé, formaté en usine, matraquages en pubs répétitives sur les chaînes hertziennes pour des cerveaux éteints.
2) Penses-tu qu’il soit de plus en plus difficile d’être original le temps et les œuvres passants ?
Vincent Blénet :
Ça n’a rien d’artistique, c’est plus « art-tises-tiques », « art-tease-triques ».
Autrefois, lorsqu’un auteur ou un artiste présentait une œuvre éditée, publiée etc. Lorsqu’un artiste présentait son art, les gens étaient respectueux.
On n’allait pas lui demander des comptes parce qu’il n’accumulait pas les vues ou les Stream.
Regarde les meufs qui se vendent sur les plateformes MYM et OnlyFans.
Elles n’ont aucune grandeur ni intérêt, sauf si tu es « amoureux » de la fille, celle que tu suis en question. Certaines vont se prendre pour des divas ou des éminences parce qu’elles ont des chiens de la casse qui casquent 20e par mois sur plusieurs années uniquement pour pouvoir se branler en webcams distancielles, la plupart font des séances 2.0 en plusieurs comités.
Elles font comme les gang-bang de saunas à partouzes, mais sans toucher un zgueg.
Déjà c’est hypocrite. Beaucoup d’entre elles se revendiquent être des « TDS » autrement dit des « travailleuses du sexe ». Sauf qu’elles n’ont jamais subi ce que les véritables TDS subissent, les macs, les clients barges, les risques dans le froid. Non, elles ont juste chargé la batterie de leurs smartphones et elles enflamment les gadjos derrière l’écran.
Donc ces meufs auront beaucoup de fans. Tant mieux pour elles.
On dira ce qu’on voudra mais le pouvoir du désir est très intense. Si on trique pour une belle, même si c’est stupide, on va s’abonner parce qu’on rêve de la meuf. Ça ne veut aucunement dire qu’elle a de l’intérêt ou une intelligence artistique. Non, c’est juste qu’elle soit bandante et qu’on mouille nos draps la nuit en fantasmant sur celle qu’on aime. D’ailleurs le vrai compliment d’amour qu’on peut révéler à une femme c’est le fait qu’elle seule, rien qu’en pensant à celle qu’on aime, celle qu’on désire, elle soit la seule à nous faire éjaculer en quelques secondes alors qu’on a passé des heures à jouer à pousse-mousse devant des vidéos pornos de bourrins qui défoncent des garces comme un documentaire animalier.
Autrefois les artistes présentaient une œuvre car c’était un support contenant ce qu’ils savaient faire et ce qu’ils souhaitaient exprimer. Les institutions ont des éloges envers les Victor Hugo ou Shakespeare, ils sont merveilleux, sûr à 2000%, mais Victor Hugo s’est auto édité. Ce n’est pas la télé qui a incité les gens à aimer ses œuvres. C’est sa plume et non des Stream.
La question de l’art actuellement serait : est-ce qu’on s’intéresse aux artistes pour l’émotion ou le message qu’ils essaient de nous transmettre ? Ou bien :
- Est-ce qu’on mandate des abrutis, faiseurs de chiasses commerciales pour masturber les zboobs aseptisés de l’Europe à mongoles ?
- Art et découverte ? Ou branler des connards et des trimardes pour du chiffre ?
La singularité, et souvent « l’originalité », d’une œuvre sera probablement incomprise, elle ne trouvera forcément pas son ‘public’. En revanche elle traversera le temps, marquant son empreinte et son histoire au sein de l’Histoire avec un grand H.
3) La musique t aide elle a créé ? (Je te pose la question mais je pense connaitre la réponse)
Vincent Blénet :
Oui. Je passe des heures à traquer des musiques. J’ai besoin de musique pour ressentir des émotions, des souvenirs, pour embellir si je puis dire mes observations.
En fonction de mon humeur, de mes émotions, sentiments, parfois les trois en même temps, je vais mettre telle ou telle musique, chanson, afin d’être plus réceptif à capter l’inspiration. Souvent c’est en analysant (beaucoup trop souvent et ce n’est pas toujours compatible avec une vie sociale, s’affranchir pour mieux devenir protagoniste de sa propre vie).
L’observation et l’analyse sont importantes quand on a besoin d’écrire, de créer.
En revanche, ajouter une musique qui va aider le créateur à trouver son inspiration, à guider son ressenti, parfois sa vision trop personnelle, la musique va aider l’artiste à mieux retranscrire son paradis ou, pour mon cas, son enfer personnel.
Même avec une version live ou acoustique, la résonnance d’une voix, d’un instrument. Tout cela peut changer la donne et permettre à l’artiste qui s’en inspire de créer et retranscrire ses mots et ses maux. Ça fera boule de neige pour le lecteur ou l’auditeur par la suite.
La musique et la littérature sont deux arts qui ont traversés les siècles, deux arts qui ont marqués l’Histoire et les émotions.
