EXISTENCE REVEE
5 mar 2007 par vincent
Le festival de Cannes démarre en trombe.
Brad Pitt va être à 3 heures de route de chez moi et bien sur je n’aurai pas l’occasion de le rencontrer et de lui dire qu’il a tellement compté dans ma vie et que j’ai l’espoir fou qu’une amitié puisse un jour se construire entre lui et moi.
Il y a aussi l’écrivain en vogue Dan Brown, les acteurs Tom Hanks et Jean Reno, encore des personnages inaccessibles pour moi.
Tout ça parce que la foule, la renommée mondiale de ces personnes, les services de sécurité et l’abattage médiatique dont ils font l’objet, en font des êtres à part, injoignables pour le vulgus pecum dont je fais partie. Ma mère qui a eu l’occasion de travailler dans l’enceinte du festival il y a quelques années m’a expliqué que c’est dingue, il faut presque un badge pour aller pisser !!!
En somme, Cannes, c’est un gigantesque bordel universel, mais très chic évidemment….
Si seulement….
Si ma vie avait une direction différente et que mon livre « Section 19 » qui – après une publication mondiale dépassant toutes les barrières hiérarchiques – se vendait assez bien et devenait source de polémique dans les rouages du système, ma côte de popularité prendrait vie enfin !
J’entretiendrais le mystère face aux médias sur ma personnalité, ne m’adressant aux journalistes de tous poils que de façon stratégique et énigmatique, comme l’a fait Dan Brown.
Les stars, et notamment celles qui me font rêver, chercheraient à en savoir plus sur mon univers et mon parcours singulier. Le succès évolutif de mon livre ferait boule de neige sur ma médiatisation.
La presse et la télévision brûleraient d’impatience de m’interviewer, après m’avoir tant snobé avec un mépris destructeur, pendant des lustres… me démontrant par là même qu’ils sont souvent aféodés au capitalisme et au pouvoir.
Après la promo française assez mouvementée, où j’aurais dû zigzaguer entre les aboiements de certains journalistes et les questions people de certains autres, le tout tartiné d’une bonne couche d’hypocrisie… J’irais donc vendre « Section 19 » aux Etats-Unis où l’ordre social et public est une vertu affichée. Dur, dur pour une œuvre traitant de révolte !
Je passerais de ville en ville, d’articles de presse en émissions de TV, de Larry King au Washington Post, de CBS à NBC etc … je pourrais rallier les lecteurs à ma cause. Jusqu’au jour miraculeux où je recevrais l’appel téléphonique tant espéré et attendu de Brad Pitt.
Il m’expliquerait qu’il a beaucoup aimé mon livre et qu’il souhaite me rencontrer. Il me proposerait un rendez vous pendant que, béat, je resterais là, le téléphone fixé à mon oreille et totalement tétanisé…
Nous nous rencontrerions en privé, bavarderions de nous, nos parcours respectifs, nos rêves…l’entente serait là, une sorte d’affinité instantanée, prometteuse d’une forte et solide amitié naissante.
Naturellement il me proposerait d’adapter mon livre pour le cinéma et m’apporterait son soutien dans ce projet.
Pris d’un enthousiasme incontrôlable, je lui serrerais la main et lui ferais ce genre d’accolade que l’on fait lorsque l’on reconnaît un ami.
Si seulement…
Après avoir convaincu un réalisateur et d’autres acteurs proches de lui de participer à cette aventure cinématographique, Nous préparerions le film. Je serais présent pour les lectures du scénario par les acteurs et Brad, donnerais mon opinion pour qu’ils cernent chacun leurs personnages. Pendant ces lectures l’affection de Brad envers moi se concrétiserait. Il serait même d’accord pour m’inviter chez lui, au calme, afin de le coacher sur son personnage et lui donner la réplique pour le faire répéter dans ses scènes. Nous discutons ensemble des multiples aspects du film – militantismes, prison, affrontement des classes sociales à travers une émeute, religion, appartenance à des gangs…- pendant plusieurs heures, chaque jour de préparation. Brad se montre très inventif et multiplie les idées sur la façon dont il souhaite interpréter son personnage. Je le soutiens dans tout cela.
Il compose son rôle en ma présence et quand nous sommes provisoirement séparés, il m’appelle au téléphone pour me faire part de ses nouvelles idées afin de les partager avec moi.
Brad et moi regardons une quantité de films à son domicile, nous nous gavons de reportages d’infos à la TV sur des chaînes spécialisées, ainsi que de nombreux documentaires sur des sujets en rapport avec notre projet de film. Tout cela pour être bien imprégnés de l’esprit que nous voulons transmettre.
Tous les soirs je dîne avec lui et il me fait rire en essayant d’enjoliver ma vision de la vie. Il me promet que notre amitié perdurera après ce travail réalisé en commun, qu’il ne fera pas comme la plupart des gens qui m’ont laissé tomber. Brad comprend ce que je peux ressentir et me confirme que je ne suis pas ce que je dis de moi, il me trouve au contraire plein de côtés positifs et de qualités et pense que je devrais avoir de moi une image bien meilleure. En l’écoutant je me sens briller dans ses yeux, en fait je me vois autrement à travers le regard qu’il porte sur moi.
