J’arrive à l’entrée et je fixe la masse de gens qui parlent s’affairent et valsent dans tous les sens, telle la frénésie d’un ballet à Vienne. Daniel est déjà claqué par notre longue route en voiture, mais il a été remarquable et a rempli sa tâche avec ardeur, il a immortalisé cette soirée à travers la caméra qu’on avait acheté pour le voyage à Paris. Daniel a combattu sa fatigue et ses douleurs physiques avec courage « c’est ta soirée, profite » me répondait il alors que je ne pouvais que contempler ce chemin de croix qu’il avait dans ses yeux. Il a été d’une patience sans borne, surtout le lendemain au cimetière du Père Lachaise où nous avons effectués mes interviews sous les bombardements de pluies épisodiques, telle une danse.
Le lendemain au cœur du cimetière du Père Lachaise, Daniel filme quelques Crucifix et Anges qui veillent sur les défunts. La tombe de Oscar Wilde est étrange pour moi, trop Art contemporain pour moi, mais après tout… On déambule à travers les allées et arrivons devant la tombe où Dita Von Teese fut prise en photos. Daniel me filme afin que j’expose mes deux livres récents en anglais qui sont la raison de ce voyage et de ces vidéos promotionnelles. Après avec Daniel, je retrouve les deux tombes qui me fascine et que j’ai incluses dans mon vrai/faux portrait sur Marilyn Manson le Saint Révérend. Daniel me filme avec mes bagues, bracelet Gothique à cranes chromés, ainsi que ma croix celtique. Face à l’immense statue ésotérique de l’Ange et celle du Christ, je me sens à l’abri et j’arrive à confesser mon travail devant l’objectif de Daniel qui prend sur lui, vu sa fatigue. Certes les trajets en voiture et se trouver une place symbolisent la guerre et l’individualisme. Daniel et moi nous réfugions dans un caveau, plutôt bien entretenu, car on reçoit encore des averses éphémères. Au final, après réflexions et avoir observé le décor religieux, l’acoustique sonore et la proximité entre moi et la caméra, je décide de faire les interviews dans les caveaux. Daniel lis les questions que j’avais préparé en début de semaine à Montpellier et je parviens à répondre en confiance. Nous avons dû faire quelques pauses car il y eu des touristes et un défilé d’enfants scolarisés, ils me dévisageaient tel un prêtre gothique métaleux revenu des enfers. Je m’en foutais, mais je ne devais pas perdre le fil de mes réponses. Après la parade des lutins de l’enfer, Daniel me filme et poursuit les interviews, assez fatigué. C’est étrange la confrontation des enfants pré formatés par cette modernité décadente et mon identité d’Archimandrite ténébreux avec mon univers religieux Gothique singulier, ils ignorent d’où je viens. Leur manque d’expériences dans ce ballet du Chaos existentiel face à mon parcours effrayant entre mes souffrances, mon détachement des émotions épineuses romantique et mon incarcération en hôpital psychiatrique, où j’ai été crucifié par les camisoles chimiques. L’éducation négationniste des psys et autres personnes lambda que j’ai croisées lorsque les flammes de l’enfer me consumaient, ça a été un viol glacé qui m’effraie à l’idée d’être confiné dans les chants terrifiant de la folie. Cette agonie me ronge à l’usure. Cela à forgé l’Archimandrite Ténébreux, aux ailes gothiques, certes, mais cela m’a poussé dans les charmes de l’excès. J’ai survécu à mes tentatives suicidaires, aux flammes attrayantes des outrances et autres provocations. Pourtant cette immortalité m’a poignardé l’âme. Mon cœur est fragile, prêt à se briser à chaque instant, c’est un fait établi que la différence tue férocement les damnés comme moi. Daniel décide d’abréger l’interview, j’ai droit à deux questions. Je répond et nous quittons les lieux, un vent d’amertume me glace le sang à l’idée de retourner à Stalingrad où je réside et reste confiné dans le silence face à mes regrets et mes errances.
