LADYKILLERS
1 mar 2007 par vincent
De Joël et Ethan COEN
Film sur l’élaboration d’une activité illégale, avec la formation de plusieurs personnalités de la société, jusqu’au passage à l’acte. Le tout construit selon l’univers des frères Coen.
L’histoire est celle d’une vieille dame noire, veuve, vivant dans le sud des Etats-Unis avec son chat. Elle y mène une vie simple et disciplinée jusqu’au jour où un certain professeur Goldthwait Higginson Dorr frappe à sa porte. Il lui demande l’hospitalité et – se faisant passer pour un musicien – la permission de répéter avec un groupe d’autres musiciens dans sa cave.
Après l’avoir brièvement questionné, elle y consent. Ce qu’elle ignore c’est que ces soi-disant musiciens sont en fait des braqueurs amateurs, venus préparer
« le casse du siècle » dans sa maison, sous la conduite du professeur.
Excellent et euphorique, le scénario est à l’image de l’univers humoristique des frères Coen. Les dialogues sont riches et parfaitement adaptés aux différents caractères des personnages. Ils sont à la fois actuels, tout en conservant le langage suranné de la bourgeoisie qu’utilise le professeur.
Les situations sont créatives et leurs impulsions scénaristiques sont assez drôles et inventives parfois. L’ambiance du film est assez nostalgique de l’Amérique de Martin Luther King, confronté à l’ambiance du monde actuel, face à ses réalités.
La plupart des personnages sont originaux, surtout celui de l’expert en explosifs.
Ils sont clairement définis, chacun par une identité très forte.
Ils sont assez drôles pour nous faire oublier qu’ils sont là pour commettre un forfait et que rien ne les arrêtera !
Un thème est abordé dans ce film : le licenciement pour faute d’un homme de couleur que celui-ci transforme en acte raciste. Il dénonce l’abus d’importance que l’on donne à certains qui se sentent supérieurs et qui en profitent avec arrogance malgré qu’ils soient fautifs.
Tom HANKS est à la hauteur, avec ce personnage exubérant. Il porte haut l’étendard de l’appartenance à cet univers particulier des frères Coen, et a même, selon moi, introduit un nouveau style de rire digne de succéder à ceux de
Thierry Roland, Arthur et Patrick Bosso……
J.K SIMMONS est remarquable. Son personnage est très original et très drôle.
Lui aussi représente bien cet univers particulier. Avec ce rôle il prouve qu’il est capable de passer et de s’adapter du tragique au comique. Mais aussi qu’il sait choisir les personnages qu’il interprète, que ce soit dans la série « Oz » ou dans ce film.
Irma P.HALL n’est guère convaincante dans ce personnage intégriste, intolérante et fasciste. Son jeu est largement invisible et ne laissera guère de trace.
La réalisation, très typique, est parfaitement réussie. Dans ses déplacements, la caméra est inventive, astucieuse, moderne tout en donnant parfois un aspect artisanal.
Elle s’adapte bien à chacune des situations : scénaristiques, émotionnelles passant habilement du registre classique au registre plus actuel.
Ce film euphorisant et réussi est un pilier dans la filmographie des frères COEN. Il est l’un des plus inventifs qu’ils ont réalisés.
Vincent Blénet