HELLDEN (mort sûr d’amours)
31 jan 2020 par vincent
L’obsession de toujours se purifier nous guidera à l’éternelle Chute. Longue, périlleuse et vertigineuse vers les abysses. À trop détailler les maux de l’Oublié, le Ciel en a perdu l’onctuosité salutaire de ce sanctuaire intemporel. Quant au Styx, il déborde de cadavres échoués, tous sont tombés par milliers par un présomptueux et démesuré orgueil vertigineux. Emprisonner la beauté des jouvencelles sur du papier glacé, corrompre les pulsions et monnayer la Vie. Combien sont les tourterelles qui gâchent leur jeunesse pour vivre par procuration une existence falsifiée sur des podiums virtuels. Alors que le monde est folie furieuse, alors que les convives dansent hallucinés à la farandole aux illusions brisées de rêves si vite oubliés. Ici-bas les invités doivent facturer la moindre audace sexuelle, s’ils ne souhaitent pas régresser sur l’échelle de Darwin. Il y a comme une odeur de cadavres fraîchement coupés par ici-bas et mon petit doigt me suggère que les responsables du génocide ne sont pas du côté des flammes mais bel & bien à côté des femmes.
Énigmes des cruautés, énigmes aux complexités. Le Créateur n’a de cesse de noyer l’investigateur trop curieux pour décoder la tricherie, alors qu’ils n’ont de cesse à rabâcher qu’ils sont tous septiques vis-à-vis de notre existence. Le paradis a abandonné son missel.
Longitude & latitude, peu m’importe d’où elles parviennent, ses caresses sont un havre de paix…
Le parfum satiné de l’amour est dans l’interdiction d’effleurer ses draps de soie. L’odeur veloutée de l’immortalité est carbonisée par la candeur de nuits érotiques, tendrement enlacé avec elle. Parvenir à toucher l’absolution de l’Éternel se résout par ses douces mains magiques. Elle est la faille tentatrice qui déroute mon existence missionnaire. Elle est la légère faiblesse qui dérobe la profondeur des cantiques. Elle est la caresse sensuelle de ces promesses longtemps bafouées par Père. Avec elle, le péché n’est plus un blasphème, ni une hérétique bassesse. Elle est cette gifle nécessaire à Dieu, histoire de lui révéler que la Vie n’est pas toujours si lissée et rédigée un milliard de fois depuis un parchemin vétuste, enterré et trop souvent corrigé pour se révéler authentique. Tenir les mains de ma chère et tendre, surtout lorsque nous faisons l’amour, c’est joindre les miennes pour la prière. Ressentir le souffle innocent de cette mortelle sur mes lèvres lorsque nous traversons l’érotique symphonie de la jouissance c’est caresser le St Graal. Effleurer la fièvre d’une fusion endiablée du sexe avec elle, c’est boire le calice de la sainte communion. Entendre les battements de son cœur à foison alors que son corps danse avec mes ailes, c’est compter les sons du carillon de la Vie.
Qu’il m’est enivrant de m’abandonner langoureusement à travers elle. Perdre la raison entre ses mains ou bien garder la tête froide. Être déraisonnable avec elle ou alors rester vaillant loin de ses bras. Stoïcisme glacé ou condamné enflammé ? Je ne sais que dire, quelque part entre prières et désirs je m’égare. Bien que je ne sois qu’une poussière alors qu’elle règne parmi l’univers. Derrière les limites linéaires à la frontière des Enfers, assis sur le bord du Styx, je pleure et je chante son missel.
Longitude & latitude, peu m’importe d’où elles parviennent, ses caresses sont un havre de paix…
L’immortalité se répète, lancinante et infatigable, l’éternité est un miroir aux reflets de l’infinité inexorable. La traverser n’est pas de toute quiétude, au contraire, je suis éreinté par la cadence effrénée des âges qui se fanent sur eux-mêmes pour en renaître et en mourir encore et encore. Dialoguer avec des personnes malentendantes pour le commun des mortels est pour eux une gestion fragile en matière de nervosité. Alors qu’est-ce que ça fait lorsque vous avez à recommencé à prêcher pour finir brûlé et tout recommencer ainsi de suite durant un cadran de siècles inépuisable et inépuisés sans cesse, sans un modeste break pour se ré oxygéner l’âme et l’esprit ? Certains l’appellent la « routine » mais nous-mêmes, témoins de l’éternité, nous l’appelons « l’enterrement inéluctable et sans fin ». Oh oui, le paradis a abandonné son missel.
Il est assez étrange, voire paradoxal, de se laisser distraire par les ruses du temps. De millénaires en millénaires bien au-delà des contraires, c’est simplement saisissant de se glisser dans le piège des secondes d’hésitations. Lorsqu’il s’agit d’attendre et d’atteindre celle que son cœur chérit du plus profond de son être. Comment d’insignifiantes secondes, des secondes si dérisoires devant toute une éternité glaciale comme charbonnier pour les Cieux, peuvent s’avérer être un Fiel spirituel, nécrosant mes veines insidieusement. L’immortalité près d’elle ne se tient qu’à la force tragique d’un timide fil. C’est surprenant de se faire duper par l’émotionnel alors que nous sommes immunisés contre le pouvoir de l’esprit. Dieu m’étonnera encore et toujours par ses énigmes. Tantôt punisseur que bénéfique, il perdit le missel.