Mais revenons à ma soirée de la veille dans les locaux de mon éditeur. Je déambule parmi la foule assez dense, certains me dévisagent car j’arbore ma croix celtique, mes bagues et bracelet Gothique à cranes en acier inoxydables. C’est ma façon à moi de représenter mon univers religieux entre le Christianisme et l’univers métaleux. Je fais en sorte d’être le reflet du détachement ainsi que le retrait de ce système corrompu à la suprématie du factice. J’avais de belles mitaines en laines noires et un beau pantalon de la même couleur, emporté dans ma valise spécialement pour cette soirée. Avant d’arriver j’étais anxieux et dévoré par le stress, mais là les gens m’ont respecté. Aucun ne m’a sorti des arguments réformateurs Bibliques et il n’y a pas eu d’exorcisme, ni d’injures par blasphèmes face à mes ouvrages dont les couvertures donnaient le ton. J’alpague un lecteur de dos qui feuilletait un de mes livres, avec Daniel fidèle à son rôle de caméraman « « c’est moi l’auteur de ce livre que vous avez regardez » ai-je dit à l’homme. Il se retourne et voit ma stature Goth Christique imposante, il eu le souffle coupé. Après, je vais vers la caisse pour voir mon nouveau livre The Goth Christiancore Miracles, publié pour cette soirée livres ouverts. La couverture est somptueuse et attrayante, au dos je peux lire ma phrase d’hommage à mon héros Marilyn Manson, dont le livre lui est complètement consacré. Certains me disent que mes mélanges ésotériques et death métal sont corrosifs. Daniel et moi discutons ensembles de la mise en scène, dans la cour car il était oppressé par la densité de la foule et avait besoin d’oxygène épisodiquement. J’offre quatre livres à Olivier Giscard d’Estaing, ce dernier m’accueille chaleureusement et me demande une signature. Je m’exécute pendant qu’il fait de même avec un de ses deux livres. Il lit ma dédicace et me remercie. Il m’écoute sur ma démarche Artistique et me serre la main avant de s’éclipser « bonne chance » me lance t il. D’autres curieux se penchent vers mes ouvrages et s’en suit une conversation promotionnelle.
Puis Jean Michel Labylle – un écrivain slameur rencontré l’an passé – me salue amicalement, il est clair que nous n’avons pas les même influences Artistiques et que nous ne désertons pas de nos tranchées identitaires, mais nous nous respectons. Il est passionné par le rap et le hip hop dans la noblesse depuis la création de cette culture. Moi j’ai mon univers Christique aux Angélus métal, les Anges me fascinent et Marilyn Manson est mon repère créatif. Ma culture est singulière, à part, je m’identifie à mon héros et cherche à plaire aux Archanges et au Christ. Mes églises identitaires sont une combinaison de Notre Dame, le cimetière du Père Lachaise et du Hellfest, je crois en la beauté simple du Christ et je rêve d’atteindre Marilyn Manson à travers mes écritures dans sa voix. Jean Michel et moi sommes opposés par nos influences. Même s’il a essayé de m’attirer hors de mon monde, je le respecte mais je ne vais pas changer ma culture. malgré cela Jean Michel est une rencontre intéressante. Je trouve sa démarche singulière voire poétique, même si je ne suis pas fan de cette culture. Jean Michel accepte d’avoir un échange immortalisé par Daniel, après le concert de slam du rappeur littéraire.
Mon éditeur ne cessait de courir sur tous les fronts, dépassé par les événements. Un autre écrivain que j’avais rencontré en 2010, me reconnaît et m’avoue qu’il écrit ses livres en trois jours, il en a encore 34 qui attendent d’être publiés. Je n’en reviens pas, comment arrive t il à composer et écrire si facilement ? Cela m’effraie car j’ai des difficultés à écrire sur commande, c’est ma drogue nécessaire et salvatrice. Comme les intégristes Chrétiens qui se flagellent à la messe avant d’ingurgiter l’Hostie purificateur. Lorsque j’écris en écoutant ma musique, j’oublie mon Chaos Apocalyptique journalier et passé, je concentre mon esprit tourmenté à développer dans mon écriture l’élaboration de mon univers religieux. Je canalise mes souffrances ainsi que mes émotions afin d’exprimer mon âme dans un texte, là mes blessures se font silencieuses et laisse place au prêche de l’Archimandrite Ténébreux déployant ses ailes littéraires Gothiques. Je me sens exister en paix.
