L’ÈRE DE RIEN
28 nov 2022 par vincent
De glace mon âme s’encrasse. J’ai désormais un visage de chaos. Après avoir été un ange tendre, je nage dans la violence, j’ai dégueulassé mes belles ailes. A la gloire d’elles.
J’erre, je vagabonde dans chaque recoin du Tartare, emprisonné dans ma tête. J’entends et je succombe à mes psychoses. La folie est une explication bien plus rassurante pour justifier mes colères. Lorsque je déambule au sein de l’infernal, je deviens la p’tite pucelle dévergondée si imbécile, s’offrant à une assemblée de monstres vicelards. Fureur de Freud Führer.
Je fais référence à nos plus grandes frayeurs, celles qui musèlent nos peurs, celles qui figent nos sueurs froides, celles qui pétrifient nos âmes. Celles qui nous font reculer lorsqu’il faudrait s’affranchir et franchir la ligne interdite, ligne malsaine.
Transgression d’un prémédité machiavel. Face à face avec le diable, oserais-je le toiser, oserais-je le regarder droit dans les yeux ? Serais-je assez lucide pour courber l’échine ? Serais-je assez lucide pour m’incliner devant ce grand orfèvre de stratagèmes ultimes ?…
Telle une effrontée libertine, je les laisse faire, je laisse ces Führer, je laisse l’horreur déshabiller mon âme. L’excès parfume mes narines, la violence pénètre mon être, le mal me taille une pipe. Les horreurs sont à l’honneur.
Notre ciel rougit par cette vague de sang, il rugit d’air de braises, jonché par divers excès.
Je vois tant d’anges répondre à l’invitation, séduction par la perversion, abominations en équations. Eux-mêmes ces piètres angelots, ils croient que c’est une forme de perfection, ils y voient même l’amélioration qui s’y pratique de bon sens, telle une bonne religion.
Pure duperie dans l’air, l’ère de rien convaincue, la raison mise à nue, accusée par la déraison.
Je tourne en rond, au sein de ma déraison je ressasse et je vocifère en rond. J’ai l’aisance de justifier, d’excuser chacune de mes crises lorsque je vocifère envers Dieu, mille torts et mille travers. J’ai bloqué sur le responsable idéal, IL m’a créé, IL m’a façonné puis IL m’a jeté pour mieux m’abandonner. Ainsi en est le mantra qui y aveugla toute ma foi.
Il m’a condamné, il m’a blâmé, tout comme la plupart des anges désenchantés de la nuit.
Je suis un enfant isolé, terrifié, je suis un gamin paumé, égaré et dupé, hagard.
Je trouve mon ivresse des plaisirs à travers une plaidoirie accusatrice. J’ai l’attaque obsessionnelle. J’invective à l’encontre des éternités passées. Je n’ai jamais su tirer un trait, je n’ai jamais cédé. Je n’ai jamais cherché à accepter d’avancer.
C’est plus simple d’aboyer, de rechigner et d’aboyer encore et encore plus fort, sans explication. Pleurer et recracher tout ce mal qui infeste mes veines, pleurnicher un chaos dépressif, lequel infecte mon propre alphabet.
Pendant que j’enrage, seul et vindicatif, enfermé dans le Tartare dans ma tête, le gang-bang crasseux et virulent s’affaire sur mon auréole embarrassée.
Les monstres jouissent, au fil de ce viol au vitriol, plus ils éjaculent et plus je dépéris.
Là-haut j’entraperçois l’extase des ânes avec de ravissantes courtisanes.
Ces délicieuses rebouteuses pour mon être parfois si vulnérable, si souvent rongé par les horreurs à l’honneur. Des douces guérisseuses qui monnayent chaque grâce curative.
De belles jouvencelles s’offrant aux plus offrants.
De tendres attrayantes non-pucelles aux charmes renversants de l’innocence, mais de l’innocence qui en sera souillée, dévastée par des rustres analphabètes. De douces tourterelles aptes à éteindre les violents incendies brûlant ma raison, cramant toutes mes passions.
« Pucelles, non pucelles d’ébats équestres, non, des pucelles d’aimer », malheureusement.
La grisaille se prélasse, elle accouche sa couche nuptiale, elle caresse les auréoles fracassées et fricassées des anges déchus. Le désir « charn’elle » est langoureux, il terrasse la rigueur de mes ailes. Mes sens marchent à contre-sens. L’éclipse est une alternative au solstice.
