STIGMATA ROMANTICA (mort sûre d’amours)
26 mai 2020 par vincent
L’outrance et les excès sont un bouclier, l’insolence et la provocation sont une carapace protectrice. Au fond de moi se cache un petit enfant terrifié, traumatisé, scarifié à vif par la Vie. Un petit enfant qui s’est senti violé, abusé par les autres et les exigences de l’existence. Isolé dans un carnaval grotesque et surréaliste, j’ose, j’offense la bienséance. J’utilise la facette obscure de l’âme humaine afin de mieux dessiner ces terribles maux dont les « normaux » jouent avec sadisme pour davantage me heurter. La douleur s’allonge avec la dépression dans un opéra de souffrances. Quelque part mes blasphèmes sont guidés par mes blessures et à cause de ma sensibilité d’écorché vif, il est bien probable que le scandale éclabousse plus violemment que la plaie du petit garçon traumatisé par la Vie, ma vie.
Longtemps j’ai cherché à mourir pour fuir. Fuir mes souffrances, fuir le chaos, fuir la douleur, la peur, l’enfer de l’existence et tant d’autres choses de la Vie qui asphyxient. J’ai toujours cru que le suicide était une échappatoire pour ne plus jamais subir l’horreur. En effet, la vie m’a toujours étouffé, crucifié. J’ai souvent ressenti que cette vie s’est conjuguée comme une mort dévastatrice, lente, viscérale. Comme si Dieu me perfusait un violent poison nécrophile qui brûlait mes veines insidieusement. Je n’ai jamais eu ces moments humains de la vie que la plupart des gens ont pu connaître. En revanche j’ai côtoyé tout ce qui est terrifiant pour les autres. J’ai vu l’abysse de la mort me dévisager en me pointant son index, et me condamner à ne pas avoir le choix ni le droit de respirer un parfum de vie. Longtemps l’amour a été pour moi le stratège complice de la mort. Chaque fois que j’ai été amoureux d’elles, au lieu d’être aimé, j’ai été rejeté et haï. Et c’est alors que la mort a tenté de me séduire encore et encore à chaque fois que mon cœur se mit à battre pour elles. Plus l’amour était là, plus je respirais la douleur de leurs absences, et la force du poison viscéral est dans la continuité de vivre avec le manque d’amour, de sensualité et de chaleur affective de celles qu’on aime si fort. On dit que la vie ne tient qu’à un fil, c’est plus complexe que cela. Il y a comme une bataille de front, une guerre de tranchées. Chacune de mes journées je dois aller de l’avant et faire abstraction des choses extérieures. Non, elles sont une charge guerrière entre les flammes de la survie, en embrassant la folie, et une attaque de tranchées dans le néant chaotique pour subsister et accepter les décisions du monde réel qui ne sait jamais choisir sur quel pas il va danser. Je lutte contre moi-même pour ne pas être sensible, chuter dans le gouffre du lapin blanc et je lutte avec moi-même pour garder le fil de la vie dans les mains.
L’isolement, le rejet, l’exclusion, l’incompréhension ou autres stigmates sont des reflets d’une asphyxie sauvage, ça peut conduire le tourmenté à l’envie suicidaire, envie de fuir pour aller vivre là où il se sentirait exister librement, sans avoir à justifier ses pensées, ses idées, sa créativité, ses désirs et ses plaisirs expressionnistes. Dans cette société d’aujourd’hui, la décadence est souvent une institution, une maîtresse impériale, impitoyable. Lorsque je me réveille doucement, dès que j’allume mon téléviseur et que les options de programmes sont limitées aux stupidités marketing populaires des masses, lorsque je vois qu’il n’y a rien d’autre qu’une dictature de culture « fashion racailles » infâmes, de rap grégaire où la langue de Molière est violée atrocement par des voyous illusoires qui ne savent que brandir des armes à feu, des sachets de drogues et des jolies femmes qu’ils attachent en laisse misogyne. Lorsque je traverse en zigzag le monde actuel je découvre que si on n’est pas dans leurs modes commerciales, je suis condamné à crever, loin dans les catacombes arbitraires. La sentence est déjà validée ici-bas dans cette région. Je suis différent, j’aimerais faire l’amour avec une jolie fille blanche alors que je suis un gros, je suis blanc et je n’aime pas l’idée de me soumettre dans l’allégeance à cette culture « fashion » malsaine, qui ne me ressemble pas. J’aime écrire, je suis gothique et je rêve d’être un écrivain à part qui existe et qui est apte à séduire les attrayantes ‘tourterelles’. Il est vrai que j’ai le « défaut » d’être attiré par les femmes de la nuit. Je m’en excuse mais j’ai besoin de respirer la saveur du parfum de soie qu’elles ont l’habitude d’offrir aux analphabètes voyous qui ne cessent de leur rendre les caresses féminines par des remontrances verbales, psychiques et physiques. Une relation sexuelle ne devrait pas se réduire à des fessées, des baffes, des fellations salaces animalières sous cocaïne, ou encore des sodomies équestres barbares qui cherchent à illustrer que deux êtres humains qui ont une fusion érotique, en fait sont des exemples d’esclavage sauvage. Une partenaire féminine sensuelle ne devrait pas se réduire exclusivement à une soumission bestiale, limite la sauvagerie du dominant puéril qui croit qu’elle n’est rien d’autre qu’un réceptacle pour son sperme inachevé.