Il esquisserait un sourire ému lorsque je lui apprendrais que lui, mais aussi Léonardo Dicaprio, ont été – en dehors de ma mère et de ma grand-mère maternelle – les personnes les plus présentes dans mon cœur dans les moments les plus éprouvants de mon existence. Et aussi une compagnie salvatrice lorsque j’étais confronté au pire, dans une intolérable solitude.
Je pourrais même ajouter qu’ils furent, à un moment de ma vie qui fût horrible, comme des grands frères auprès desquels, mentalement, je retrouvais un peu de force et de courage, d’apaisement aussi. Il est vrai que je manquais singulièrement de repères masculins normaux entre mon père, mon demi frère qui étaient ce qu’ils étaient….et le sont restés d’ailleurs !
A deux jours du tournage, avec l’équipe et les autres acteurs, Brad et moi-même ferions un déjeuner « porte bonheur » pour attirer la chance sur nous et « notre aventure ». L’euphorie serait là, avec un rêve qui prendrait forme, enfin !!!
La veille d’attaquer le tournage, Brad passe la soirée avec moi, il me fait visiter L.A. et me montre ses coins préférés avant de m’emmener au restau pour me dire qu’il est satisfait du travail accompli ensemble, que l’aventure va commencer concrètement maintenant, « je resterai toujours ton ami et tu pourras compter sur moi lorsque tu en auras besoin » me dirait il pour me voir enfin sourire, moi qui ai depuis tant d’années souhaité la mort sans jamais avoir le courage d’aller jusqu’au suicide. Sauf au collège il y a longtemps….j’ai chèrement payé l’addition !
Brad, moi-même et tout l’équipe du film, pourrions tous véritablement faire connaissance sur le tournage, une sorte de connivence complice règnerait sur le plateau. Je déambulerais dans les décors du bâtiment de l’HP reconstruit en studio. Les souvenirs de mon enfermement psychiatrique réel, jadis, se bousculeraient dans ma tête. J’assisterais à la reconstitution cinématographique de l’émeute dans mon roman. Les figurants se fracasseraient la gueule avec d’autres figurants représentant les CRS. J’entendrais les insultes des patients vers les CRS. Les projectiles et les gaz lacrymogènes volent de chaque cotés. Les affrontements sont frénétiques, le réalisateur et moi observerions de loin l’action à travers les moniteurs vidéo. Entre les prises de vues, pendant que les techniciens préparent le matos, Brad m’inclurait – par amitié – dans les concertations entre lui et le réalisateur sur les décisions des mouvements et parfois de l’emplacement des caméras. Brad sait, et semble souhaiter, que je donne mon point de vue sur l’émeute car j’ai les images qui défilent dans ma tête avec une netteté incroyable. Tout le monde est attentif, Brad fait le listing de tout ce que nous devons faire pour être totalement prêts. Après toute cette tension partagée, Brad et moi partageons une accolade très amicale avant d’aller sur le « champ de bataille ». Les caméras en place, les maquilleurs s’activent sur Brad qui se concentre sur son rôle et les pellicules entrent en action.
Les caméramans tenteraient de filmer le conflit en évitant de se prendre les gaz lacrymogènes et les projectiles dans la gueule, tout en stabilisant le cadre. Dans ces prises, Brad se lâcherait totalement et mènerait cette guerre comme si c’était la sienne, il vivrait pour la cause de son personnage durant les scènes, comme si il devenait vraiment Pierre le leader chrétien charismatique juste pendant que les caméras tournent. Pendant les prises Brad et moi déconnerions, je lui donnerais des conseils sur le coté prêcheur christique et activiste de son personnage. Notamment pendant les manifestations chrétiennes dans les rues de L.A. où Brad serait imprégnée en hurlant ses sermons dans son mégaphone, suivit d’une marrée de militants qui lèvent le poing frénétiquement. Les caméras valsent un peu partout pour filmer la manif. Brad fait abstraction des objectifs, il vit le rôle, après ses scènes il viendrait me voir pour savoir comment je l’ai trouvé, sachant l’importance du détail que j’attache à son personnage.
Brad regarderait avec moi sur le moniteur vidéo sa prestation, afin de juger lui-même du rendu. Il sourit de se voir ainsi en leader chrétien de L.A., menant son armée dans les rues de la ville, le poing levé. Il est fasciné par les images, il a hâte que le film sorte en salle.
De temps à autre il demanderait au réalisateur de réaliser des prises supplémentaires et retournerait voir sur l’écran de contrôle le résultat.
L’amitié entre lui et moi serait établie. Tous les jours en arrivant sur le plateau nous nous retrouvons avec un plaisir partagé. « N’oublies pas que tu pourras toujours compter sur moi, mon pote. Tu t’en souviendras ? » Me dit il avec un sourire taquin.