Daniel va respirer cycliquement, puis il revient dans l’arène pour filmer mes conversations avec mon éditeur et un de ses amis. Je m’entends bien avec les collaboratrices de mon éditeur, elles sont prévenantes à mon égard, nous échangeons des mots avant que je retourne sur le front publicitaire de mon travail parmi le monde qui diminue progressivement à petits feux. Les filles qui étaient en charge de la caisse, s’interrogèrent sur mes œuvres, j’interviens et me présente. Elles furent sympathiques et j’ai bien parlé avec l’une d’elle Aurélie. Celle-ci comprend ma démarche Artistique sans frayeur et sans préjugés. Daniel et moi allons à l’étage voir le concert de Jean Michel, mon éditeur – présent – veille au bon fonctionnement. L’assistance est charmée, je vais chercher mes deux livres en français exposés et je les offre à Aurélie qui est touchée par mon geste « je vais les lire, mais après mes exams et je vous dirai ce que j’en pense » me dit elle, à ma demande elle accepte de m’interviewer plus tard avec mes questions, face à Daniel. Je redescends et de là j’offre mes livres à des gens, il y a la femme de mon éditeur parmi ceux-ci. Je signe les livres pour Aurélie pendant que le concert touche à sa fin. Daniel et moi rejoignons Jean Michel, puis nous bavardons en faisant chacun la promo de l’autre. Jean Michel est adorable, cependant mon message l’effraie « ton mélange est à la fois alchimiste et aussi sulfureux, il y a des extrêmes que moi je ne franchirai pas. Donc tu joue avec le feu et tu nuance deux facettes le Christianisme et Marilyn Manson. C’est un mélange contradictoire, normalement c’est soit tout noir ou tout blanc » me dit il. C’est le message subliminal que j’ai capté. Je lui avoue de ma frayeur de finir en enfer « ta place n’est absolument pas en enfer, tu es lumineux malgré ton apparence. L’enfer ne t’attend pas, soit rassuré et continu de t’exprimer par ton écriture, c’est l’essentiel » me réplique t il avec sagesse. J’ai réussi avant son départ à le convaincre de bien lire mes textes vrai/faux portrait sur Marilyn Manson, pour mieux le comprendre et ne pas juger cet Artiste trop vite. Jean Michel fut une des belles rencontres ce soir là.
Daniel et moi retrouvons Aurélie, on se prépare chacun pour l’interview. Daniel immortalise une autre de ces belles rencontres, qui m’évade des assauts frénétiques de drogués ou zonards ? Qui urinent et alimente le visage des frasques de la nature humaine de mon Stalingrad résidentiel. Aurélie prend son rôle très à cœur et nous avons un très bon échange, j’arrivais à être plutôt bien dans mes réponses, mon soucis était la qualité sonore de notre interview pendant que des personnes parlaient fort. Aurélie s’est montré amicale et impliqué, ça m’a touché, j’ai hâte de l’inclure dans tous les montages avec Daniel chez moi au calme et qu’elle voie nos vidéos après avoir sauvé le son. Aurélie fut une belle rencontre.
Pendant cette interview une femme m’a écouté et est venue vers moi pour m’encourager. Maïté fut une troisième belle rencontre, son humanité m’a touché l’âme. Elle m’a trouvé émouvant et a compatie pour les dernier mots vivants de mon père, d’ailleurs j’ai bien pensé à lui pendant mon voyage Parisien. Puis une amie de Maïté, Delphine, est venue à ma rencontre. Delphine fut ma quatrième belle rencontre, elle s’est montré délicate et n’a pas eue peur de me serrer dans ses bras, car je leur ai offert à toute les deux mon livre Archimandrite ténébreux « c’est trop gentil, vous nous gâter » me dit elle avant de m’étreindre amicalement. Maïté se sentait gêné par ces offrandes, du point de vue commercial « a-t-on le droit ? On ne peut pas vous prendre des livres sans vous payer, ce n’est pas normal » dit-elle avec effroi « un cadeau ne se refuse pas, considérez ces livres comme un don gratuit » lui ai-je rétorqué. Delphine me propose de l’écouter en concert à Montpellier car elle me confesse qu’elle est chanteuse, aussitôt je lui offre mon premier livre en anglais The Raising of The Damned, édité par mon éditeur en décembre 2012 après la mort de mon père. Dans ce livre il y a des chansons ésotériques où j’ai évoqué la Foi religieuse, la politique sociale et les émotions à vif « et bien vous êtes gâtées mesdames » a lancé un convive.
Lorsque j’arpenterai de nouveau les flammes de la folie urbaine Chaotique de ces jeunes qui jouent à pile ou face avec leurs vies par les excès, l’alcool et la drogue qui sont main courante à Stalingrad, je penserai encore à la délicatesse d’Aurélie, Maïté et Delphine qui furent touché par l’Archimandrite des Ténèbres. Daniel et moi quittons les lieux et allons nous chercher à manger sur la place Clichy.