L’enfer rêve d’elles. Elles dansant avec grâce et quintessence au cœur d’un paradis.
Pourtant l’Éden aspire à devenir le maître incontestable et incontesté des enfers.
Les vils imbéciles forment un petit club VIP d’ignares, tous se proclamant élitistes.
Ils s’égayent à se détruire mais d’abord à nous détruire, ils s’enjaillent à persécuter du ‘damné’ en guise de distraction populiste, du ‘damné’ en veux-tu en voilà, crucifiés sur l’autel machiavel des tribunaux, tenus par des bestiaux de l’audimat. Martyr de mes désirs, « charn’elles » soupirs, j’y embrasse ma démence, celle-ci y enlace ma fureur.
Ancré dans l’idée que Dieu m’a abandonné, lâché comme un steak frais en plein désert brûlé.
Je ne parviens pas à lâcher prise. Peur du néant, je cherche à tout contrôler obsessionnellement, plutôt que de m’émanciper. Je n’ai d’aisance qu’à aboyer.
Castré, incarcéré et immolé. Isolé, déchu reclus et tourmenté. Je kiffe d’aboyer et mordiller.
Je passe des siècles à stagner, depuis le Tartare dans ma tête je fixe les champs de croix oubliées s’embrasant de plus belle. Je préfère aboyer au lieu d’avancer, de m’émanciper.
La noirceur en symbiose avec l’horreur me baise sauvagement. La folie me dévore férocement. J’entends l’inquisiteur me vociférer, « tu n’es rien, Dieu te méprise » me hurle-t-il violemment.
J’ai l’adrénaline de l’hérésie, j’ai la rage de blasphémer. J’ai l’ivresse du drame.
Les pulsions brûlent mes doigts, elles martèlent savamment sur les portes verrouillées de l’emmurement de ce Tartare dans ma tête. Mon dragon interne exige de se dégourdir.
Telle la gourmande nymphomane de dix-huit balais, j’ai l’effronterie de toiser mes agresseurs partouzeurs. Je fais la petite maline au sein de l’orgie, croyant que je suis aux commandes alors qu’en vrai je suis la catin soumise, sous-mises des rustres mal-baiseurs, et mal baisés.
Il n’est pas facile de l’expliquer, percevoir l’inceste, le viol d’une innocence, alors qu’on est un masculin et qu’on est désireux de faire l’amour aux femelles.
Intrigantes jouvencelles, féministes plus que féminines. Je vois toutes ces nymphes, nymphos 2.0 se plaire et se complaire devant leurs miroirs narcissiques. Je les vois prendre mille poses et surenchérir le cri discret d’un émoi sexuel, verbal anal, bal vaginal devant leurs miroirs.
Il faut bien faire bander les acheteurs, il faut bien faire triquer les payeurs, là-haut. Fossoyeurs fourvoyeurs, pourvoyeurs des peurs, enculeurs sans honneur. Là-haut…
Je scrute les croix incendiées dans un champ brûlant de prières calcinées. J’aboie. Castré, effaré et effrayé, frustré du premier au dernier degré. J’aboie.
Prisonnier, emmuré par ce psychotique labyrinthe, ce Tartare que j’ai façonné dans ma tête.
Charognard des revanchards, salopard dans mon Tartare.
Acrobate névralgique, il me faut immanquablement un bouc émissaire idéal, émissaire responsable, coupable viscéral. Un attrape-fou bouffonesque incarnant chacun des emblèmes de mes blasphèmes. Il me faut absolument dégourdir ce dragon rugissant de vengeance.
Celui-là même qui me martèle et qui défonce le scellé secret en mes entrailles. Rugir, rugir…
Je prends du plaisir à bouillir et à bondir envers ces pervers prêcheurs.
Suppôts notoires qui nous sodomisent à coup de suppositoires sanitaires. Inlassablement ils me ressassent « con-fesses-toi à chaque messe, fais pénitence et respire nos flatulences. Tu es une offense, tu finiras sur l’audiovisuelle potence, tu es l’insolence, tu subiras la sentence ».
Virtuose dans ma névrose, je ne cesse d’y écrire la prose décrivant cette nécrose jadis.
L’Inferno c’est une fête foraine annexée à l’Éden.