Il me voit heureux d’entendre cette phrase et se réjouit de m’apporter cette joie. Le travail se poursuivrait avec beaucoup d’assiduité avant les prises, dans les scènes de repas au réfectoire où celles de discutions dans la salle fumeur de l’HP et dans d’autres scènes, je raconterais des anecdotes sur ma vie et mon expérience dans l’hôpital à Brad et les autres acteurs – très attentifs et à l’écoute – pour nourrir leurs interrogations afin de trouver le ton juste dans leurs interprétations. J’en profiterais pour avoir le plus de temps possible afin de converser longuement avec Brad qui se montrerait très attentionné à mon égard. Nous ferions des photos du tournage, de moi et Brad, avec chacun des autres acteurs pour la postérité et mes archives personnelles. Sans oublier le gars du making off qui immortalise notre aventure et ses moments intimes, voire volés. Brad et moi prenons plaisir à jouer avec les cameramen chargés du documentaire. Nous faisons des grimaces devant les objectifs, Brad plaisante souvent avec moi. Sur le plateau, pendant les pauses, il m’incite et m’entraîne à faire des blagues aux autres acteurs. Moments d’euphorie partagés. Naturellement, cela ne nous empêche pas de nous acharner au travail. Brad me pose des tas de questions sur les pensées supposées du personnage qu’il interprète et je lui raconte mes révoltes intimes. Il sait capter le sens de ce que je lui dis sur moi, ce que cela représente aussi dans ma vie.
Puis, pour décompresser un peu, il se met à blaguer et nous rions de bon cœur. Je lui fait un sketch à la con, devant un des cameraman chargé du making off, pour le faire rire : pari réussi, il se tord de rire…
Dans ce montage particulier destiné aux bonus du DVD, le documentaliste qui nous filme demande à Brad et moi d’accepter une interview face caméra. Ce que nous acceptons bien sûr. Je suis euphorique parce que Brad parle avec enthousiasme de mon travail, de moi, de ce que nous avons fait ensemble et il me gratifie au cours de l’interview de sourires complices. Ensuite, il parle avec éloquence de son travail personnel sur le film, son personnage et aussi de ses opinions personnelles sur notre système et mode de vie. Il est posé, brillant, percutant. Puis vient mon tour, ce qui a pour effet de faire sourire Brad qui se doute que je dois baliser un max. Difficile pour moi de passer après lui, une « légende » du cinéma mondial…. Mais je fonce quand même ! Il est toujours attentif et m’observe du coin de l’œil. Le documentaliste me demande comment j’ai vécu l’écriture de mon œuvre, tout en étant projectionniste stagiaire tous les soirs dans un cinéma de province. Je leur raconte l’enfer du blocage que je subissais à cette époque, lié à la parole, à des lieux nombreux de la ville dans lesquels je ne pouvais ni passer ni même penser.
Je raconte tout ceci avec un naturel total car j’y suis tellement habitué qu’il fascine ceux qui m’écoutent, dont Brad bien sûr. Il semble ému.
Un silence pèse sur l’assistance et Brad me rappelle de ne pas m’en faire en me prenant par l’épaule : « je serai là, ne l’oublie pas ».
Il s’adresse au documentaliste qu’il est fier de ce que j’ai réalisé car j’ai su résister aux embûches, et aussi que je suis d’une certaine façon quelqu’un d’unique « pas comme les autres », car peu de gens ont vécu ne serait qu’une infime partie des souffrances que j’ai endurées à un si jeune âge. Je le regarde ému et plein de gratitude. Le corps sans vie que j’étais frémi pour la première depuis tant de temps….
Il a su me redonner de l’enthousiasme.
Je leur raconte aussi que dans un autre cinéma de la ville où j’ai bossé en 2000, un projo s’était gouré dans le branchement du son et les dialogues étaient inversés entre deux films très disparates : un porno japonais dans une salle et une fresque romantique dans l’autre…. Ça a fait désordre !!!! Une autre fois, lors de la projo du film des frères Coen « O Brother », il y avait un moustique qui s’était retrouvé écrasé et brûlé dans l’objectif de l’appareil. L’écran ressemblait à la couverture du disque « Mezzanine » de Massive Attack ! Brad éclate de rire et imagine ce genre de situation transposé en Amérique : impensable…. J’ajoute que, lorsque nous allions vérifier la salle du film où on projetait le film japonais, on trouvait des tombereaux de kleenex usagés….
Quel bonheur tout ceci, quel oxygène frais dans mon âme. Observer de près Brad et les autres stars hollywoodiennes interpréter les personnages de mon roman, fictifs pour certains et inspiré de mes anciens frères d’isolement pour d’autres. Ajouter à cela un Brad Pitt tellement soucieux de mon bien-être et au petits soins avec moi qu’il invite Dicaprio que j’adore et Lisa Kudrow que j’apprécie beaucoup, en leurs expliquant le contexte et ma démarche, sur le tournage afin qu’ils m’encouragent, m’apportent leurs soutient. Après avoir longuement parler avec eux, ils me promettent de conserver un contact amicale dans le temps… L’être humain que j’étais autrefois, ressentirait les pulsations cardiaques s’activer frénétiquement en moi.
Tout ceci me démontant de manière magistrale que tous les oiseaux de mauvais augure qui affirmaient de façon si péremptoire que jamais, au grand jamais, je n’arriverais à cela, avaient bien tord d’être aussi catégoriques ! Ces instants merveilleux me permettraient de me débarrasser de ce passé douloureux.
