interview & décryptages de l’Archimandrite Ténébreux par Catherine Meylan (extrait du livre « De Feux et d’Encres » 2019)
3 oct 2018 par vincent
L’EDEN EST SON ENFER (De Feux et d’Encres)
Y a t-il plus grand bonheur en ce monde que de retrouver un ami, un vrai ami ? C’était au mois d’Août 2018 à Montpellier. Je quitte la Suisse plusieurs fois par an pour rendre visite à celui qui est de ma famille de cœur, mon ami écrivain Vincent Blénet. Je sens qu’il évolue. Je désire le rencontrer pour comprendre le but de son nouveau livre. Le manuscrit qu’il m’a fait parvenir à Genève est toujours aussi bien écrit. Il me demande toutefois un effort plus grand pour saisir ce que Vincent vit, son langage me devient quelque peu hermétique. Je pressens que même si les mots sont violents il y a une grande quête de sens sur laquelle j’essaie de mettre mes mots. Vincent a cette faculté d’être lucide, presque extra lucide sur lui-même et sur la société de Montpellier ou ‘l’Eden’ devient pour lui de plus en plus un enfer.
Après avoir vécu plusieurs mois au cœur de la cité, de septembre 2015 à mars 2017, avec l’intention de cheminer avec les plus démunis, il écrit son livre « CIEUX FM ». Il entre maintenant dans une maturité nouvelle. Il quitte ses idoles. Avec ce nouveau livre il témoigne d’une incompréhension et d’une révolte face à une jeunesse qui le dépasse. Il y a chez Vincent une bonté d’âme qui lui fait désirer ce qui élève l’homme. Dans le contexte ou il vit il entrevoit une décadence qui l’inquiète et lui fait peur. Toute peur mène souvent à des mots violents, à des émotions qui dépassent le rationnel. C’est avant tout cela qu’il dénonce dans ce livre… Et comme j’ai l’intention de passer quelques jours de plus avec Vincent avant de retrouver Genève, je me laisse dépayser chaque jour un peu plus, je viens prendre la température ambiante d’une ville peuplée de jeunes, de tous horizons, pour trouver un écho à ce que Vincent dépeint dans son livre. Beaucoup diront que Vincent est pessimiste, sans espoir. Moi je dis que le pire des sentiments est l’indifférence. Malgré le monde ténébreux où il semble évoluer, Vincent ne fait que dénoncer l’univers dangereux que fréquentent les jeunes ou moins jeunes, véritables apprentis sorciers, dans une société qui va mal et qui a mal… Ce monde devient un monde anonyme où la personne et l’épanouissement de la personne vont à tous vaux.
Je viens d’une famille de viticulteurs qui évoluent dans une ferme ou il y a de l’espace, des activités saines, un entourage soucieux des autres, où l’oisiveté n’a pas sa place. Où il fait bon se coucher tôt pour se lever tôt dans un village au bord du lac Léman. Et là, je vois le monde à l’envers. J’accompagne Vincent jour après jour et je suis souvent moi aussi choquée et confrontée à une incompréhension. Beaucoup de jeunes à la rue, sans domicile fixe, mendiant dans des rues sales, des jeunes pris de boisson, couchés par terre, perdus dans leur vie et dans leur tête, des anonymes qui se ressemblent et s’assemblent pour se rassurer. Et ça fait mal et ça fait peur de voir tout cela. Cette jeunesse qui, au lieu de chercher à vivre son identité, ne fait que copier .C’est choquant et cela m’ébranle, tout comme cela ébranle Vincent. Alors je commence à saisir le propos de son livre. Vincent me fait l’impression d’un prophète qui vient pour que le monde se ressaisisse, se redresse, se tienne debout. Ce livre est une invitation au Royaume de Dieu. Si Vincent crie haut et fort sa douleur c’est que douleur il y a et qu’il est dangereux de se cacher les yeux. J’espère toutefois en l’homme, car il y a en l’homme plus grand que l’Homme. Il y a cette étincelle première, et au fond du délire et des turbulences un calme profond auquel chacun aspire et qu’il faut chercher comme la perle rare. L’homme n’est pas arrivé. Il se cherche et il faut l’envisager dans un devenir à découvrir.