Dès que j’erre dans mon environnement social, je sens le machiavélisme, l’individualisme opportuniste, le regard des « normaux » qui sont déjà en malaise avec l’horreur qui s’affiche dans leur horizon parce qu’ils croisent mon chemin et que mon être les répugnent férocement. Alors je poursuis la bataille avec mon subconscient. Je souhaite vivre pour mieux écrire et vivre ces attrayants désirs de sexualité avec les gazelles qui me font rêver. Et être un écrivain qui peut transmettre ses émotions littéraires à travers les frontières pour exister. Seulement, lorsque je reçois les coups de la vie, à la longue, à l’usure, je suffoque et parfois si je veux survivre psychologiquement, je m’imagine me faire hara-kiri. Parfois je me tranche le corps, parfois je me brûle dans un brasier apocalyptique et je jouis de fureur désespérée dans la sentence prononcée par eux.
Mon humanité s’est élimée progressivement. Plus j’ai appris à grandir et avancer, plus je perdis une partie de mon âme. Mes émotions se sont désistées à lutter pour que je ne devienne pas davantage cinglé. Mes pulsions schizophrènes et ma colère borderline sont déjà si tenaces et tendues que j’ai beaucoup de difficultés à calmer l’enfer qui est en moi depuis mon enfance. Une enfance faite de « viols psychologiques » de violence et de brutalité humaine où j’ai toujours absorbé ces chaos. Parcours de vie lorsqu’on n’est pas le bienvenu dans ce monde. La vie m’a tué progressivement, à petit feu. Je suis un columbarium recyclable. Les jours s’accumulent et je me meurs à l’usure. J’ai commencé par devenir moins sensible aux horreurs, moins humain que mes congénères. Ayant moins de jolis moments, sentiments etc.etc.etc, je me suis laissé aller à jouer avec les peurs profondes et les monstruosités de l’âme humaine. Je me suis « protégé » à travers l’image effrayante du croquemitaine de l’enfer jugeant les autres, les « vivants ». C’est comme ça que je me suis trouvé un mécanisme de défense pour arriver à survivre dans l’esclavage de ce monde moderne et décadent, si étranger à ce que je suis. La peur a dominé mon existence, elle a toujours été la plus forte pour me plier à lui obéir, jusqu’à mes blocages schizophréniques qui ont amputé une énorme partie de ma vie. Ma maman en a été la victime et le témoin de tout ce désastre. Je ne sais pas à quel point je lui suis reconnaissant et ému qu’elle continue à me relever, me soutenir et m’aider.
Les amours bafoués, les désirs méprisés, m’ont tué. La mort m’étouffe, la peur me paralyse et la vie m’enterre. Je n’arrive plus à pleurer, mais la seule émotion qui parvient à se manifester dans mes entrailles c’est la rage, l’envie de refléter la peur dans les yeux des « normaux », le désir de me venger contre tout ce mal qu’ils m’ont donné. Dès qu’il m’arrive d’être amoureux, le bâton de la vie s’acharne sur moi et me frappe atrocement. Alors j’entame une phase dépressive et je recommence à mourir de l’intérieur plusieurs fois. Plus j’espère, plus je souffre, et je subis davantage le bâton de la vie. Je suis devenu cynique, pessimiste, fataliste et un peu plus « raciste » envers les enflures qui ici me défoncent et me déstructurent avec une arrogance sadique et une défiance nonchalante. Ils sont tellement d’une folle insolence qu’à la fin je me réfugie dans le rôle d’accusateur skinhead effroyable, ennemi des valeurs de bienséance qui servent de bouclier faire-valoir à la bande de troupeaux hypocrites qui jouissent lorsqu’ils me détruisent. La carence, la peur, la frustration et la mise sous silence me poussent dans les impulsions provocatrices, accusatoires et effrayantes, voire flirtant avec le scandale ostentatoire que, à défaut de vivre, je cherche à blesser en retour. Choquer les « normaux » est souvent un aphrodisiaque qui enivre mes pulsions autodestructrices. Souvent c’est en ayant touché les excès qu’on peut ressentir la vie, c’est évidemment triste mais avec la folle décadence de ce consortium social d’aujourd’hui c’est devenu banal.
Etre soi-même, trouver sa propre voie expressive/identitaire, peu importe. L’essentiel est de se sentir vivre, vivant et en vie ! Avoir envie d’être, d’écrire, de peindre, de chanter, d’aimer etc. pour ma part il m’est douloureux de survivre dans l’asphyxie générale avec le silence imposé par eux. Pauline est probablement celle qui a symbolisé la mise en garde de l’amour qui n’a jamais apprécié que je respire ses saveurs. Je me dois de ne jamais plus tomber amoureux afin de m’éloigner de la mort. J’ai beau être gothique, je n’aime pas les cercueils, j’en ai trop vu de près et j’ai l’amertume des condoléances. Je reconnais être quelqu’un de subversif, corrosif, controversé, voire infréquentable. Je nage à contrecourant. J’écris la prose de la contreculture. Mais est-ce que ça fait de moi une créature inappropriée pour la vie ?
Devenir ou mourir ? Je préfère écrire !!!