Cet abattoir qui sert de foire distrait les irrévérencieux qui pique-niquent le désir des cerises dans le somptueux des Cieux. Alors que je pense maîtriser mes enfers c’est l’enfer qui me maîtrise. Il me possède, il m’enivre, il me fait croire qu’il me délivre de toutes convenances.
Le Tartare hait dans ma tête, il est dans ma caboche. Le Tartare revêt avec habilité la « possexion » de ma déraison. Je me laisse bouffer et je me laisse baiser viscéralement par les monstres. Non pas mes frères de misères, non. J’évoque là de véritables croquemitaines, ceux vêtus d’un costume trois pièces, ceux-là qui ont un sourire d’ange-heureux.
Sous l’effroi du beffroi, l’horrifique glas de l’église mettant au pas la prêtrise.
La résonnance glacée du clocher est chant exang.
Cette consonance mélomane qui frappe la fonte séculaire, appelant à prier la messe suicidaire.
Elle dissimule ces hurlements de pervers sadopornographiques, prédateurs invisibles, ecclésiastes imbéciles, tous futiles, s’excitant tous violemment comme des chiens sur la dépouille délaissée de mon mantra. Auréole fanée, auréole éteinte.
Je les entends, elles jouissent. Mes yeux en feu parviennent à les voir rougir de plaisir.
Toutes mes jolies cerises de l’Éden. J’entends leur orgasme tarifé, délicatement soufflé à chaque versement validé par mes ravissantes orchidées. « Pucelles d’aimer ».
Je respire le somptueux parfum langoureux de cette luxueuse luxure féminine venant d’Éden.
Immédiatement je m’enflamme, je me crame sur ce bûcher infernal.
Je me laisse consumer, m’oxyder volontairement sur cette psychosomatique potence.
Elle qui trame cet infernal Tartare dans ma tête.
L’épouvantable vitriol vaginal argumente la perte de confiance en moi.
Je vois une lignée de pendus, sacrifiés schizophréniques, arborant des cicatrices criantes de lacérations. Les pendus rient, ils s’agitent dans tous les sens.
Mais les pendus vocifèrent.
Ils me hurlent tous en cœurs et en cadence, démence positionnée, souffrance de bal hexagonal « oublie la cerise promptement. Soumets-toi, avale de l’arc-en-ciel dénaturé. Les sodomites ont souveraineté, incline ta croupe. Tu n’as aucune alternative, tu n’as guère d’issue, tu n’auras pas de droit, tu n’auras pas de choix. Pour toi les orchidées sont hérésies. Les cerises n’appartiennent qu’au prieuré de l’église, les cerises n’appartiennent qu’à leur prêtrises bêtises ». Les pendus suspendus dévisagent les anges déchus.
Des anges si mal perçus, des anges bien déçus.
Les pendus nous rabâchent en cadence l’allégeance à leurs déchéances, bien qu’ils aient des difficultés à maintenir la maintenance de leurs mâchoires en place, ces derniers nous hurlent « mange la verge, mange de la verge ! Les fruits sont interdits ! L’argent est de l’art gent ».
Les vociférations négationnistes anti-hétérosexuelles m’agressent, à l’extrême.
Les pendus aboient vindicativement, toujours plus appliqués, plus disciplinés qu’un régiment de robots en marche. Même certains qui perdent leurs mâchoires, celles-ci tombant à terre, nécrosant le désert, souillant les poussières.
Même sans l’ensemble de leurs mandibules, lâchées des lâches, les pendus ordonnèrent de plus belle la sous-mission, position fœtus et ouverture à la dénature.
Cendres exécutées au fil d’hivers, excès et faits divers. De douces orchidées, les tendres cerises que l’existence m’a arraché à la gloire d’un Ciel torrentiel.
La haine est à surprendre dans l’arène, la reine est à pendre à la fête faux-reine.
L’inconscience propose un sens, un remède face aux contredanses. Une purge par l’irrévérence. Insolences de solstices, frissons de l’éclipse, délices de l’apocalypse.
Traversée de mille déserts, gifles des cent pervers, l’ère du vulgaire invective les poussières.
Un énorme merci à Mr Martial Bessou et Mlle Trgmary pour deux jeux de mots que j’ai inclus dans ce texte et qui aident à embellir ma prose. Merci à eux deux.