L’Eden est un caprice, le PARADIS en est factice…
La sexualité une réalité niée, trop longtemps rejetée et taboue. Sujet phobique à l’extrême chez Vincent tout au long des années écoulées de son évolution jusqu’à l’âge de ses Trente trois ans. En effet, Vincent était très, voire trop mal à l’aise à l’idée d’aborder ce ressenti, cette réalité pour chacun d’entre nous. Il avait plutôt une quête de Romantisme poussé, il s’en est même qualifié de ‘Hooligans de la Fleur Bleue’. Il aimait l’amour platonique en réaction contestataire face à une figure Paternelle dépravée, d’une maladive obscénité agressive, limite perverse. Mais également, Vincent refusant à s’identifier et à verser dans la débauche des adolescents frappeurs des collèges, tous admiratifs des soumissions pornographiques machistes envers les femmes. Vincent refusa donc, voire rejeta même toutes pensées d’avoir une relation sexuelle avec les filles, les femmes, croyant qu’il les « salissait ». Vincent cherchait à être plus du côté de la défense des femmes. Quitte à se faire rejeter férocement par les filles mêmes qu’il cherchait à protéger. Notamment une très jolie jeune fille dont il était follement épris et qu’il désirait ardemment. Il se souvient encore de son nom, Sabrina B. Cette dernière a préféré batifoler avec des Gars qui ne manifestaient aucun respect envers cette jeune personne. D’où l’incompréhension totale de Vincent, qui n’arrive pas à comprendre ce schéma, et qui regrette encore à ce jour de n’avoir pu découvrir la Vie à l’endroit et non à l’envers avec cette fille, Sabrina B. Et à présent il souffre de ce violent traumatisme. Vivre la Sexualité uniquement accompagné de prostituées n’arrange rien du tout.
Maintenant qu’il accepte sincèrement, mais bien tardivement sa sexualité. Ce besoin Vital, et pourtant frustré dans son quotidien, perturbe beaucoup la Vie qu’il mène. La tentation ça rend fou, ça le rend fou. Ça crée une telle tension. Alors que la douceur renforce le calme, la privation démultiplie par dix la frustration et l’on est a vif. Les jeunes filles et jeunes femmes aiment flirter avec des voyous. Les personnes vénèrent les aventures qui ont du piquant, Les jeunes si nous regardons dans l’art cinématographique sont souvent fascinés par les truands, l’argent facile, la tricherie sournoise également « les jeux interdits ». On aime les rebelles. On est asphyxié par cela même dans les lieux publics. Il y a beaucoup de violence si l’on veut bien y regarder. Ils aiment les films a sensation à l’excès, les hors la loi. Ceux qui se font respecter en étant violents. Ont droit de cité. A la télévision aussi on n’échappe pas aux séries Meurtrières et aux émissions de TV réalité si superficielles qui donnent la température de ce a quoi rêvent beaucoup de jeunes. Les héros sont déifiés. C’est la nouvelle religion. Le paradis… non… L’illusion du paradis. Ce que j’appelle le nouvel Eden. C’est l’audimat des spectateurs qui donne la mesure. Plutôt qu’une prière on met un like. Leur Dieu est plus important que Dieu. C’est le nouveau veau d’or. Il y a une intoxication énorme et infernale, C’est le nouveau fascisme imposé par les médias et qui reçoit L’approbation des jeunes ou moins jeunes. Une nouvelle religion mercantile. L’important est d’avoir de l’argent et de consommer. Il y a un investissement massif de la haine.
Tout est tarifé même l’amour qu’il faut payer. Et face à cela Vincent dénonce la vraie aliénation, pas seulement celle des hôpitaux psychiatriques. C’est comme si quand on est différent on n’a pas le droit d’exister. Ce qui fait peur c’est qu’il n’y a plus de repère pour les jeunes. Tout cela financé par les producteurs français. Il y a un investissement massif qui revendique la haine. Les jeunes s’identifient a des clichés. Ils manquent de personnalité. Ils veulent être reconnus mais ils restent aliénés à une société fondée sur l’apparence. Le sexe aussi fait vendre. C’est le monde à l’envers. Ce qui est donné dans la gratuité dans l’amour est vendu au plus offrant. On dénature la beauté des femmes. On mise tout sur l’extérieur. Et Vincent ne trouve plus de repères ni ces jeunes d’ailleurs. Il y a des codes dans cette société d’apparence et si l’on ne s’y plie pas on est rejeté et l’on est traité de ‘sale gros’, ‘sale écrivain’, ‘sale schizo’. ‘Sale gothique’. Les valeurs sont frelatées. Vincent souffre de l’injustice et le proclame haut et fort. Et quand il est blessé il retourne la violence contre lui même. Il s’exécute. Quand on le prive de vivre sereinement il se sent obligé de se tuer. Souffrance à son apogée. Il faut tuer la différence et se renier soi-même.