L’avantage que la musique a c’est qu’elle va être plus accessible aux gens, elle va plus facilement s’inviter dans le cœur des gens. Elle a cette force d’unifier les êtres, d’adoucir les tempêtes ou d’enflammer les contestataires. La musique a ce pouvoir de révolutionner le monde. La musique inspire tous les artistes, surtout des écrivains.
4) Dans tous tes livres on lit une critique acerbe de nos sociétés mercantiles. Selon toi celle-ci n’est-elle pas en train d d’imploser ?
Vincent Blénet :
On implose à chaque fois plus indécemment. D’ailleurs c’est ce qui nourrit si bien l’actualité et les médias, ces derniers sont des mercenaires faisant leur beurre sur le chaos et la destruction des gens ou des époques.
Plus on va boucher les WC, plus ça sentira la merde, plus on va en parler.
Parfois ils vont dire ce qu’on espère entendre, mais au final on sera sanglé et étouffé par de la diarrhée commerciale préformatée.
Il ne suffit pas d’être cureton pour imposer une religion dogmatique, arbitraire, totalitaire.
Regardez la folie Covid-19, les LGBT, les harpies féministes.
Effrayer pour imposer sa loi divine est la base de notre système d’occidentaux.
Pendant des décennies l’Europe a masqué volontairement dans les livres d’histoires, scolaires, dans la culture, toutes ces atrocités faites infligées aux peuples d’Afrique.
La colonisation, l’esclavage, le pillage d’un continent, vendu, exploité, surexploité et monnayé aux dirigeants ‘babtous’.
Piller des Algériens, des Africains et plein d’autres pour que des suprématistes incultes aillent brailler à tue-tête comme des fanfarons qu’ils sont le « progrès » alors que leur ‘progrès’ est volé d’abord à des nations soumises aux volontés de merdes européennes esclavagistes.
Ce qui va bien distinguer la croix de bois avec la croix de fer, c’est très simple :
La croix en bois est Inflammable, elle sera sacrifiée à cramer pour égayer des Gogols suprématistes. Quant à la croix de fer, même si les révolutionnaires la brûlent, la croix de fer continuera d’être une icône facho.
Et même enflammée, la croix de fer sera déifiée comme l’immortalité des aryanisés.
De toute façon, l’implosion est un cycle inévitable, quasi inexorable.
Le renversement des mœurs et des civilisations, tout cela a forgé au fur et à mesure les bienfaits et souvent les déviances des époques se succédant une à une.
Si personne ne remettait quoi que ce soit en question nous n’aurions jamais pu évoluer, ni faire joujou avec nos smartphones. Et encore moins dérouler les tapis rouges à des manifs LGBT ou des manifs féministes, ou même manifs tout court.
C’est par la remise en question, oser douter d’une parole d’évangile établie, pure et dure. C’est grâce à la discréditation de la loi pharisienne que nous avons pu imposer l’impensable en éventualité probable.
5) tu as publié un nombre important d’ouvrages (18 avec le petit dernier) et l’on sent un lien entre chacun d’entre eux. Comment fais-tu pour écrire autant sans perdre le fil ?
Vincent Blénet :
Déjà, je vis constamment dans ma tourmente psychologique et psychosomative.
Je vis cela en boucle, trop.
C’est comme si tu vivais H24 confiné dans une cellule où tu partages ton incarcération avec tes peurs et toutes tes aigreurs. Tu passes tes jours ainsi que tes nuits à respirer tes matières fécales et ta pisse dans les chiottes comme masques sanitaires à « gueux-jacquouille ».
A la fin, tu ne te rends même plus compte que c’est malsain, que tu deviens toxique toi-même, donc malsain, puisque tu es éduqué à respirer de la merde en continu.
Tu finis par approuver que le mal est le bien et que le bien est mal, surtout si tu n’as pas la panoplie de cartes GoldenCard MasterCard pour taxer les droits humains réservés aux bourgeois et aux gazelles « branle-clitos-mojitos ».
Déjà pour retranscrire l’enfer c’est pratique. Mais expérimenter la joie et écrire des niaiseries à la naphtaline, là c’est plus délicat.
J’ai eu le bonheur d’écrire huit nouveaux textes à l’heure actuelle. Mais j’ai besoin de me reconstruire afin de retrouver mon rythme. Ma mère m’explique qu’il est normal, voire sain, d’avoir des « pauses ». C’est sûrement exact, mais mes peurs sont très conflictuelles avec la patience et la raison gardée. J’espère me retrouver et m’apaiser.
J’espère écrire encore davantage et publier plein d’autres livres.
Ce qui est en décalage avec le système moderne c’est qu’il faudrait chier du chiffre, des ventes etc. à mes yeux publier c’est exposer sa galerie de textes par le biais d’un livre édité.
Article écrit par Martial Bessou (auteur, musicien et chroniqueur dans un magazine).
#VincentBlénetÉcrivain #MatinTransylvanien