JACKIE BROWN
1 mar 2007 par vincent
JACKIE BROWN
de Quentin Tarantino
C'est un film sur la manipulation, le banditisme, sur fond de romantisme. Le tout adapté d'un roman d'Elmore Léonard et conjugué au style Tarantino.
Le film raconte l'histoire d'une hôtesse de l'air – Jackie Brown – qui convoie de l'argent pour un trafiquant d'armes – Ordell Robbie – afin d'arrondir ses fins de mois. Arrêtée et contrainte de coopérer avec les autorités, elle échafaude un plan pour arnaquer tout le monde avec l'aide de Max Cherry un prêteur de caution.
Elle joue double jeu avec les fédéraux et les truands, ce qui rend la situation très complexe.
Les personnages qui représentent le plus l'univers de Tarantino sont Ordell, Louis et Mélanie. Un univers auquel s'ajoute une touche de maturité à travers les personnages de Max et Jackie.
Une petite déception cependant pour moi, s'apercevoir que les personnages "Tarantinesques", hormis Ordell, sont peu montrés dans le film. Ils sont assez furtifs à mon sens et j'espérais en voir plus !
Mais le réalisateur était tellement pressé de s'atteler à quelque chose de différent qu'il n'a pas accentué sur ces personnages.
On peut comprendre qu'il ait forcé sur le personnage de Jackie car il a depuis longtemps une admiration pour son interprête Pam Grier.
Déception qui se prolonge quand on sait que Robert De Niro fait partie des personnages "furtifs", à se demander si Tarantino mesurait la chance de travailler avec un acteur de cette envergure.
Une des scènes les plus intéressantes scénaristiquement, selon moi, est celle où Louis et Mélanie arrivent au centre commercial pour récupérer un sac, jusqu'au départ sur le parking. Richesse des dialogues, rebondissements et surtout impulsivité sous toutes ses formes. On retrouve bien là la virtuosité du réalisateur.
Autre grand moment du film : la scène entre Ordell et Beaumont Livingstone, tissée d'humour et d'intelligence inventive dans les dialogues.
La réalisation originale et astucieuse est cependant parfois un peu "simpliste", en ce sens que l'abus du steadycam, parfois, semble un peu excessif pour certaines scènes.
Il y a quelques plans plus significatifs du style Tarantino ( scènes avant le départ au centre commercial et celle du parking au même endroit avec Louis et Mélanie par exemple ).
Robert De Niro est une "gueule" cinématographique. Avec ce film il conforte sa réputation. Tarantino a bien su en tirer parti avec ce personnage, d'une qualité et d'une richesse impressionnantes. C'est, de son propre aveu, le plus beau de ses personnages.
Le jeu de De Niro, remarquable, est une véritable performance conforme à la "légende" de cet acteur hors pair.
Pour la petite histoire, De Niro qui s'était procuré le scénario a tout de suite été emballé par le personnage de Louis Gara. Il prit contact avec Tarantino qui hésita au départ puis réalisa très vite qu'il avait affaire à l'un des créateurs de personnages les plus fantastiques de l'histoire du cinéma. Il lui confia donc ce rôle.
Tarantino fait un coup double avec ce film, en ayant un casting prestigieux tout en réalisant ses rêves.
Il est devenu, en trois films, une figure incontournable du cinéma , pas mal pour quelqu'un qui rangeait des K7 dans un vidéo club !
Vincent Blénet.