Le tournage achevé, nous voilà tous dans la phase de promotion. Les journalistes défilent, durant nos junkets collectifs, un par un. Brad est de circonstance comme les autres stars du film – voire blasés – moi ça me change du spectacle des cailleras défoncés aux joins qui, tout en buvant massivement des litres d’alcools diverses avant de se jeter les bouteilles dans la gueule ou dans les poubelles proches comme un ballon de basket pour rire entre eux, insultent trois néo-nazis qui passent. La tension monte lorsqu’un des skins réplique en faisant des signes manuelles provocateurs, les cailleras leurs gueulent furieusement qu’ils vont se pointer armés chez eux un matin et qu’ils feront un carnage. En dehors des bastons les cailleras n’ont qu’une idée en tête le soir : baiser n’importe qu’elle jeunes filles qui sortent des boites. Ils n’ont pas peur de les effrayées alors qu’ils les alpaguent en hurlant, vu qu’elles sont à distance, par « oh salopes, vous me sucez la bites », sinon il y en a d’autres qui s’effritent au point que tout le monde les fait sortir de la boite de nuit. Il s’insultent violemment, se cherchent…l’agressivité marque sa présence. Une fois, avec maman, des gosses des HLM près de chez nous ont lancé des cailloux sur notre voiture pour s’amuser. C’était effrayant, mais ce qui m’effraie le plus c’est de basculer dans la folie, vu que tout le monde me dit que je délire et que je suis trop impulsif quand je parle. Comme ce mec défoncé dans le tram qui parlait et rigolait tout seul, complètement halluciné. La crainte aussi que l’ambulance, un jour, arrive chez moi pour m’embarquer et me refoutre en cellule, comme avant quand j’avais 16 ans….
OUI, les promos et les junkets avec Brad Pitt ça me changerait de mes errances et mon existence solitaire.
Entre chaque changement de journalistes, Brad, moi et les autres stars papoterions et plaisanterions entre nous. Dès qu’un journaliste se pointe, nous reprendrions nos visages de circonstances promotionnelles, nous serions d’attaquent pour l’enchaînement des interviews successives et apaiser la terrible faim des médias.
Presse écrite, télévisions, nous serions partout !
Les émissions phares de la TV américaine réclament Brad pour faire la promo du film. Il leur fait savoir qu’il viendra avec moi ou pas du tout car je suis à l’origine du film et il tient à m’associer à tout.
Nous allons donc ensemble dans l’arène médiatique, Brad ne cesse de me mettre en avant dans les articles ou les interviews. Il est très à l’aise, à l’inverse de moi qui ne suis pas comme lui coutumier de tout ceci. Avant chaque passage TV il m’explique comment les choses vont se dérouler pour me rassurer, comment je dois me comporter, il est mon coach…
Quand un journaliste me snobe, Brad l’attaque aussitôt pour me défendre. Après tout ceci, il m’invite à nouveau chez lui et me questionne autour d’un dîner pour savoir comment j’ai vécu toute cette aventure. C’est une autre façon de partager des ressentis.
Pendant nos pauses promos, Brad m’emmène à L.A. pour me faire connaître ses endroits de prédilection, là où il va s’amuser ou se ressourcer….
Une marée humaine enthousiaste nous entourerait lors de l’avant première du film, composée d’un mélange de professionnels des médias et de fans. Sans oublier les services de sécurité et la police, sur le pied de guerre pour l’occasion… Les caméras sont en effervescences, les questions fusent et les flashs des photographes nous mitraillent comme des fusils de Kalachnikovs. Brad me mettrait à l’aise et veillerait sur moi – depuis le début de cette aventure – durant cette soirée merveilleuse, y compris pendant toute la promo du film, et même après ! Les photos feront le tour de la planète et J’aurais ainsi, moi Vincent, le privilège d’avoir mon nom associé à celui de Brad Pitt et aussi à ceux de personnalités admirées dont je pensais qu’ils ignoreraient jusqu’à mon existence.
Après la projection, nous nous retrouverions face à une assemblée admirative, quelle revanche sur la vie pour moi qui suit si loin de tout cela !!! Brad demanderait au public d’applaudir mon travail d’auteur, ensuite j’aurais droit à une espèce d’ovation genre public de Marilyn Manson, qui scande le mot phare du film « Résurrection » en levant le poing. Brad se dit que je prends enfin ma revanche sur les psys et sur tout le reste, y compris les journalistes qui me crucifiaient d’avance. Cela semble le réjouir pour moi.
Un sentiment d’exister refait surface en moi, comme une véritable résurrection, la mienne cette fois !….
Putain, si seulement….
Tournée de promotion mondiale, même les activistes de l’IRA nous feraient un bonne publicité et n’iraient pas foutre le feu dans les salles de cinéma de toute l’Irlande où on projetteraient SECTION 19, notre film leurs serviraient d’étendard dans leurs manifs. Les murs du monde entier, et de Dublin en particulier, seraient tagués de « Résurrection » ! Toutes les stars américaines en promo nous feraient de la pub et recommanderaient d’aller voir notre film. Brad m’inviterait au restaurant dans chacune des villes de la tournée promo pour fêter l’évènement, nous nous baladerions tous les deux dans les rues, incognito – sans avoir des hordes de paparazzis collés à nos basques – et tranquilles comme deux potes.
Même Marilyn Manson, Eminem, Linkin Park et le DJ Goldie s’inspireraient de notre film pour leurs chansons, et aussi sur scènes pour leurs tournées dans le monde. Ils feraient scander les foules, le poing levé, « Résurrection » ! Eux aussi demanderaient au public d’aller voir le film. Bien des éloges pour moi dans tout cela !