L’Eden est un caprice, le PARADIS en est factice…
Les médias vous orientent dans une philosophie négationniste de vie à contre sens, aussi fasciste que dogmatique : Drogue, alcool, cigarettes, Fast Food, sexe contre argent lucratif, ou sexe parce que Popularité. L’absolue nécessité de devoir ressembler aux dictats de la mode des TV réalités ou des réseaux sociaux imposés, comme aussi pour ces personnes âgées qui sont perdues dans tout ce marasme technologique. En gros mes Aïeux, Tweetez, Likez, ou bien CREVEZ !!! Il y a un meurtre forcé et il est prémédité avec une rigueur absolue. On approuve quelque chose de génocidaire. C’est malsain. On absous le commerce d’une idéologie suicidaire au nom du populaire et populiste. Contrairement aux animaux l’homme est capable du pire à travers une idolâtrie païenne. Et là on a envie d’être illégal. Le rappeur a la classe, les filles ont envie de lui car il frime, il a le look que le système veux nous forcer à adopter, la dégaine désinvolte et irrespectueuse. Il faut semble t il être illégal, voire immoral, sans Foi ni loi, et également brasser des masses d’argent. Aujourd’hui l’argent peut TOUT acheter. Pour avoir la chance de rencontrer une fille, il faut PAYER mais aussi avoir l’habit imposé par la société actuelle où aucun ne doit avoir de singularité, ni le droit d’avoir sa propre signature existentielle. Voyez la musique médiocre comme David Guetta et d’autres diffusés en boucle telle une rengaine psychotique d’un formatage aliénant. Doctrine collective pour resserrer les troupeaux et les cloisonner pour mieux les manipuler à la guise. Contrôle Absolu. Mais David Guetta, Booba, Kenji ou Maître Gims, pour les citer, attirent les filles, elles associent l’artiste à l’argent. Il suffit de voir la presse people insignifiante pour s’en convaincre. Le paraître des superficialités du factice les endoctrinent dans un fantasme quasi Religieux, voire intégriste. C’est une incitation à la débauche alors qu’on fustige tout individu qui veut être libre. Les personnes préfèrent choisir ce qui distrait. Ils ont perdu le sens de l’individu intérieur, profond. Ils s’identifient à la masse. Ils s’attachent à une image. Leur nouvelle icône.
Une nouvelle Bible est établie, elle s’incruste de force et avec violence dans nos assiettes, nous n’avons pas de choix autres qu’avaler ça. Cet effet de frustration crée la révolte et le rejet et conduit à la violence parfois difficilement contrôlable dans son cas. Alors Vincent flirte avec la mort, car la Vie ne lui offre que douleurs, désolations et Chaos. A la souffrance extrême il pense que la mort serait LA délivrance absolue, une fuite à l’inacceptable, et la garantie d’être sauvé de l’horreur barbare de son quotidien infernal digne des ‘Cercles de l’enfer’ décrits par Dante. L’enfer existe et réside à l’intérieur et en l’intérieur de l’hôpital psychiatrique (à ‘La Colombière’ de Montpellier) ou il a séjourné à l’âge de seize ans. Il se souvient que lorsqu’il marchait dans les couloirs du frigorifique HP où il ne voyait pas le monde extérieur sauf bien après durant ses restrictives promenades, comptabilisées à pas davantage que trois par jour. Vincent que voyait-il sur la façade d’en face, de l’autre côté de sa prison lugubre, là où les stalags Sibériens ressuscitaient une ère que l’on croirait oubliée et vaincue. Comme s’il y avait des mondes parallèles, hors des limbes glacés. Vincent regarde chaque jour, tel un rituel afin sortir de cet hôpital, une entreprise de pompe funèbre. L’écriteau qu’il voit depuis la psychiatrie lui semble rêveur, quasi purificateur car il en avait déduit que la mort est le Salut, la rédemption pour s’évader de l’enfer interminable. Vincent vécut tous ces jours-ci terrifié dans l’idée qu’il n’en sortirait jamais. L’extérieur qui s’offrait à ses yeux et qui était synonyme de libération. La libération dans son esprit était la mort. Parce qu’accepter la Vie c’était subir l’enfermement psychiatrique dans un océan chimique de psychotropes destructeurs et vivre avec l’assurance des autres qui le battaient férocement.
