Une Éternité d’Éther Niqué
10 nov 2022 par vincent
Tant de siècles, tant de poussières, tant de chaos ont défilés devant mes yeux de feu.
J’ai vu une vague incommensurable d’âmes scarifiées être vendues, voire même être refourguées dans ce tunnel de limbes abyssales. Là où bon nombre d’imbéciles prennent exil, là où bon nombre s’imaginent être et paraître, là où ils s’inventent et s’identifient à des veaux d’or, comme les idoles à suivre.
Tant de siècles et tant d’éternités ont succombé au baiser du souffre.
Dans un défilé de brasiers, un exposé d’excès, j’ai vu tant d’époques et de drames influencer ces jeunes dames, courtisanes de l’infâme, monnayant chacun de leurs charmes. J’ai vu l’émergence du ridicule, clamant à chaque flatulence qu’il était ce temps de la quintessence.
J’ai vu les portes de l’enfer trembler devant l’insouciante indécence de ces écervelés freluquets, pissant tous à tort et à travers sur l’hexagonale garden-party de l’Éden.
L’enfer se fait muet, le Tartare omet d’énoncer ses monstruosités, le soleil s’étant dissimulé.
Les ombres oubliées, les fantômes ronchons, les charognards bouchers d’en-bas sont pétrifiés lorsqu’il faut aller mendier sur les rivages cramés du Styx, tous en file indienne, la p’tite pitance d’une survivance, accessible mais dérisoire, provenant du Ciel exorbitant.
Les damnés font la queue pour survivre et s’empoisonner. La disgrâce sanitaire baptisant chaque misère réfractaire. Prêcheurs pisseurs facturant tous leurs vices dans nos veines.
La générosité des Dieux se limite à nous revendre au rabais les restes avariés des miettes qu’ils ont empiffrées là-haut, ou bien de ce qu’ils n’ont pas consommé. Les plats les moins savoureux dont la fraîcheur est semblable à l’odeur des fosses communes.
Loin des senteurs parfumées et onctueuses des nymphes attrayantes d’Éden, la clémence sanitaire des Dieux se résume à de la pisse accompagnée d’excréments dans une soupe insalubre, distribuée à la chaîne. Un défilé inexorable de baptêmes maudits là où l’odeur de la mort danse avec les excès, là où la senteur du trépas valse avec la violence.
Les affaires sont les affaires, les affaires restent sanitaires, l’enfer est gorgé d’éther.
J’ai vu ce gouffre effroyable réclamer encore plus d’âmes.
J’ai vu les horreurs me traverser, l’éternité qui m’a défénestré.
Je suis resté de côté, dans l’ombre des pénombres, décortiquant la moindre futilité.
J’ai cherché à hurler toujours plus férocement que le grondement terrifiant du gouffre, affamé d’âmes abusées et désabusées. Le temps s’efface, les siècles me dépasse, l’immortalité est tenace. Là où la raison est déraison, là où la déraison devient raison.
Durant plusieurs éclipses j’ai laissé la démence prolonger mon insolence, j’ai choisi, j’ai omis la remontrance du gouffre. J’ai joué à titiller les apocalypses, ignorant les conséquences.
Alors que mes yeux de feux restent ancrés et charmés par la violence effrayante des vociférations saccadées de ce gigantesque gouffre cauchemardesque.
J’ai fait de la roulette russe avec le néant, une belote suicidaire, « bataille de cauchemars ».
Ici les senteurs de pisse s’étalent à vue d’œil, propices elles se prélassent, le chaos squattant tout l’espace, macérant largement nos rancunes et nos colères.
Le soleil se déleste, il délaisse sa foisonnante lumière, fanant nos prières et blâmant nos misères. Il enlace quelques verbes occultes, il épouse la sombre tessiture attractive des artificielles ténèbres. Séduit par quelques caresses de dégénérescence, courtisé par quelques baisers langoureux de la décadence.
Ici en bas on échange les pentagrammes aussi aisément que des Instagrams.
L’agonie des voix infernales est un long bal incandescent d’indécence.
Un tortueux acouphène d’hérésie chaotique radiophonique, cauchemars stratosphériques.
J’inhale mes outrances, j’inhale mes excès. Tel un décompte, la chute vertigineuse d’âmes tombant dans les entrailles d’un gouffre infernal, lequel s’enjaille.
Les vers ripaillent avec les rats afin de savoir lesquels d’entre eux savoureront, au menu et en détail, le surplus de chair nécrosée de ces cadavres à peine enterrés, fraîchement trucidés.
