LE DERNIER SAMOURAÃ
1 mar 2007 par vincent
Film post-féodal sur les traditions ancestrales de l'Orient face à celles de l'occident et sa modernité. Ainsi que le périple émotionnel et la torture de l'esprit d'un homme en souffrance.
Cettre fresque sur la naissance du Japon moderne raconte l'histoire du capitaine Algren, ancien combattant durant la guerre de sécession, dont le quotidien se résume à vanter les mérites des fusils Winchester au cours de rassemblements publics.
Lorsqu'on l'engage pour entrainer l'armée de l'empereur du Japon afin de combattre les samouraï – les rebelles de cette nouvelle démocratie – il est réticent.
Après un affrontement entre les 2 camps, il sera capturé par les samouraïs et vivra avec eux, apprendra à les connaître pour ensuite épouser leur combat et leur philosophie.
L'histoire est forte, avec des bases scénaristiques omni-présentes. Le long voyage d'initiation est très détaillé, évolutif et explicatif. Il y a de multiples histoires relationnelles et un rythme situationnel.
On prend vraiment le temps de découvrir le parcours psychologique d'Algren.
Quelques scènes évoquent des sujets très contemporains ( racisme, dépendance à l'alcool et ses conséquences, militantisme ).
Je note que le "groupuscule d'activistes pacifiques" que sont ces samouraïs est présenté comme étant les rebelles.
Le personnage d'Algren, un dépressif traumatisé par un massacre, blessé par la découverte sur la vérité de l'idéologie de domination des hommes, se réfugie dans l'alcool pour oublier. Il fera étalage de cette souffrance pour essayer de l'enrayer.
Il prie et agit pour éteindre l'étincelle de sa vie et faire cesser ses tourments. En vain. Une douleur très visible au travers du regard intense de son interprête.
Il cherchera néanmoins une rédemption auprès de ces samouraïs afin de réssusciter son âme et son honneur perdu.
Katsumoto lui est un leader inconstesté, ayant foi et combattant pour ses convictions. Il est également éprouvé par la disparition de son mode de vie.
Par contre il passe pour un fanatique du martyre. Au combat ou pour préserver son honneur. La perte de la vie est pour lui dérisoire.
Plusieurs facettes de l'homme sont évoquées ici. Perfidie, manipulation, intolérance côtoient respect de la différence, tolérance et communication, fascination pour les cultures étrangères. Et aussi la domination, la souffrance et la colère.
Quelques petites incohérences dans certaines batailles. Il y a une scène forte en émotion où un samouraï fanatique et Algren se battent sous la pluie. Chaque fois qu'Algren est mis à terre, il se relève. Ce qui bouleverse les croyances ancestrales des samouraïs qui consistent à accepter la honte de la défaite en éteignant soi même l'étincelle de sa vie. Mais Algren refuse la capitulation, leur montrant ainsi une volonté de ne jamais s'avouer vaincu, une tradition occidentale.
Ce film est un hymne à l'unification des peuples.
La réalisation est à la fois classique, responsable et élaborée. Elle prend son temps, en douceur. Les reconstitutions historiques ( décors, costumes et figurants ) sont totalement maitrisés et bluffants. Idem pour les ralentis et le travail de montage qui est très détaillé et subtil. Un travail d'orfèvre.
Ce portrait épique rend hommage aux classiques du cinéma, avec sa touche de modernité…Remarquable projet accompli et réussi !
Vincent Blénet