En France aussi, mon pays, le film ferait un tabac ! Les stars du grand écran tout comme celles de la TV, mais aussi les « durs » des cités, auraient du respect pour mon histoire. Dans cet engouement, les gens du monde entier ayant adoré le film font des bras d’honneur lorsqu’ils croisent des ambulances se dirigeant vers l’HP, en les traitant de nazis du 21° siècle. Les mouvements anarchistes se manifestent à leur tour sur Internet et appellent leurs disciples à la révolution. La police et les RG sont sur les dents, Brad et moi suivons ensemble le déroulement de l’enquête et cela devient rapidement un sujet de conversation récurrent entre nous. Brad s’inquiète sur les retombées que pourrons avoir tous ces désordres mais il gère. Parfois il se confie à moi et me raconte des anecdotes personnelles sur des films qu’il a tournés.
Face à cela, nous allons dans des émissions d’actualité, style journaux télévisés, émissions spéciales sur le cinéma ou débats divers. Brad défend le film et le message pacifique qu’il délivre. Il craint que toute cette polémique nuise au film. Quand un journaliste m’attaque car j’ai ce qu’on appelle pudiquement « des précédents » à cause de mon séjour en HP, Brad s’énerve un peu et fait cesser toute remarque. Il leur précise « vous ne protestez pas quand vous voyez les experts, 24 heures chrono ou un film sur Schwarzzy et de Vandamme, alors faites pareil avec Vincent » dit il en posant la main sur mon épaule.
Et puis un jour, papa, qui ne m’a jamais aimé, me verrait sur son écran 16/9ème et là, il regretterait peut être de m’avoir tant sous estimé, dénigré et détruit mes rêves. Sans doute aussi de m’avoir écarté de sa vie parce que « je suis la honte pour lui ». Par contre En Italie, vu l’effervescence du mouvement, au sein du Vatican, le pape Benoît XVI serait évidement assez réservé sur le sujet et appellerait au boycott. Les fidèles actifs, distribuent des prospectus diffament le film, devant les salles de cinémas du monde entier « repentez-vous et suivez la voix du Christ, en renonçant à voir ce film ! » scandent ils frénétiquement avec leurs mégaphones. Cela fait venir les caméras de télévisions pour couvrir l’évènement aux 20 Heures.
Toute cette polémique faite autour du film nous stupéfie Brad et moi.
Pendant la tournée promo européenne, Brad dit que nous devrions aussi penser à celle que nous devons faire dans ma région avec la radio RTS car je lui en ai souvent parlé.
Nous allons donc au siège de cette radio locale, à Sète. Pendant le trajet, il admire le paysage si diversifié.
Arrivés au studio tout le monde se fige en nous voyant débarquer. Brad se laisse photographier avec gentillesse et complaisance et dit bonjour chaleureusement à tout le monde.
Les animateurs FX et Laurent, chargés de l’émission qui doit parler du film, nous installent et semblent impressionnés par le calme de cet acteur mondialement connu.
Durant l’émission, Brad et moi partageons encore des clins d’œil complices et parlons entre nous, ce qui provoque quelques fous rires…les animateurs sont mal à l’aise vu la tournure que prend l’interview.
Nous continuons malgré tout à blaguer entre nous.
A la fin de l’émission, pour se faire « pardonner » d’avoir été si indiscipliné Brad enregistre un teaser promotionnel pour la radio RTS. Ensuite nous repartons dans notre tournée, toujours complices.
Nous ferions des conférences de presse collectives avec une centaine de journalistes et caméras de TV du monde entier à l’affût, Brad est habitué et me rassure car je suis très impressionné ! On fait des passages dans les émissions du genre où Brad nous fait rire, je m’amuse comme un gosse qui découvre que la vie peut réserver de merveilleuses surprises.
Nous serions à Cannes, la deuxième Mecque du cinéma mondial, pour faire l’ouverture avec notre film. Séances photos rituelles, moi entre Brad et les autres, je serais au paradis. Avant d’aller en fin de journée au palais de projection, dans notre hôtel, Brad, moi et les autres acteurs déconnerions en privés afin de décompresser… Puis, dans sa chambre, Brad et moi regardons la TV, les infos parlent de nous et du film. Brad éclate de rire, moi aussi, il est rodé à toute cette kermesse médiatique. Il me montre même les journaux qu’il a pris dans le hall de l’hôtel où nous sommes en couverture. Souriant, il me demande comment je le trouve sur la photo de l’un d’entre eux, et se demande si les gens iront voir le film pour l’histoire, pour le casting ou pour les deux ? Je lui réponds que ce qui est réellement important c’est que j’ai pu réaliser mon rêve et surtout que nous sommes devenus de véritables amis, c’est le plus important à mes yeux. « Merci » me dit il en souriant, l’air ému. Nous faisons en silence une sorte de pacte d’amitié.
Brad décide de faire le point sur le parcours promotionnel du film. Il se demande si nous avons été suffisamment clairs vis-à-vis de la presse et veut que ce film reste dans les mémoires. Non seulement pour moi, car il souhaite que je sois enfin reconnu, mais aussi parce que ce film et le personnage qu’il interprète marque une rupture avec beaucoup de rôles auxquels on l’associait. Une façon de démontrer qu’il n’est pas « qu’une belle gueule d’Hollywood » mais un véritable professionnel.