Le blasphème, dans la bouche de Vincent signifie être différent, hors du système, c’est désirer ce que le commun des mortels possède et auquel il n’a pas droit. Par exemple : « je ne peux pas enlacer une fille, l’embrasser, avoir du plaisir sensuel avec elle ». La frustration va attiser, décupler et enflammer la rancœur. Le seul ressenti possible, mis à part l’écriture et l’amitié, c’est la colère. Il aimerait être tranquille, pouvoir écrire sans avoir peur de la page blanche, être sans rancœur, sans deuil à supporter. Entre le bien et le mal, il lui arrive d’être désorienté et perdu. Qui écouter ? Les fantômes de son imagination, ses peurs ou la parole constructive et apaisante de ses amis, qui sont là pour le rassurer. Il voit dans les bars des jeunes et aussi des adultes se shooter à la coke, même des étudiants dans un coma éthylique, alors que lui cherche l’espoir. Il veut y croire à fond ! Décalage certain dans la manière de concevoir la vie. Tout ce qui était interdit dans l’ancien testament, et qui conduisait les personnes au bûcher pour sorcellerie ou hérésie, blasphème, devient démocratisé. Le péché devient une laïcité démocratique.
Toute l’innocence qu’il avait a été violée, détruite, souillée. On n’a pas le droit de travestir ce qui est mal et injuste ! On a alors besoin de culpabiliser quelqu’un ou quelque chose, quand on voit que les personnes « normales » ont tant de possibilités de vivre bien, alors que lui, tous les jours lutte pour entrevoir un ciel clair, peuplé de nuages qui dansent et un horizon serein. Le ciel est si beau ! L’artiste qu’est Dieu créé de si belles choses qu’on aimerait toucher le beau, la liberté. Quelle évasion ! La peinture de Dieu le purifie. Et Vincent a l’obsession de reformuler en mots la peinture de Dieu. Si Dieu toutefois a créé l’homme à son image, Vincent ne s’y retrouve pas. On pourrait être déçu du résultat. Dieu est mal représenté dans ce monde. Ce siècle fini, que restera t il lorsqu’on aura tout abîmé ?… Le chaos. Les âmes périssent au nom de la Genèse à cause du péché originel. Dieu semble t il, ou tout du moins pourrait on le croire, est insensible à cette déroute. L’être humain, lui, reste avec sa faim. Chaque larme est un cierge qui purifie le cœur et le monde. L’enfer semble être dédié aux anges, aux personnes droites. Alors que l’Eden est injustement le bonheur des personnes répréhensibles et insignifiantes, voire immorales. Ils ont acheté le paradis facilement…
L’Eden est un caprice, le PARADIS en est factice…
Les filles oui c’est un sujet de grande souffrance pour Vincent. Il est entouré par une population de jeunes à Montpellier et les tentations sont évidentes, mais aucune fille ne répond à ses avances. Il les aime fraîches, jeunes, innocentes mais attirantes. Que faire avec ce refus constant qui lui rappelle que la ‘différence’ TUE. Il leur a dédié un livre « Gazhell » en espérant qu’il serait compris et entendu. Mais cela n’a pas reçu les résultats escomptés. Elles le trouvent trop sombre et ne voient pas en lui le cœur d’or qui frémit à leurs passages. Se voir refusé ou pire, quand elles lui montrent de l’indifférence le crucifie. Cela développe en lui de la colère et une grande frustration. Il est si sentimental et respectueux. Il ne comprend pas. C’est une éternelle question. Lors de mon séjour, nous nous sommes assis au Subway, restaurant à Montpellier. Deux jeunes filles se sont assises à nos côtés. Nous avons commencé à engager la conversation avec elles, pour s’assurer qu’elles étaient confortables. Nous étions avec deux jeunes amis plutôt ouverts. Donc les échanges de point de vue fusent. L’une étudie la Littérature. Vincent est aux anges. Il retourne chez lui chercher deux de ses livres pour le leur offrir accompagné d’une jolie dédicace. Ils parlent longuement des filles et de la jeunesse à