Resposabilitées célestes !
1 sept 2013 par vincent
Malgré la froideur de l’indifférence des mortels entre eux, je guette chaque émeute, conflit et guerre avec délectation. Je suis un archange des cieux, je crois fortement en notre patrimoine céleste et millénaire, dont les humains ont bafoué la noblesse. N’ayant que d’amertumes dans mon palais, au cœur de siècles traversés, je me distrais par la violence des mortels.
Lorsque j’observe des combattants clandestins en Orient, faces aux soldats de fer occidentaux, user de leurs kalachnikovs et lance-roquettes inlassablement, tout en développant des ruses pour déstabiliser leurs adversaires. Telle est ma messe salvatrice. Certes, dès que les âmes vont rejoindre le Père des Cieux, je prie pour leur salut. Ce ne sont pas ces massacres qui m’attirent, c’est juste l’instinct guerrier de la survie, annihilant le masque de l’hypocrisie, omniprésente dans la nature humaine. La cadence des tirs des kalachnikovs combinée avec le ballet des combattants zigzaguant et hurlant leur foi, m’offre un opéra divin, puis les avions de chasse encerclent la zone des conflits.
Enfin, vient l’heure où tous mes semblables et moi allons prier et apprendre auprès de Dieu. Nous écoutons les louanges ainsi que les prières utiles dans notre rôle de messagers et de protecteurs. Je suis une brebis galeuse et j’ai conscience que Dieu lit dans mon âme. Mais ce don du Christ, dénaturé et humilié par les mortels, me conforte dans l’abnégation charitable.
Aussi je suis les émeutes des banlieues où les forces de police et les habitants déchainés s’invectivent à coups de poubelles en feu et autres projectiles tout aussi délicieux contre des tirs de grenades lacrymogènes.
Mon conflit préféré se trouve à Belfast, en Irlande. J’y admire la ténacité et la précision des activistes de l’IRA lorsqu’ils mitraillent les soldats britanniques. Je suivais ce ballet à travers mes yeux archaïques, lorsqu’un père de famille est mortellement touché par une balle perdue. Ce dernier avait réussi à faire traverser sa femme et 3 de ses enfants pour les mettre à l’abri, il tenait sa dernière fille de 8 ans blottie dans ses bras lorsque la balle est venue le faucher. Cette dernière était en larmes devant son père écroulé et sans vie, dont l’âme me transperçait, me demandant ainsi de prendre soin de son enfant. Je sentais la pression des cieux sur mes épaules, confinant presque mes ailes. Il est vrai que le spectacle de cette petite fille en larmes me glaçait. L’innocence d’une jeune vie torture ma conscience emplie des visions d’Apocalypse au travers des siècles.
Aussi ais je fais le serment à la Vierge Marie de veiller sur cette enfant nommée Hortense. Elle a grandit sous ma protection, mais elle s’est isolée du reste du monde par sa différence identitaire. Elle écoute du métal et écrit ses ressentis et émotions confuses dans ses journaux intimes. Veiller sur Hortense m’occupait bien plus que de me rendre vers mes opéras guerriers. J’écoutais avec plus d’attentions nos messes célestes aux Cieux. J’y appris les prières de bénédictions et d’inspirations pour préserver l’équilibre isolé d’Hortense, afin d’éviter qu’elle se détache.
Chaque nuit, je l’observais dans son sommeil afin de la protéger ainsi que d’être présent pour cette enfant. Ayant conscience qu’elle se sente en symbiose avec le métal et qu’elle cherche à révéler ses talents expressionnistes. Je me débrouille afin qu’elle découvre l’existence d’un large festival mondial de métal, en France : le Hellfest ! Là bas tous sont en communions, j’y trouve même beaucoup d’attraie. Le Hellfest devient mon nouveau sanctuaire de prières où la dévotion des rockeurs purifie mon immortalité chargée. J’essayais de transmettre cela à Hortense afin de lui insuffler une raison de vivre, ça semble marcher car elle s’intègre facilement et rapidement.
Hortense dessine quelques sourires sur son visage, lors des concerts, où j’avais deux préoccupations : veiller sur elle et méditer en paix pendant l’exhortation rédemptrice scénique des Artistes de death métal. Hortense finit par rencontrer d’autres jeunes Artistes et ils se mettent d’accord pour devenir à leurs tour de futurs prédicateurs de métal Gothique. Je fixe l’euphorie des concerts de death métal, cette frénésie me redonne de l’adrénaline et me laisse pantois lorsque les fans de métal se foncent dessus quand les guitares enflamment le Hellfest. Ils appellent cela le mur de la mort, ça me remémore les nombreuses guerres Médiévales auxquelles je fusse témoin.
Hortense compose ses chansons avec ses nouveaux amis. Ils se rendent chaque année au Hellfest afin de trouver l’inspiration. Bien entendu je veillais au bonheur d’Hortense et je récitais toutes les prières bénéfiques dont toutes nos messes célestes nous apprenaient l’importance. Puis je continuais à méditer et à contempler les nombreux concerts de métal, ces murs de la mort me mettent en effroi, je suis même allé voir ces clubs électro hyperactifs. Tout cela en songeant à cette petite fille Irlandaise, rescapée de la Faucheuse, dont je veille à son équilibre.
Les années défilent et un jour, après avoir prié au Royaume de Dieu, je m’éclipse vers le Hellfest et je découvre que c’est Hortense qui rythme la cadence. Elle hurle ses convictions et déchaine le mur de la mort. Je suis évasif et fier de l’enfant sur qui je veille.