Le beffroi éclate, il vocifère dans le brouhaha cacophonique, le beffroi règne sur ce désordre stratosphérique. J’inhale l’ivresse de mes outrances, j’inhale la fureur de mes excès.
Aux enfers les cimetières regorgent de victimes anonymes, damnés unanimes aux prières synonymes. La colère danse au paroxysme avec les poussières au vent.
Brasier des doléances, baiser des condoléances, fougueuses déchéances.
J’inhale mes excès avec insolence, j’inhale ma violence avec virulente indécence.
J’observe ce ballet désenchanté d’âmes qui montent et celles qui descendent sous le grondement terrifiant d’un gouffre béant, affamé, aboyant, réclamant davantage d’âmes.
J’observe les croix se faire brûler. La perception du mal devint de l’obsolescence.
L’horrifique désenchantement devient habituellement lassant, voire quasiment prévisible.
Le gouffre rugit de plus belle, et toutes les peurs dansent en farandole avec nos cauchemars. Il y a beaucoup trop de prêtres et de pasteurs préoccupés à baptiser à tout va, évangéliser de la clientèle à vau-l’eau. Ils assemblent les âmes damnées aux divers péchés confondus.
La chaleur du Styx n’a d’égal que les radiations d’un soleil corrompu, tant il y a de victimes réclamant le sacralisé crime d’état. Les prédicateurs blasphémateurs injectent à l’unisson leurs poisons, soi-disant salutaires. Et les âmes en réclament, la misère en est la prière. La religion fait l’éloge de la punition, prétextant la brûlante damnation.
Nous en sommes les pions.
Le gouffre aboie, rugissant comme un milliard de diables, le gouffre ordonne, il vocifère.
Au-dessus des nuages rouges sang, j’entre-aperçois la danse lascive des nymphes délicieuses, déesses pernicieuses aux ivresses des plaisirs oniriques. Elles incitent les âmes à souscrire aux stock-options, sceaux damnatoires condamnant et renvoyant leurs victimes, droit dans l’estomac, boucherie effroyable, de ce gouffre toujours aussi assoiffé d’innocence.
Le Styx devint un défilé de baptêmes inquisiteurs, tribunal du mal, il faut se soudoyer pour mieux se peroxyder, se nécroser vif, à vif. Chaque prise de conscience rationnelle est blâmée, condamnée et exécutée sur le champ, en public par les prêcheurs assermentés.
L’objectif étant d’affirmer aux miséreux la toute-puissance du glaive impitoyable de Dieu sur eux s’ils ne font pas ce qu’il veut. Démonstration d’humiliations par la force d’une religion.
L’enfer est un amer désert et l’horrifique Styx foisonne d’incendiaires blasphémateurs.
Je vois tellement de damnés cloués, crucifiés sur d’immenses croix. Je vois des inquisiteurs foutre le feu aux condamnés. Je les regarde brûler, je les regarde être oxydés, calcinés comme de la rôtisserie publique, distrayant les masses d’adeptes aseptisés. Cramés pour les égayer.
J’entends les prêcheurs hurler que les damnés en train d’oxyder iront se faire châtier dans les affres affreuses des limbes. J’écoute la plaidoirie des prédicateurs accusant ces condamnés cloués et consumés sur leurs croix incendiées. J’observe l’indécent marché fructifier la vente de galets empoisonnés afin que les aseptisés puissent les jeter violemment sur les oxydés, alimentant le climat anxiogène, machiavélique et sectaire, sanitaire des enfers.
Le désespoir remplit massivement le tiroir-caisse de l’abattoir faire-valoir.
J’inhale la violence des éclipses, j’inhale l’insolence des soleils perdant tous leurs sens, j’inhale la virulence des Apocalypses, j’inhale la danse lascive des excès trop vite pardonnés.
Je vois encore tant de courtisanes se faner pour galoper de plus belle après des ânes.
La douce musique des chants d’orgasmes énoncés par les nymphes si attrayantes, tellement attractives, je suis à la fois évasif d’une envie de rêver jouir avec elles, en elles avec onctueuse indolence. Mais j’ai conscience que le rêve matérialisé est un internement d’office dans les boyaux du gouffre monstrueux.
Elles se pavanent, elles me charment à en perdre l’âme, je me damne, j’en crame.
Calciné, figé dans mes psychoses et mes trouilles. Pétrifié à la terreur d’avancer, je me colle au chatterton, je me scotche dans les affres d’un néant réfractaire.