Je lui confirme que c’est le cas, là il me parle de son engagement dans l’humanitaire et de son envie de voyager dans le monde plutôt que d’aller dans des soirées « people », afin d’aider les plus démunis.
Durant l’attente de la soirée, ma mère, ma grand mère, mon confident dominicain Jean marie et mon ami Stéphane ont tous fait le déplacement pour me soutenir et afin que je leur présente Brad.
Ils arrivent dans la chambre et Brad leur serre la main. Il est enchanté de connaître mes proches, il était impatient de les rencontrer. Il plaisante et nous rions de bon cœur. Nous discutons longuement, il y a de la joie dans l’air et mamy attire son attention. Il est très attentionné avec elle, d’ailleurs, il semble fasciné par sa vie et l’écoute avec un grand intérêt. Elle lui avoue qu’elle a adoré son film « sept ans au Tibet » car elle est très admirative du Dalaï Lama. Brad lui avoue qu’il partage avec elle ce sentiment. Il admire aussi le courage mon ami Stéphane, la force de caractère de maman. Il s’entend aussi très bien avec Jean marie qui lui explique qu’il est aumônier de prison et conseille parfois des détenus musulmans ! Brad lui pose tout un tas de questions sur le sujet.
Jean Marie fascine Brad qui l’écoute avec passion et il lui demande des conseils pour l’aider dans les missions humanitaires qu’il souhaite continuer, ce que Jean Marie fait bien volontiers. C’est d’autant plus important pour Brad qu’il doit, après la promo du film, s’envoler pour l’Afghanistan. Ensuite il leur demande à tous ce qu’ils pensent de ce que j’ai réalisé. Il écoute et semble touché par ce qu’il entend.
Après leur départ, nous commandons une pizza et plaisantons en toute complicité. Il me met en confiance pour la soirée.
Ensuite, accompagnés de gardes du corps, nous nous installons dans la berline qui doit nous conduire au Festival. Durant le trajet, nous observons à travers les vitres teintées la foule immense venue chercher les frissons hollywoodiens. Je suis impressionné, Brad, lui, a l’habitude. « La première fois c’est un peu flippant et puis on s’y habitue au point que cela devient presque banal, voire lassant… C’est différent lorsque tu tournes un film ! Mais j’ai connu pire » m’avoue t il. Pour changer de sujet, il me demande de lui parler de ma vie perso et il semble peiné pour moi de l’attitude si destructrice de mon père envers moi. « Tu as peut être perdu ton père, mais tu as gagné mon affection et mon amitié » dit il en me souriant.
A son tour il me parle avec ferveur de sa famille et de son entourage proche, qu’ils soient célèbres ou anonymes. Je lui avoue que maman adore Georges Clooney et il me répond qu’il arrangera une rencontre avec lui pour elle après son retour d’Afghanistan. Ce qui permettra à Brad et à moi d’avoir une nouvelle occasion de nous revoir ! On déconne… puis, Arrivés, après avoir constaté l’ampleur de cette manifestation et avant d’entamer la montée des marches, Brad et moi répondrions aux interviews des télés sur le coup, dont Canal +. Brad parle beaucoup de moi et du talent qu’il m’attribue. Il répète à l’envie qu’il est fier de ce que j’ai fait, je suis heureux. « Il est fantastique » dit-il en parlant de moi. Ensuite, en allant vers les marches on s’arrête à gauche, à droite et on fait risettes face à la première salve des flashs photographiques. Brad est de circonstance à nouveau, mais il assure et gère la situation comme un chef.
En montant ces fameuses marches, la « red carpet » comme ils disent, nous entendrions les acclamations et cris du public. Hystérie générale, tout ça pour que les acteurs puissent signer des autographes, voire serrer la paluche de quelques élus et midinettes au bord de la crise de nerfs. Tous nos mouvements sont filmés et mitraillés par les innombrables photographes, nous sommes soudés et souriants face à toute cette kermesse, les mecs nous hurlent dessus pour nous shooter -comme les petits porteurs à Wall Street lorsque la courbe économique chute vertigineusement – on se croiraient à Rungis où à une enchère de chez Christie’s. Nous sommes de la barbak (de luxe ?) soumises. Brad est d’une patience d’ange et se plie aux moindres volontés des médias internationaux.
Le soir même, Brad et moi répondons aux questions du 20 heures de France 2, nous plaisantons beaucoup. Le journaliste a du mal à gérer l’interview car nous ne cessons de rire, nous sommes dans notre monde…
Toutes les TV nous réclament tous les deux et nous refaisons de nouveaux junkets pour les chaînes européennes. Nous sommes invités sur tous les plateaux TV et nous avons décidé de dé stresser en nous éclatant un peu, juste histoire de s’amuser.
Nous formons un duo complice et j’en profite pour faire des sketches improvisés à Brad, qui se marre en direct. Il découvre un autre Vincent et…moi aussi car je croyais ce Vincent là n’existait plus depuis l’HP.
Il est vrai que dans nos passages dans certaines émissions, nos interviewers nous saoulent de questions pour le moins étonnantes…ce qui nous donne envie de déconner un peu en direct. « Fuck the conventions », scandons nous devant les caméras en éclatant de rire tous les deux. Après chaque journée promo, nous partageons ensemble un repas au calme et discutons longuement avant de planifier ensemble la journée suivante.
Bordel, si seulement….