Montpellier. Elles lui assurent que toutes les filles ne sont pas comme celles que Vincent a rencontrées ces dernières années. Il se sent pousser des ailes. Ils échangent leurs Facebook. Enfin le sort semble contredire ce que Vincent pense. Son cœur bat la chamade… Mais aucun signe de vie le soir même ou le lendemain pour dire au moins si elles ont reçu les liens sur les livres de Vincent, qu’elles lui avaient demandé de leur envoyer, ni plus tard sur ce qu’elles ont pensé du livre gentiment offert par Vincent. Désabusé il en arrive à généraliser… Oui elles n’ont rien de différent des autres. Reste le vide de relation, de communication. Le mensonge. Elles condamnaient les filles stéréotypes dont je parlais, en disant que toutes les filles ne sont pas désinvoltes, elles lui ont prouvé le contraire en frivolant avec des ‘Cavaliers’ identiques à ceux que je dénonçais.
Je remarque chez Vincent une recherche de la beauté dans tous ses aspects, mais surtout la beauté du cœur de l’homme. Il l’aimerait sensible, tendre, pur, élevé vers une plus grande spiritualité. On voit cela dans les sujets qu’il aborde ou il met toujours le monde et le ciel entremêles. Un monde sans Dieu et sans ange ne fait pas partie de son univers. Il est certain que le déclin de la société et de la culture tient au fait que l’on a évacué Dieu du cœur de l’homme. Lui croit en Dieu. Il perçoit très bien cet appel du cœur aimanté par ce qui est au dessus de lui. Il essaye de s’arracher au monde qui le happe et fait intervenir toutes les forces et les puissances du ciel pour traduire ce désir. C’est un vrai combat. Vincent me fait penser à un ‘preux chevalier’ qui est à la recherche du Graal. Vincent pressent que la « beauté sauvera le monde » La bonté et bienveillance aussi. Quand Vincent souffre il aimerait que Dieu comprenne sa souffrance, y prenne part, Qu’il fasse l’apprentissage des limites psychiques et nerveuses et humaines qu’il vit. Très humblement Vincent reconnait que quand on est écorché vif, c’est facile d’écouter les sirènes, la tentation plutôt que d’y résister.
L’humilité de Vincent me touche et le rend très humain, frère dans toutes nos fragilités. Son innocence a été violée, au lieu d’apprendre jeune ce qui est bon et bien, il a reçu des coups, vécu des choses monstrueuses. Il doit avancer avec ses blessures de l’âme et du cœur, parfois du corps. Vincent aurait aimé découvrir la vie normalement, dans le positif, avec une sexualité féconde. Mais parfois il faut traverser le mal, le deuil et la mort pour s’apercevoir que chacune d’elle n’est pas une bonne épouse. Vincent se sent souvent contraint à vivre un couteau dans le dos, un revolver dans la bouche et obligé d’avancer sur un champ de mines. Il a peur de prendre des décisions, d’être acteur de sa propre vie. Son libre arbitre lui fait peur.Il ne doit pas trébucher car en dessous il sent le vide, le néant, le noir. Pour ne pas tomber il se tient à deux rampes pleines d’épines empoisonnées de neuroleptiques. Un facteur important et stressant pour Vincent est le temps. Impossible de le suivre, il est toujours en retard et pressé comme le Lapin d’Alice au Pays des merveilles. Les neuroleptiques sont maîtres de ses journées. Impossible de faire un programme qui se tient. Il ne peut pas prévoir les coups de barre. Tu sembles prisonnier du temps Chronos. Il se sent égaré et cela il le projette dans l’éternité. Comme si tout était définitif…
L’Eden est un caprice, le PARADIS en est factice…