En bas, près des puanteurs, aux abords du Styx, on baptise, on aseptise de l’imbécile comme on anone le décervelage à l’église. Ça baptise et ça canonise le viscéral déloyal, lequel aboiera comme la meute de rottweilers sans couille à tort et à travers. Les blasphèmes sont des stratagèmes, les affaires se font dans les enfers, la courtisane cours après l’âne. La disgrâce s’écoule comme la première soupe sanitaire, l’état de grâce embrasse l’hérésie totalitaire.
Et pourtant, il faudra bien que dégénérescence se prélasse.
Prêcheurs accusateurs, pasteurs blasphémateurs, églises aux mille horreurs. Styx de puanteurs.
Des prédicateurs infâmes promettent l’éternité pour nos âmes en nous infiltrant de l’éther niqué, les ravissantes courtisanes dansent lascivement pour en commercialiser la réclame. Ravissement d’un somptueux déclinement, orchestré prodigieusement.
Alors que les crucifiés s’embrasent, alors que la misère nous enlace, alors que l’horreur des voix infernales embrassent suggestivement la terreur en nos entrailles, rugissant à tout-va et à tous-azimut.
Nous n’avons pas su voir l’arnaque, savamment ficelée, nous opérer, nous travailler. Troquer l’éternité contre de l’éther niqué, est-ce qu’on aurait pu voir la différence, honnêtement ?!…
Durant plusieurs éclipses, lorsque la lune épousa le soleil, qu’un brin de ténèbres embrasèrent la lumière, je regardais le gouffre cauchemardesque. Je dévisageais le néant, ce vide sidéral et effrayant. Je regardais le tourbillon d’âmes tournoyer et danser dans la tourmente et l’agonie.
J’entendais leurs voix hurler la douleur à l’extrême, leurs corps se carboniser dans ce requiem du blasphème. Je restais quasiment figé, presque « charmé » par tant de chaos et d’excès, le sombre visage apparu dans les nuages rouges sang, il vocifère ses quelques vers.
Il aimerait bien que je ressente toute la froideur de la peur. Je m’entête à fixer le sidéral vide du gouffre, tel une insolence, tel une défiance, ignorant la lourdeur des conséquences.
Durant plusieurs apocalypses je n’ai cessé de plonger vindicatif dans une virulence vertigineuse, complètement inconséquent, j’ai plongé, j’ai sauté volontairement dans un bal de souffrance qu’est l’estomac du gouffre. Je désirais brûler avec les condamnés. J’affirmais mériter le bûcher des âmes blâmées. J’affirmais avant même d’avoir la réponse de Dieu, je prétextais que j’avais déjà les réponses. J’affirmais être châtié, je hurlais être damné.
Alors j’ai plongé pendant vingt apocalypses, durant dix-neuf éclipses je suis resté borné et j’ai déployé mes ailes, enflammant la chandelle dans mes yeux et j’ai sauté vertigineusement dans le vide pour aller valser avec des âmes abîmées.
Convaincu par la haine envers moi-même, persuadé de mériter la haine du Ciel, prétextant que c’est la volonté d’elles alors que ce sont les fadaises d’HELL.
Tourterelles valsant avec maquerelles, jouvencelles épouses du virtuel.
Les ânes courent eux aussi.
Pendant vingt éclipses, durant vingt apocalypses, j’ai cramé, j’ai craché sur moi-même. J’ai dansé contorsionné avec l’horreur et l’excès, j’ai invité l’hérésie à suivre mes pas dansés.
Je me suis noyé dans de l’immondice, j’ai nagé dans un ramassis de crachats malfaisants m’apprenant mille fois plus à me punir ainsi qu’à me haïr. Alors j’inhale, j’inhale encore plus de violence, j’inhale la virulence, j’inhale la fureur incendiaire, j’inhale la vengeance. Je ne regarde que cette sentence passée puisque je ne me perçois qu’uniquement comme la potence.
J’observe en retrait, au milieu des tombeaux et des crucifix calcinés, j’entends les hurlements et les châtiments infernaux par-delà la valse des flammes, la chorégraphie des braises et du souffre. Le parfum d’urine traque immanquablement mes narines.
À l’usure elles en sont aguerries.
Même si désormais les institutions sont devenues prostitution, même si l’éternité a une saveur amère, l’immortalité ne s’essouffle pas, alors pourquoi ne pas voir la pâquerette au creux du purin ?! Il y’a déjà tellement trop de maquerelles préoccupées à saigner leurs victimes pour après leur facturer le crime. Les courtisanes n’arrêtent pas de courir après les ânes.
Passer vint éclipses à se jeter dans vingt apocalypses, s’oublier plutôt qu’avancer. C’est bête.