Le rêve irait plus loin encore si nous étions sélectionnés par l’Academy Award et serions – un soir festif – à la cérémonie des Oscars, entourés de journalistes du monde entier, qui, à l’affût comme un essaim de guêpes sur un pot de miel, se précipitent pour entendre ou recueillir les confidences de toutes ces célébrités : Dicaprio qui parle de ses convictions écologiques, De Niro qui ne peut plus se passer de sa carte American Express…ou bien encore Marilyn Manson – qui s’est essayé dans le cinéma – racontant sa performance dans le remake underground de « Autant en Emporte le Vent », réalisé par Mel Gibson !!!
Les photographes sont excités comme des puces et mitraillent à tout va. Brad et moi défilons devant les caméras du monde entier, venues couvrir l’évènement. Il est si heureux pour moi qu’il multiplie les compliments sur mon travail et mon implication. Je suis très heureux mais paniqué par toute cette effervescence autour de moi ! Nous arrivons finalement après cette queue leu leu médiatique devant les caméras de « E Entertainment ». Notre interviewer a l’air d’avoir absorbé des acides, il est survolté. Brad me regarde et nous sourions tous les deux avec complicité…Ce type nous amuse. Un coup il s’adresse à nous et dans la seconde il s’adresse aux techniciens en charge de la retransmission de la soirée, la main scotchée à son oreillette. Il est vrai qu’avant nous, il pelotait une actrice très connue en direct… Le mec m’ignore et ne s’intéresse qu’à Brad qui, légèrement agaçé, lui explique que je suis à l’origine du film. Il me défend, sa main posée sur mon épaule. Le mec de la chaîne paraît gêné, il transpire… Le regard en biais que Brad m’adresse est éloquent sur ce qu’il pense !
Tout le gratin d’Hollywood est présent au cocktail qui précède la cérémonie. Nous sommes éparpillés aux quatre coins de ce lieu mythique. Je discute avec Tom Hanks, Georges Clooney ou encore Juliane Moore, de choses et d’autres.
La cérémonie commence.
Je serais assis entre Steven Spielberg, Tom Hanks et tout près de Martin Scorcese et Sean Penn, plus toute la fourmilière de stars hollywoodiennes installée sur les magnifiques fauteuils de cette salle emblématique. La valse des caméras fait son show, Didier Allouch, qui est le cousin d’un de mes oncles par alliance et pourtant ne sait même pas que j’existe ! Commente la soirée pour les chaînes françaises.
Robin Williams présiderait la cérémonie, les stars se succédant sur la scène pour ouvrir les enveloppes scellées qui ont suscité bien des angoisses à un grand nombre de présents dans cette salle….
Mickaël Youn, qui aurait percé aux Etats-Unis bien sur…, interromprait le discours de Sharon Stone en courant sur scène – vêtue d’un string et gueulant dans un mégaphone – avant d’être expulsé par les services d’ordre.
Marilyn Manson, en tenue de scène et maquillé comme à l’accoutumée, chante « I’m not a slave to a God who don’t exist » en faisant un doigt d’honneur et en remontant ses « bijoux de famille » ostensiblement, face à une assemblée visiblement éberluée.
Mickaël Youn passe en courant sur scène, complètement à poil et gueulant dans son mégaphone, avant de s’éclipser parce qu’il est poursuivi par deux balèzes de la sécurité qui veulent le jeter dehors.
Marilyn Manson, guère perturbé par cet « entracte » poursuit sa chanson en jetant une boite de préservatifs, d’un geste provocateur, sur Diane Keaton qui est, comme toute l’assemblée, hagarde, bouche bée.
Colin Farrell recevrait l’oscar du meilleur rôle principal des mains d’Harrison Ford. Claude Rich recevrait l’oscar d’honneur pour sa carrière, des mains de jack Nicholson. David Fincher serait sacré meilleur réalisateur et là !…le moment tant attendu arriverait ! Ashley Judd annoncerait mon nom pour l’Orcar du meilleur roman adapté au cinéma par Fincher lui-même, sur un scénario de David Mc Kenna. Avec dans les rôles principaux Brad Pitt, Kevin Spacey, Tim Robbins et Sean Penn avec lesquels je serais devenu très ami.
Je monte sur scène, Ashley me donne cette statuette mythique, tant convoitée depuis le monde du cinéma depuis la création des oscars.
Une forêt de stars se lèverait pour applaudir ma performance, mais la véritable récompense pour moi serait de lire dans le regard de tous ces gens, dont ceux que j’admire et pour lesquels j’ai de l’amitié : le respect. Brad Pitt et Kevin Spacey seraient émus par mon parcours jusqu’à ce moment magique mais hypothétique.
Tom Cruise se souviendrait qu’il m’a rencontré une fois et que je lui ai donné une histoire écrite pour lui, et qu’il ne m’a toujours pas répondu ni fait le moindre signe depuis plus d’un an… Il a dû m’oublier ! La souffrance de ce silence assourdissant est démultipliée dans tout mon être. Le saura t il un jour et comprendra t il l’importance vitale que son geste – tant attendu et espéré – représentait pour moi, dans ma vie et mon regard sur moi-même ?… Mais il ne bougera pas d’un cil évidement, il est indifférent à mon sujet. Alors que maman à pourtant préciser à son staff que j’était « very upset » de son absence de gestes envers moi qui me suis saigné dans mon travail afin de l’émouvoir, mais il s’en branle totalement et passe pour un héros auprès du public qui l’acclament et le défendent assidûment. S’est ont demandé ce que ça me fait à moi, aux conséquences désastreuses de son attitude. Je suis la victime dans cette histoire et je méritais que mes rêves soient respectés, j’y avais totalement le droit.