La peur est un facteur qui a un effet inhibant sur sa vie. Peur de la page blanche, peur de Dieu, peur des intégristes dans la religion, etc., etc. Une psychose vêtue de multiples terreurs & angoisses lancinantes. Ces derniers veulent évangéliser par la peur. Vincent ne saisit pas ce qu’ils appellent « Bonne Nouvelle » Cela restait juste pour lui un bon programme politique. Face à un programme que l’on ne comprend pas, grande est la tentation de le refuser ou de l’exclure. Quand il y a ignorance et peur, on doute, si ce n’est que des rejets, donc on devient violent. La connaissance, elle, libère l’homme. L’éducation intelligente fait grandir vers la Vérité. Il faut choisir son éducateur. En effet la vie peut vous apprendre à vivre mal et peut vous déformer. La liberté est de se laisser instruire par plus sage et humble que soi. Les Maîtres à penser ne manquent pas. Pourtant le Christ dit des foules « ils sont comme des brebis sans berger ». Il y aurait beaucoup à dire sur l’éducation des enfants. On n’éduque pas un enfant devant la télé en lui demandant de réussir à tout prix pour avoir de l’argent, ainsi qu’une vitrine sociale et de la reconnaissance. Ainsi qu’il est ressassé dans le quotidien de Vincent, et comme il perçoit ces programmes éducatifs, culturels, et comme Vincent aime le formuler simplement : « la Loi du plus Fort… Démocratisation de l’Hérésie… l’Humain devient un Produit consommable & consommé… l’Offre & la Demande ».
L’élitisme fait loi, telle une immense propagande fasciste, dogmatique et sévère. Comme un vinyle en sens inversé, une démocratie où la dépravation & la débauche côtoient une forme agressive de communautarisme sectaire. J’ai, de mes propres yeux, aperçu l’enfer dans lequel se matérialise les dires de Vincent où il tourne en rond à travers une prison imposée dans laquelle être soit même, et ne pas adopter les codes vestimentaires de la mode établie donc, est une attaque envers l’ensemble de cette congrégation qui l’entoure. On n’est pas loin d’une version idéologique proche des fantasmes d’Hitler, combiné avec l’esquisse de la Monarchie Versaillaise de feu Louis XIV. Actuellement il y a un réel fascisme invisible, mais palpable si on y prête attention. Avant l’horreur et l’innommable avait un nom le Nazisme. Alors le mal avait un visage. Toutes les dictatures utilisèrent l’ensemble des frustrations & misères du Peuble. D’où l’effroyable Génocide qui marqua douloureusement l’Humanité ainsi que l’Histoire. L’homme déchu se révélait franc dans son sadisme. Mainteannt c’est plus sournois, plus subtil. Comment faire croire que le diable n’existe pas. On influence le choix des jeunes, leur goût. On essaie par tous les moyens de les rendre dépendants très jeunes de toutes sortes d’addictions. On matérialise les besoins humains au lieu de d’élever le désir et de l’éduquer. Le mal se cache dans le bien et le bien dans le mal. Vincent croit qu’il faut se forger une idée personnelle pour devenir libre. J’ai cité une phrase chinoise qui disait dans « Gazhell »… J’aime mon maître mais je préfère la liberté… Pourtant il croit à la fatalité. C’est rassurant avoue-t-il. Car on n’a pas besoin de se remettre en question. Tout semble écrit. C’est une protection pour ne pas se mettre en ouverture pour ne pas mettre son cœur à découvert. Marie Laure Chopion a écrit un « cœur sans rempart » Vincent admet qu’il a du mal à s’abandonner, à faire confiance aux personnes, à la Vie. Il a trop souvent été déçu. Mais alors que Vincent sombrait dans cette déception, oh surprise, une jeune fille le dernier jour de mon séjour a appréhendé Vincent qui était habillé très Gothique chic, et lui a demandé de regarder ses nombreuses bagues qu’elle trouvait jolies. Elle nous a laissé son numéro de téléphone comme un signe qui vient contredire la thèse de Vincent sur la fatalité sombre.
L’Eden est un caprice, le PARADIS en est factice…
Un dernier mot sur le livre de Vincent, il ne faut pas comme j’ai essayé de le montrer, prendre le livre au premier degré. Il y a vraiment une réflexion plus approfondie, mais également aboutie. C’est comme une fable de la Fontaine qui à l’époque voulait mettre en garde le pouvoir des Grands.
Par Catherine Meylan