Longitude & latitude, peu m’importe d’où elles parviennent, ses caresses sont un havre de paix…
Le don des Ténèbres s’est invité dans leurs veines, l’enfer a conjugué son alphabétique dans le missel. Mais quoiqu’il advienne, le don charnel vaut mieux que toute une éternité à vivre sans être avec elle. Autour de moi maintenant je sens un parfum de néant. Le chaos s’est imposé de part et d’autre progressivement et, à l’usure, il a plongé totalement mon âme dans une absence d’espérance, éventualité possible ou imaginaire. Pessimiste, Je vagabonde souvent près des rivages du Styx en espérant respirer le parfum d’Elle si envoûtant. Un parfum fantôme prisonnier dans l’air carbonique des feux de l’enfer. Un parfum féminin et délicat où j’imagine la paix, une paix délicieuse, une paix aguicheuse qui nargue mes papilles. Une paix savoureuse qui traverse mes narines pour infuser à mes entrailles la douceur d’être et l’onctuosité de déployer mes ailes. Derrière les frontières du soleil émergent, là-haut où Elle vit, là-haut où Elle dort. J’ai beau écouter le chant des anges de la lumière, tout ce que je souhaite c’est de l’entendre Elle, elle pour laquelle je me meurs de jour en jour, d’éclipse en apocalypse, de mort à trépas, de siècles fanés en millénaires déchus. À chaque jour, à chaque nuit, les deuils nourrissent ma peine. Pourtant je ne pense qu’à Elle, elle qui hante mon esprit et constitue mes sentiments. Elle qui traque inlassablement mes prières. Elle avec laquelle la Vie est un élixir de mille plaisirs. Le paradis a abandonné son missel.
La contempler droit dans ses yeux turquoise et ressentir l’innocence vulnérable de sa peau contre la mienne. La caresse sensuelle de ses pleurs qui versent sur mes épaules alors que nous faisons l’amour avec une intensité passionnelle. Il m’a suffi de ce fragment de seconde pour entrapercevoir l’étendue infiniment salvatrice qu’est la Vie à l’état pur, la Vie à l’état brut, la Vie face aux barbaries des états de Grâce. J’ai beau regarder les Cieux et défier les brasiers infernaux de flammes révocatrices mais sans Elle je n’entends pas la paix résonner dans mon âme. Une âme meurtrie, une âme qui brûle à tout jamais pour cette femme. Et dans la beauté de la nuit, quelque part dans un labyrinthe d’excès, je traque encore son délicieux parfum envoûtant. Derrière les limites linéaires à la frontière des Enfers, assis sur le bord du Styx, je pleure et je chante son missel. Mort dans l’âme j’écris cette morsure d’amour, avec Elle.
Longitude & latitude, peu m’importe d’où elles parviennent, ses caresses sont un havre de paix…
Elle si douce, si frêle, si légère. Elle si belle dans sa nuisette nacrée, dévoilant avec sensualité une attrayante silhouette. Elle dont le corps reversera les Enfers, là où une armée d’âmes damnées marcheront droit vers l’éternel bûcher, rien que pour recevoir un joli clin d’œil d’elle. Elle dont mes mains font révérence à l’existence dès qu’elles caressent avec délicatesse ses courbes féminines de l’excellence. Elle dont la beauté du visage surpasse la création de la Nature. Elle dont les seins ont la perfection qui frôle la quintessence de l’extase. Elle qui fait s’agenouiller l’éternité et les Cieux à ses pieds. Oh Père, Dieu, Elle, elle est mon être, elle est mon âme pour laquelle je m’enflamme et je m’enflammerai encore & encore avec grâce dans ma disgrâce pour le reste de toute mon immortalité car Elle possède mon cœur à jamais. Ainsi fut mes dernières volontés alors que mes ailes se déployèrent pour qu’Elle & moi-même nous poussions nous envoler ensembles vers le Ciel, cependant loin derrière, Père me déclara la guerre et obligeât mes frères à me pousser, seul, droit en plein Enfer pour l’éternité.
Elle est la faiblesse qui dérobe mes cantiques. Elle est la caresse sensuelle des promesses négligées du Père. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest de chacun des Royaumes éternels, sans elle il n’y a pas de missel. Avec elle la Vie est évocatrice. Avec elle l’existence prend tout son sens. Face à l’abdiquât, genoux à terre et déposant les armes, le paradis lâcha son missel.
« Chère Pauline, je t’aime et la nuit je pleure de t’aimer… »
#HELLDEN #MortSûrdAmours