Tous et surtout Dicaprio et Lisa Kudrow, seraient fiers de moi, de ce parcours si singulier qui a été le mien : de l’HP à la gloire et la reconnaissance des gens du métiers.
Si seulement….
Mais tout ceci n’est pas réel, je vis à Montpellier et non pas à Los Angeles….ma vie n’est pas publique, elle est anonyme et donc à mes yeux invisible. En guise de stars, ce que je vois dans la rue ce sont des mecs glauques, des bagarres voire des coups de feu que j’entends parfois au loin. Brad Pitt et tous les autres acteurs ne savent pas que j’existe, mon livre n’est pas encore publié, et ne le sera probablement jamais. Il n’aura donc pas le succès que j’espère afin que l’on reconnaisse cet immense travail accompli et qui m’a habité pendant des années et m’a transformé en m’offrant quelques blessures profondes. Même mes textes ne sont pas publiables car je refuse de laisser un éditeur charcuter ce travail qui m’a vider de ma « niaque », mon énergie et à scarifier ma foi d’écrivain. Mais aussi qui a lacéré d’avantage mes relations avec mon entourage, mes amis et les gens.
On ne comprend pas que je sois dégoûté que Tom Cruise m’ignore, on ne voit que le fait qu’il m’a serré la main 3 fois et on prend systématiquement sa défense en me répétant qu’il a eu une année difficile. Moi je vis des années chaotiques depuis belles lurettes, donc il n’a pas d’excuse. Quand on est une star mondiale comme lui et qu’il répète inlassablement à tous les médias, qu’il veut aider les gens, il se doit d’appliquer la formule aux personnes comme moi. Vu le travail que j’ai effectuer pour lui. Les gestes manuelles qu’il m’a fait, il les fait à tout le monde, y compris à ses réalisateurs. Il duplique même sa façon de rire sympathiquement à tout le monde. Force est de constater qu’il n’était pas ému par ma démarche, qu’il n’a pas d’expressions émotive personnelles… Que de souffrances pour rien…
Cette rencontre nous aura coûté très cher mentalement et émotionnellement. Mais c’est une star, il est donc pardonné d’avance !!!
J’ai l’impression qu’avec mes textes je me suis tranché les veines et que mon sang a recouvert les pages blanches, pour rien, ces textes ne pourront donc faire l’objet d’un autre film avec Dicaprio dans mon rôle, car j’en rêve comme d’une délivrance salvatice, moi si absent de la liste des gens qui comptent sur cette planète, tellement méprisé et rejeté par la société depuis de si longues années…. Moi effacé qui ressusciterait à travers les traits du légendaire et talentueux Dicaprio. Et aussi un album de Marilyn Manson que j’aime beaucoup. Il est pour moi une sorte de héros et j’admire ce qu’il a réussi à faire. J’aimerais tant qu’il le sache ! Il est l’artiste complet auquel j’aimerais ressembler, tant au niveau artistique – son travail sur scène – que dans sa façon de faire ses promos.
Quelle leçon de vie il nous donne lorsque il est sur scène quand on sait ce qu’il a enduré dans sa vie perso !
Il est magnifique dans « Bowling for Columbine » et dans les merveilleux texte que Chuck Palahniuk lui a consacré. Il n’a pas encore répondu aux e-mails que j’ai fait transiter par son agent. Je crains qu’il n’aime pas le texte que j’ai écrit pour lui et lui ai fait parvenir. Ca me ronge de songer qu’il pourrait ne pas aimer ce texte, alors que j’ai toujours pensé que lui, particulièrement lui, pourrait me comprendre.
Pourvu que tout cela change et que je sois enfin apprécié de tous ces gens que non seulement j’admirent mais qui me font rêver depuis toujours. Rêves salvateurs où j’aurais pu faire partie de l’œuvre des artistes que j’aime…
Rêves salvateurs, mais rêves coupables. Coupable d’hérésies sociales hiérarchiques. Coupable d’être aigri et nihiliste envers l’humanité en qui je n’ai plus confiance. Coupable de vouloir réaliser l’irréalisable. Au lieu de baiser, boire, payer des impôts et être l’esclave du système comme les autres jeunes de mon âge… Coupable…
Pourtant Je voulais pouvoir sourire à nouveau et pour une raison qui en vaille vraiment la peine. Pouvais je ressusciter, être dans la lumière ? Il est évident que non. Pas pour moi en ce qui me concerne. C’est un territoire strictement réservé et sélectif – un de plus – telle est la volonté et la parole divine de la matrice populaire… Ainsi soit il…
Ce dont les acteurs et scénaristes s’inspirent pour créer leurs œuvres, moi je l’ai réellement vécu ! Douleurs indélébiles…
Pour moi ce texte est une façon de m’exprimer et de hurler à tous le témoignage de mes chaos. Histoire d’exister quand même, pour moi et aussi pour eux.
Si seulement…ce rêve pouvait se transformer en réalité !
Vincent Blénet